VAVILOV, Voyage au temple des semences

Publié le 4 Avril 2018

KAISEN     

 N °37 - Mars Avril 2018  

 

D’après un article d’Aude Raux

 

L’institut VAVILOV est la banque de graines la plus complète de la planète. Elle est située à Saint Pétersbourg en Russie. Cet établissement étatique abrite depuis 1984 une collection de semences unique au monde avec 327 000 échantillons de 2 200 espèces de plantes cultivées. Ce grenier de l’humanité a été fondé par un botaniste visionnaire épris de génétique Vavilov.

Actuellement 700 fonctionnaires poursuivent la mission de VAVILOV et digitalisent ses archives.

Nikolay Vavilov

25 novembre 1887 - 26 janvier 1943

 

Nicolaï Vavilov fut l’un des pionniers de la collecte des graines agricoles ; il avait compris, le premier, les dangers liés à l’érosion génétique. Il était convaincu que la biodiversité agricole est la pierre angulaire d’une meilleure sécurité alimentaire.

 

 

Comment se passe la collection de semences

Elles subissent des tests pour s’assurer de leur faculté germinative avant d’être stockées, soit à température ambiante soit dans le froid. Les chercheurs analysent également la productivité des plantes cultivées, leur résistance aux maladies et leurs qualités gustatives et nutritionnelles.

Dans la bibliothèque, les étudiants et les scientifiques ont accès à deux millions d’ouvrages techniques et à de fabuleux herbiers. Des botanistes français ont pu y retrouver des semences de légumes locaux oubliés du fait de l’industrialisation de notre agriculture.

 

Le problème de l’érosion génétique

De nombreuses variétés cultivées sont menacées.  En effet depuis le début du vingtième siècle, 75% des légumes, fruits et céréales ont disparu ! Pourquoi ? L’abandon des variétés locales au profit de semences uniformes et rentables a été manifeste.  La privatisation des semences met en péril la sécurité et la souveraineté alimentaires mondiales.

Aujourd’hui on constate que seules 150 à 200 espèces végétales comestibles sont exploitées sur les 250 000 à 300 000 connues et trois d’entre elles (riz, maïs, et blé) produisent environ 60% des calories et des protéines végétales consommées par l’homme. La biodiversité se retrouve diminuée et les ressources génétiques appauvries. De plus les paysans ne peuvent plus s’échanger librement et gratuitement des semences reproductibles.

Pour protéger la biodiversité, de plus en plus de paysans fuient les multinationales semencières et font leurs propres semences. Trois multinationales contrôleront 60% des semences dans le monde si le rachat de Monsanto par Bayer est autorisé. Ces paysans résistent et renouent ainsi avec une pratique ancestrale et sèment l’espoir de voir notre patrimoine agricole revalorisé.

On peut citer une association de paysans bretons Kaol Kozh qui sauve des semences anciennes.

 

Comment en est-on arrivé là ?

La propagande faite dans les années 60 promettait aux paysans de meilleurs rendements grâce à des variétés élites associées à de nombreux intrants chimiques ; les paysans ont donc abandonné les variétés traditionnelles. Actuellement les producteurs sont obligés de racheter chaque année leurs semences qui sont dépendantes des pesticides.

 

Quel avenir ?

Le nouveau règlement européen sur la production biologique de novembre 2017, ouvre des perspectives prometteuses en autorisant la mise sur le marché de dizaines de milliers de variétés paysannes tombées dans l’oubli. Ce règlement permettra également la création et la commercialisation de nouvelles variétés adaptées à l’agriculture biologique.

Il est nécessaire d’éveiller les consciences ; une association Inf’OGM réalise une pertinente veille citoyenne d’information sur les organismes génétiquement modifiés et les semences.

 

Proposé par Christiane Delabre

 

Pour aller plus loin :

www.infogm.org

www.semencespaysannes.org

Extrait de la biographie de Nikolay Ivanovich Vavilov à lire sur le site : https://russiapedia.rt.com/prominent-russians/science-and-technology/nikolay-vavilov/Nikolay  

Nikolay Ivanovich Vavilov était l'un des scientifiques les plus remarquables du XXe siècle. Il était biologiste, généticien, géographe, agronome et sélectionneur de plantes. Vavilov rêvait de mettre fin à la famine et à la famine dans le monde, et son plan était d'utiliser la science émergente de la génétique pour élever de super plantes qui pourraient pousser n'importe où, dans n'importe quel climat ; dans les déserts sableux et la toundra glaciale, dans la sécheresse et les inondations. Il a appelé cela une «mission pour toute l'humanité». Vavilov est reconnu comme le géographe végétal le plus important de l'époque contemporaine. Le scientifique a formulé des postulats très importants en génétique, a écrit plus de dix livres, et a réalisé la tâche gigantesque d'organiser un système d'institutions agricoles en URSS.  

 

 

Rédigé par UCY

Publié dans #Environnement-écologie

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