B.K.S. Iyengar, Un yogi chercheur
Publié le 26 Novembre 2014
Le Journal du Yoga
N° 145 – Octobre 2014
Tout a commencé avec un livre de Frederick Leboyer, « cette lumière d'où vient l’enfant ». Quand Monica Bertauld, fondatrice et directrice du centre de yoga Iyengar de Chatou, tombe sur les photos du maître, enseignant à sa fille la pratique de la femme enceinte, elle voit immédiatement sa rigueur, sa précision, sa passion.
« C’est ce yogi là que je veux rencontrer, c’est lui qui va me guider », se dit-elle.
« Beaucoup de clichés et de préjugés circulent alors sur le yoga de la part de gens qui ne connaissent pas cette méthode de l’intérieur et sur Iyengar que l’on pense rigide, austère. Pour moi, plus que le mot rigueur, c’est le mot ferveur qui s’applique. C’est une question de passion, de foi, d’enthousiasme que l’on est prêt à mettre au service d’une pratique qui va opérer une révolution dans le corps et ainsi, permettre une évolution. »
Après avoir suivi pendant sept ans l’enseignement de sa mère dans la lignée de Nil Hahoutoff et une formation à l’EFY de la rue Aubriot à Paris, Monica embrasse la voie Iyengar :
« ce n’est pas un yoga conceptuel », pour elle Iyengar est avant tout un yogi chercheur : « ce qui fait la profondeur de son enseignement, c’est que lui-même a manqué de pédagogie et de techniques et il a voulu que cet art puisse être transmis à tous, pas seulement à une élite. Il a développé son propre style introduisant le concept de groupes et celui des femmes pendant la grossesse. »
Selon le maître, le yoga est à la fois art, science et philosophie : « Art parce que l’artiste cherche constamment à donner le meilleur de lui-même, Science parce qu’il se prête à la connaissance à travers l’expérience dans le corps, Philosophie parce qu’elle avait sa place sur le tapis.
La magie est qu’il intégrait les Yoga Sutras sur le tapis : Non violente sa pratique trouvait l’équilibre entre intensité et lâcher prise dans l’action, des limites, des peurs, du manque de confiance en soi. C’est satya : être honnête avec soi-même. Lui-même était un artiste, un scientifique et un philosophe, sa seule présence imposait la profondeur de son œuvre. A côté de lui, il devenait impossible de parler de banalité. »
Quand en 1966, Monica pense devoir arrêter d’enseigner à cause de son mal de dos après trois grossesses, il la prend à ses côtés pendant un mois tous les matins pendant 3 heures pour la "réparer" : « il fallait cette main de maitre, ferme et exigeante, pour arriver à un entendement cellulaire d’une autre dimension. »
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En tant que femme, Monica Bertauld voulait transmettre une philosophie et un art de vivre. Le yoga l’a aidée à trouver sa place, celle qu’elle cherchait intensément. La philosophie du yoga lui a offert un axe interne et conscient autour duquel tourner. B.K.S. Iyengar lui a donné quelques clés avec lesquelles elle ouvre des portes.
UNE LIGNEE DE YOGINIS
« Dans la période védique, les femmes étaient tenues en haute estime. Elles avaient les mêmes droits et les mêmes possibilités que les hommes. Manusmrti les décrits comme des déesses :
« Où les femmes sont respectées, là demeurent les dieux.
Où il leur est manqué d’égard, tout est peine perdue ».
Dans la période védique, il y eut aussi des exemples de femmes soumises à la cérémonie du cordon sacré ; elles étudiaient les Vedas dans le Gurukula et étaient initiées à divers arts tels que la lutte, le tir à l’arc, le Yoga, la musique et le théâtre. Peu à peu, la position de la femme devint inférieure et sa liberté fut réduite au minimum, même si elle était considérée en tant que mère et avait des responsabilités à assumer dans la société. Elle était regardée comme étant le sexe faible et par conséquent n’avait aucun statut social. Elle perdit les privilèges dont elle avait joui aux temps védiques. Le Gurukula et la cérémonie du cordon lui furent refusés. Elle resta loin en arrière en matière d’éducation. Les portes conduisant à l’étude de la philosophie, des sciences, des arts, et du Yoga lui furent fermées, avec le résultat que sa situation se détériora encore davantage. »
Extrait de « Yoga joyau de la femme", Gita S. Iyengar, Buchet/Castel, 1990.
Quelques aspects de son enseignement :
- Le corps comme mandala de la conscience : « Le corps est mon temple, les asanas sont mes prières. Chaque asana vous enseigne l’art du silence. Chaque asana est libre. Diffuser cette liberté partout. »
- Le verbe précéde la parole : « Pourquoi chanter OM. Om est dans notre propre corps ».
- Les différentes colorations du mental dans la neutralité : « Passé et futur sont contenus dans chaque posture. Le présent c’est la pose parfaite ».
- Le corps-mental comme expression du souffle : « lorsque vous inspirez, c’est le seigneur qui pénètre en vous, lorsque vous expirez, vous vous abandonnez à lui ».
Citations Christian Pisano
- « La contraction apporte la tension des nerfs ; la détente apporte la liberté »
- « Si les articulations sont dures, c’est qu’il y a un embouteillage dans le corps, il devrait y avoir liberté d’action »
- « Quand vous forcez, l’esprit n’est pas en équilibre »
- « La direction du travail : un étirement constant de la colonne vertébrale dans quelque posture qu’on soit »
- « L’extension apporte la liberté »
- « Le corps tout entier doit agir : pour étirer une partie, vous devez étirer le tout ».
Citations Noëlle Perez
FORMATION D'ENSEIGNANT A LA METHODE iYENGAR :
Monica Bertauld - Formation professeur Iyengar de Chatou : http://www.yogatma.net
Noëlle Perez – ISA Institut Supérieur d’Aplomb : http://isaplomb.org/
Christian Pisano – Formation d’enseignants Iyengar de Nice : http://www.anuttara.com
Disponible à la Bibliothèque UCY :
Frederick LEBOYER : « cette lumière d'où vient l’enfant »
IYENGAR BKS : "Yoga Dipika Lumière sur le yoga"
MEHTA Shyam : "Le yoga selon Iyengar"
Proposé par Dominique Bart