Expérience de yoga dans l’eau avec Loredana Hamoniaux
Publié le 6 Novembre 2011
Lorédana Hamoniaux, nous a quittés le 20 juin 2011.
Enseignante de yoga, formatrice à l’école d’Aix en Provence de la FNEY,
Elle avait donné un stage à l’UCY en 2003.
Edith Lombardi qui est devenue son amie après plusieurs stage de yoga dans l’eau nous parle de son expérience avec elle.
Lorédana Hamoniaux occupe une place unique dans le monde du yoga. Après s’être formée en Inde, à l’école de Lonavla, elle a développé peu à peu un yoga se pratiquant dans l’eau, constituant ainsi une voie nouvelle, marquée d’une grande rigueur.
Lorédana est née aux bords de la méditerranée, enfant, c’est sur ses rives qu’elle a joué, imitant les poissons. Jeune adulte, elle a découvert le yoga. Avec le yoga dans l’eau, elle a réuni deux de ses plus grands amours en un seul courant.
C’est ainsi que je l’ai connue. Me sentant plutôt craintive dans l’eau, j’ai pensé que faire du yoga en piscine d’eau de mer pouvait m’aider.
A Barcarès, au centre de thalassothérapie, fin octobre, au plein milieu de l’automne, j’ai partagé cette belle expérience de faire du yoga en piscine chaude, sous la conduite d’une professeur bienveillante et rigoureuse.
Les débuts ne furent pas aisés. L’eau nous porte sans nous tenir, elle gicle, elle remue, elle se balance et soudain vient couvrir notre visage d’un grand voile salé. Sa transparence est incertaine, elle vire au bleu, au noir, les premiers rayons du matin lui donnent l’opalescence d’une grande vasque de thé vert clair. Me voici bien maladroite. Me coucher sur cette eau, m’étirer, me replier, me retourner sans plongeons ni saccades me demandera du temps.
Quelles postures pouvons-nous faire dans l’eau ?
Toutes, je pense, mais les premières que Lorédana nous fait goûter, ce sont celles du fœtus, que nous avons connues dans la matrice maternelle, nous reliant ainsi à notre immersion aquatique initiale. En deuxième étape, nous expérimentons les mouvements des êtres sans pattes, flottant et avançant par des ondulations de notre axe vertébral. Nage du petit chien, cobra, tortue, nos cousins animaux nous enseignent l’eau eux aussi… Puis viennent les postures classiques des bipèdes, telles celles de l’arbre, un peu flottantes, et Shiva dansant… les torsions à leur tour se déplient en finesse.
Une fois que j’eus compris, éprouvé (mis à l’épreuve) que l’eau me portait bien, j’ai pu jouer de sa continuelle mouvance. Après la peur, la gaîté ! Nous étions plusieurs à avoir bien envie de faire les fous, Lorédana nous ramenait au calme et au silence. La pratique qu’elle nous proposait avait une tenue méditative.
Son livre : Le yoga, le bébé et la tortue, une introduction au yoga dans l’eau, mérite de faire partie de la bibliothèque de tous ceux qui pratiquent le yoga. Il est illustré d’exemples parlants. La réflexion de Lorédana, qui s’appuie sur des connaissances contemporaines, nous conduit avec précision.
Le yoga, la mer, son mari Michel, sa maman très âgée et ses amis constituaient son bassin de vie. Elle a vécu chacun de ses engagements avec amour et dans le plus grand sérieux. J’ai envie de parler d’elle comme d’une grande dame, mais le mot l’aurait fait sourire, car elle était modeste, et tranquille dans cette modestie.
Il n’était pas possible de la connaître sans l’aimer.
Edith Lombardi.
Lorédana a vécu. A-t-elle été prévenue ? Peut-être. Pour ses amis proches ou plus lointains, la surprise est grande, la vague qui l’a emportée fut violente, totale. Une encéphalite foudroyante, due aux prions de la vache folle. Paradoxe d’autant plus déroutant que Lorédana était pratiquement végétarienne. Mais nous savons aussi que la viande infectée n’est pas la seule voie de contamination. Sa très grande fatigue, les mois précédant son décès, symptôme fréquent de cette maladie, l’a-t-elle mise en garde ? En tout cas, elle a eu le temps de terminer un livre en cours, où elle témoigne du chemin qu’a pris son deuil, suite à la mort de Michel, son mari. La publication de ce livre est en réflexion.