L'ART DE LA SIMPLICITE- simplifier sa vie c'est l'enrichir
Publié le 21 Septembre 2009
Nouvelles Clés
par Bobby Lœwenstein
Nous gagnerions tant à vivre dans plus de dépouillement.

Attention, le “grand vide” concerne absolument tous les aspects de l'existence : la garde-robe aussi bien que la bibliothèque, le garde-manger aussi bien que le carnet d'adresses ! Pour cette grande voyageuse - finalement subjuguée par le Japon zen où elle vit depuis vingt cinq ans -, nos vies sont encombrées de toutes les manières possibles : trop d'objets et trop de nourriture, mais aussi trop d'activités, trop de relations, trop de bavardages, trop de pensées...
Quel que soit le domaine l'on regarde, notre espace-temps est rempli comme un cagibis, où il est impossible d'évoluer. Or, ce qui nous encombre n'est presque jamais vitalement indispensable. Toute la force de l'esprit zen est de montrer que l'esthétique naît de la seule utilité vitale. Dans un livre paru en 2005, L'art de la simplicité (Robert Laffont), Dominique Loreau nous entraînait dans son dépouillement - étonnamment sensuel -, passant d'une maison (presque) vide à un corps (presque) austère, et de là à un esprit (complètement) vivant. À la lire, un formidable désir de simplification nous avait envahis, nous aussi. Nous avons tenu à rencontrer cette femme si subtilement provocante.
Nouvelles Clés : Quand on vous lit, l'envie nous prend de vous imiter et de faire le vide de nos armoires, de nos salons, de nos agendas et même de nos têtes ! Comment vous est venu cet attrait pour le dépouillement ? Y a-t-il eu un déclic ou êtes-vous née comme ça ?
Dominique Loreau : J'ai toujours aimé l'ordre, les voyages et les belles choses. Les trois combinés vous obligent à la simplicité. Quand je suis arrivée au Japon, il y a vingt-cinq ans, j'ai voulu devenir antiquaire, tellement j'appréciais leur mobilier. Mais finalement, je me suis aperçu que cela m'encombrait plus qu'autre chose et j'ai commencé à m'en débarrasser. De toutes façons, à part quelques très beaux objets, je n'ai jamais supporté d'avoir des choses inutiles dans ma maison, autour de moi... Je pense donc que c'est dans ma nature. Pour me sentir « chez moi », je n'ai besoin d'aucun objet, mais de calme, de silence, de chaleur en hiver et de fraîcheur en été, et de la possibilité de prendre un bon bain.
N. C. : Cet art de vivre vous vient-il de votre éducation ?
D. L. : Pas spécialement. J'ai cinquante ans et j'ai donc été enfant à une époque où l'on avait beaucoup moins d'objets qu'aujourd'hui. Il n'y avait pas tellement de choses chez mes parents - cela ne nous préoccupait pas. Je n'ai jamais éprouvé le besoin de posséder beaucoup de choses. À 20 ans, j'aimais n'avoir dans ma chambre qu'un lit, un tableau au mur et un fauteuil. Mais je n'y faisais pas spécialement attention. Mon amour pour la grande simplicité m'est venu au Japon, quand j'ai vu les intérieurs zen... et le contraste que cela faisait avec leurs appartements contemporains, croulants sous les objets les plus divers. Et puis, le fait de persister à voyager m'a aidé à me défaire de beaucoup de choses. Bref, tout a concouru à ce que je ne garde avec moi que très peu de choses.
N. C. : Les Japonais d'aujourd'hui sont loin de l'esthétique zen ?
D. L. : Cela dépend... À première vue, oui. Je crois n'avoir jamais vu d'appartements aussi encombrés que ceux des Japonais ! Des accumulations invraisemblables. Il y en a partout, par-dessus les armoires, avec des boites entassées jusqu'au plafond ! Même chez les gens riches. Plus il y a de la place, plus ils en mettent.C'est affolant.
N. C. : La boulimie pourrait être considérée comme un réflexe d'affamé, qui a peur de manquer - comme les écureuils, angoissés et craignant pour l'avenir. Mais les Japonais sont riches...
D. L. : Ils ont été très pauvres jusque récemment dans l'histoire. Après la seconde guerre mondiale, ils ont tout perdu et ont complètement changé de mentalité. Ils se sont mis à travailler, travailler, travailler, pour avoir des biens matériels, pas forcément des objets de valeur.
Dans les pays riches, la société de consommation a ceci d'apparemment généreux, mais en fait de pervers, qu'elle permet aux pauvres d'accumuler une quantité d'objets de basse qualité. C'est comme ça, même en France. Même ceux qui ont le moins d'argent dépensent tout pour accumuler des tas de choses superflues. La plupart des gens ne se rendent pas compte qu'ils gagneraient à vivre dans plus de dépouillement.
Proposé par Dominique BART
pour lire l'article en entier : http://www.cles.com/debats-entretiens/article/l-art-de-la-simplicite
DISPONIBLE A LA BIBLIOTHEQUE DE L'UCY
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