Du développement personnel à la chevalerie initiatique
Publié le 9 Mai 2018
SOURCES, pour une vie reliée
N° 41 - janvier février mars 2018
Par Dominique Thommen.
Licencié en communication, Dominique Thommen a travaillé dans le domaine de l’organisation d’événements avant de créer l’association TETRA en Belgique. Il suit la voie initiatique de l’Académie Aurore depuis 2009. Il vit dans le petit « village d’alternatives » d’Eourres (05), y cultivant son jardin et son âme.
Durant une vingtaine d’années, mon épouse et moi avons été responsables d’une association fondée en Belgique à l’initiative de Jean Yves Leloup, dans le domaine du développement transpersonnel. Celle-ci avait pour objectif de « favoriser un cheminement personnel vers l’élargissement de la conscience et l’ouverture du cœur ».
Nous avons eu la chance de rencontrer pendant cette période de passionnants intervenant et des centaines de personnes en quête de sens. Force fut néanmoins de constater que les nombreux stages, ateliers et conférences proposés étaient peu opératifs, en ce sens qu’ils n’amenaient que rarement à une transformation ontologique. Sans vouloir généraliser, certaines personnes consommaient littéralement les stages, allant – au gré de leurs aspirations du moment – du néo-chamanisme au tantrisme en passant par la mindfulness. D'aucun se satisfaisaient d’une grande conférence par an, en guise de piqûre de rappel.
…/…
Une étape nécessaire, pas suffisante
Il serait absurde de dénigrer les bienfaits de l’introspection psychologique et du travail sur soi que proposent les instituts et enseignants en développement personnel. Il s’agit bien souvent d’une étape nécessaire sur le chemin de la connaissance et de la transformation de soi, mais elle n’est en aucun cas suffisante. En effet, le développement personnel vise avant tout au « mieux être » et à l’épanouissement de la personne. La personna fait référence au masque de la personnalité. Or, loin d’ôter les voiles qui recouvrent l’être essentiel, les techniques et pratiques du développement ont une fâcheuse tendance à renforcer le « petit » moi.
…/…
Dans notre monde matérialiste, les manipulateurs et les imposteurs sont légion. En matière de spiritualité, ils peuvent s’avérer redoutables, voire dangereux, jouant sur le registre de la séduction et du pouvoir. Les dérives sont ainsi fréquentes, les principales étant la récupération et l’instrumentalisation par le consumérisme.
Une spiritualité à la carte
L’offre de stage et d’outils de développement est de plus en plus conséquente et diversifiée. De nouvelles méthodes voient régulièrement le jour et il n’est pas aisé de s’orienter dans ce labyrinthe. On a dès lors tendance à élaborer sa propre recette, en piochant dans l’hypermarché du « mieux être », mélangeant sans discernement des pratiques issues de la psychologie, des thérapies, des religions et des dernières découvertes scientifiques. On multiplie l’expérience « pour l’expérience », sans les intégrer. On avance sur une voie, on hésite, on recule devant la difficulté. Et finalement on ne choisit dans le menu que ce qui nous convient et ne nous bouscule pas trop, façonnant sa voie spirituelle on demand et low cost.
…/…
Un corpus global
La différence essentielle entre le développement personnel et une voie initiatique est à mon avis l’opérativité. J’entends par là que le cherchant s’engage de tout son être, au quotidien, dans un chemin de transformation radicale.
…/…
De l’importance de la transmission
Dans toute lignée traditionnelle, il y a transmission, de maître à disciple, d’un contenu à un contenant, une forme. Pour que la transmission puisse avoir lieu efficacement, le contenant doit être vide, propre et solide. Ce travail de déconditionnement passe par l’ascèse, qui exige engagement, patience, confiance et ferveur, qualités éminemment chevaleresques. Le rôle du maître est de baliser le chemin, dans une relation d’amitié joyeuse mais non complaisante. Le maître sait où en est son élève, le confronte et l’encourage à faire un pas de plus, même quand c’es difficile.
…/…
Etre chevalier au XXIème siècle ?
Il peut paraître anachronique et prétentieux de suivre une voie chevaleresque dans un monde totalement désenchanté. Notre siècle du « tout-en-un-clic », contre-initiatique, annihile toute velléité de verticalisation. Les marchands du temple ont su nous distraire de l’essentiel, capitaliser sur notre narcissisme et profiter de notre addiction à l’immédiateté. Devant cette récupération de l’aspiration spirituelle, il nous a semblé être de notre devoir de résister, en cultivant les vertus chevaleresques.
…/…
On sait généralement que le chevalier est « au service de la veuve et de l’orphelin ». Mais sait-on que ces personnages représentent en réalité l’âme et l’esprit ? « Dis-moi qui tu sers et je te dirai qui tu es » dit le proverbe. A nous de décider au service de quel Roi et de quelle Dame, de quels personnages archétypaux on est disposé à se mettre….
Présenté par Catherine Poulain Bourdichon
pour aller plus loin : http://asso-lesa.com/lassociation/lequipe/