«L'impermanence»

Publié le 30 Octobre 2019

 Le journal du yoga

  1.  N° 205 – mai 2019

 

Chronique santé, Dr Lionel Coudron

 

Vous êtes installé dans une posture de yoga, parfaitement posé et vous comprenez tout le sens du mot asana qui signifie étymologiquement axe, assise, par le fait que vous vous sentez stable, immobile et bien ancré.

Pourtant, en portant votre attention sur le souffle et les sensations qui vous parviennent depuis votre corps, vous percevez rapidement que tout n’est que mouvement.

 

Rien n’est en définitive pareil à l’instant d’avant. C’est le souffle qui anime votre corps de ce mouvement et de ce ressenti.

Le mot prâna illustre d’ailleurs très bien cette notion. En effet, il est composé de la racine « PR » que vous retrouvez dans les mots « pr-emier » ou « pr-écède » qui veut dire ce qui est avant, ce qui est à l’origine. Et « ANA » qui a la même racine que « animer », ou « animal » ce qui veut dire mouvement.

Prana veut donc dire ce qui est à l’origine du mouvement. Lorsque vous avez un peu l’habitude de la pratique, vous prenez rapidement conscience que tout est mouvement et par conséquent que rien n’est vraiment immobile.

 

Ce n’est que l’apparence des choses qui nous le faire croire ; la réalité est tout autre. C’est ce à quoi nous avons tous été confrontés brutalement le 15 avril dernier, lorsque nous avons pu voir les images de la Cathédrale Notre Dame de Paris qui brûlait, cette majestueuse bâtisse qui, dans notre imaginaire collectif, est la stabilité et le repère ultime. Nous avions tous le sentiment indicible qu’elle était indestructible, nous donnant le sentiment qu’il existait à l’échelle humaine une éternité.

Et là, nous prenions soudainement conscience que même le plus stable, le plus solide des symboles était fragile et pouvait être détruit. Incrédules, nous subissions cette situation. Heureusement, elle a pu en réchapper pour la plus grande partie.

Mais nous avions compris qu’elle pouvait disparaître, qu’elle était fragile et que la vie ne tient qu’à un fil. Qu’il n’y a rien qui soit éternel. Tout est mouvement et tout peut basculer. Et il nous faut vivre avec cette idée.

Bien sûr, nous le savons, nous ne sommes que de passage, mais des événements comme celui-ci nous le rappellent à l’échelle de l’humanité tout entière dans le même instant de communion, tous ensembles touchés par cette impermanence des choses et de la vie.

 

Alors, lorsque nous sommes dans notre posture de yoga stable et immobile. Lorsque nous portons notre attention sur le souffle et que nous glissons vers l’état de samyama, c’est-à-dire de concentration attentive et unie, nous pouvons parfois ressentir cette éternité, comme si le temps se suspendait.

Au-delà du temps qui s’écoule, nous goûtons alors l’instant présent qui est le seul moyen de connaître la paix de l’esprit (chitta vritti nirodhah) et nous pouvons, apaisé, nous connecter à ce qui est de plus essentiel en nous. Au-delà de l’impermanence des choses.

 

Ce bain d’éternité nous donne la force et l’énergie pour nourrir la joie, et l’espérance qui sont en nous. Au-delà des difficultés, des déboires, des drames, nous trouverons toujours des solutions pour relever les défis. Nous pouvons apporter des réponses à ce qui peut paraître insoluble : pollution, maladie, misère, détresse. Nous pouvons tomber, nous pouvons mettre un genou à terre, mais, nous nous redressons et nous continuons à avancer.

 

C’est le destin de l’homme et de l’humanité tout entière que d’y répondre. Alors bonne pratique.

 

                                                                Présenté par Catherine Cuney et Martine Oehl

Rédigé par UCY

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