Bhagavad Gîtâ

Publié le 11 Octobre 2018

 

 

Les Carnets du Yoga

n° 369 - septembre 2018

 

 

   par Ananda  Ceballos

 

La Bhagavad Gîtâ ou « Chant du Bienheureux », est la partie centrale du Mahâbhârata, grand poème épique. Ce texte qui n'a cessé d'imprégner la pensée indienne tout au long des siècles sera abordé en trois moments dans les Carnets du Yoga. Ici, nous proposons un regard sur la réception de la première traduction de la Bhagavad Gîtâ en Europe.

 

 

L'apparition de la Bhagavad Gîtâ ou

« Dialogues de Krishna et Arjouna »

à Londres en 1785 fut un événement fondateur dans l'histoire des études sanskrites en Occident.

Publié par la Compagnie des Indes orientales, il fut le premier ouvrage traduit directement du sanskrit en anglais.

Le traducteur, Charles Wilkins (1749-1836) est un orientaliste britannique qui avait été envoyé au Bengale comme employé civil de la Compagnie des Indes.  Il fut « le premier aventurier sur cet océan littéraire… une sorte de Christophe Colomb s'aventurant à explorer des régions inconnues ».

 

Cette démarche fut d'abord d'ordre politique, mais elle eut le mérite de faciliter la diffusion en Europe de textes indiens authentiques qui allaient révéler aux Européens quelques uns des joyaux de la religion, de la philosophie et de la littérature de l'Inde. Wilkins travailla en étroite collaboration avec des experts indiens, des brahmanes, maîtres érudits (pandits).

La publication de la Bhagavad Ghîtâ eut un immense retentissement en Angleterre, en France et en Allemagne. Pour la première fois, l'Europe pouvait lire un texte indien authentique, considéré en plus comme le sommet de la poésie métaphysique et l'essence de l'hindouisme. Première d'une série de traductions d’œuvres anciennes dont l'impact sur les lettres européennes fut spectaculaire…

 

La Bhagavad Gîtâ, VIème livre d'une grande épopée indienne, La Mahâbhârata marque une nouvelle orientation de la spiritualité hindoue vers une dévotion individuelle pour un dieu personnel, Krishna, en prenant ses distances par rapport au ritualisme védique. Selon la Gîtâ, l'action humaine ne s'inscrit vraiment dans l'ordre cosmique (dharma) que si elle est accomplie dans le renoncement de ses propres fruits (sera approfondi dans les prochains Carnets du Yoga.

 

 

Depuis le XIXème siècle, la Gîtâ a été traduite dans plus de soixante quinze langues.

Elle est généralement datée entre le deuxième siècle avant notre ère et le premier siècle de notre ère.

Mais ses enjeux continuent à être l'objet de recherches de la part de spécialistes… Parmi les études du texte les plus récentes et intéressantes, celle de Richard H. Davis* qui retrace l'influence que ce texte eut sur les transcendantalistes et les humanistes américains de Walt Whitman à Emerson et Thoreau.

 

 

Par le biais de sa participation au Parlement des Religions en 1893, Swami Vivekananda eut une influence déterminante sur la réception occidentale contemporaine du texte. Dans le nationalisme indien, où elle fut interprétée par certains – à l'instar de Tilak ou de Sri Aurobindo – comme un appel aux armes pour lutter pour l'indépendance, et par d'autres, comme Gandhi, pour prêcher la résistance non-violente aux colons.

 

La Gîtâ constitue en tout cas un texte d'une valeur inestimable dont la richesse et la plasticité continueront sans doute à alimenter la réflexion de tous ceux qui s'intéressent à l'Inde et à la place de la spiritualité indienne dans l'histoire de la littérature universelle.

 

                                                

                                                          Proposé par Monique Guillin

 

 

Pour aller plus loin :

 

* Richard H. Davis, The Bhagavad Gîtâ : A Biography, Princeton University Press, 2015

 

A la bibliothèque UCY :

La Bhagavad Gîtâ de Chinmayananda Swami

La Bhagavad Gîtâ de Esnoul Anne-Marie et Lacombe Olivier

 

 

Rédigé par UCY

Publié dans #Spiritualité-philosophie

Repost0
Commenter cet article