Heureusement il y a les arbres !
Publié le 15 Décembre 2010
Un grand-père raconte à son petit-fils que rien n’est plus beau qu’un arbre.
- Regarde, regarde les arbres comme ils travaillent.
- Qu’est-ce qu’ils font grand-père ?
- Ils rattachent la terre au ciel. Et cela, c’est très difficile.
Vois-tu , le ciel est si léger qu’il est toujours sur le point de prendre la fuite.
S’il n’y avait pas d’arbre, il nous dirait adieu le ciel. Alors, il ne nous resterait plus qu’à mourir. Mais, heureusement, il y a les arbres…
Regarde ce tronc rugueux, tu vois c’est comme une grosse corde. Il y a même des nœuds dedans. Mais à chaque bout, les fils de la corde se desserrent et s’élargissent pour s’accrocher au ciel et à la terre.
On les appelle des branches en haut et des racines en bas. Mais c’est la même chose.
Les racines cherchent leur chemin dans le sol de la même manière que les branches cherchent leur chemin dans le ciel.
- Mais, grand-père, c’est plus difficile d’entrer dans le sol que dans le ciel !
- Hé non ! mon fils. Si c’était vrai, les branches seraient droites.
Et vois comme elles sont tordues sur le vieux pommier ! Elles doivent aussi chercher leur chemin. Elles poussent. Elles ont parfois bien plus de mal que les racines.
- Et qu’est-ce qui leur donne tout ce mal, grand-père ?
- C’est le vent. Le vent voudrait séparer le ciel et la terre. Les arbres tiennent bon. Mais c’est une sacrée bataille.
Cité par Gabriel Ringlet dans « Un peu de mort sur le visage » (Desclée de Brouwer 1997) d’après Pierre-jakez Hélias, « le Cheval d’orgueil »
Gabriel Ringlet a écrit aussi « ces chers disparus » et « éloges de la fragilité » chez le même éditeur.
Texte recueilli dans la Revue L’Actualité religieuse
N° 169bis – 15 septembre 1998
Présenté par Dominique Bart