La beauté de la simplicité
Publié le 22 Novembre 2017
Sources, pour une vie reliée
N°39 juillet – août – septembre 2017
Extrait Entretien avec Dominique Loreau – Propos recueillis par Nathalie Calmé

Dominique Loreau s’est imprégnée de l’art de vivre au Japon. Elle mène une existence qui repose aussi bien sur la simplicité matérielle que spirituelle.
Puisant aux sources du bouddhisme zen, du taoïsme et du roman japonais, elle nous propose de simplifier notre vie pour l’enrichir.
Elle s’est fait connaître en 2005 avec son livre : l’Art de la simplicité
Enfant déjà, vous vous contentiez de peu ?
Très jeune, j’avais déjà un instinct pour la simplicité, et au fil du temps, grâce à des livres, j’ai pris conscience que je voulais vivre libre. Certaines lectures ont été très influentes, en particulier celles d’ouvrages sur l’esthétique zen, d’écrivains américains de l’époque hippie ou encore de romans japonais décrivant la vie de personnages vivant léger. Si je n’avais pas vécu ces livres, je pense que je vivrais comme beaucoup de gens, avec une table de salle à manger et six chaises, trois services à vaisselle, etc …
Quel rôle a joué la culture japonaise dans votre choix de la simplicité ?
J’aime l’esprit des Japonais. Ce sont des êtres calmes, discrets, polis, pudiques dans leurs émotions. C’est très reposant. Les Japonais ont vécu de tout temps dans un minimalisme inséparable de la beauté. Les foyers les plus humbles ont toujours été d’une grande propreté. Au siècle dernier, chaque Japonais apprenait l’art de faire des bouquets, de servir un repas avec raffinement, de composer des poèmes. Nous avons tous besoin d’ordre et de beauté. Notre âme a plus besoin de beauté, que notre corps d’air et d’eau.
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En quoi simplifier notre VIE l’enrichit-elle ?
Dans nos sociétés occidentales, nous ne savons plus vivre dans la simplicité, nous avons trop de tentations, de désirs. Nous gaspillons beaucoup. Dès que nous commençons à désencombrer notre maison, nous avons envie de continuer. Une maison dépouillée de superflu est un havre de paix. L’abondance n’apporte ni le bonheur, ni la grâce, ni l’élégance. La simplicité laisse la voie libre à l’essentiel. S’habiller, manger, dormir prennent alors une dimension plus profonde.
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Quels conseils donneriez-vous à ceux qui souhaitent commencer à simplifier leur vie ?
Jetez les gadgets, assurez-vous que tout ce que vous gardez est absolument nécessaire et pratique. On se sent mieux heureux d’utiliser les objets que l’on a vraiment choisis. Il est préférable de choisir nos possessions que de les subir. Pour vivre dans le minimalisme, les choses que l’on possède doivent être belles et fonctionnelles.
Vivre dans la simplicité demande de la maturité. C’est en mettant en pratique petit à petit ce détachement extérieur qu’on arrive à un détachement intérieur.
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Que vous apporte l’art de la simplicité ?
Beaucoup de détachement. Je me sens proche de l’un des idéaux zen qui consiste à porter autour du cou toutes ses possessions contenues dans une boite. Se simplifier la vie n’a pas pour but d’avoir de petites cuillères mais de vivre léger dans son cœur. Cela permet aussi de s’oublier, de ne plus penser qu’à soi. Avec moins de bien matériels, c’est aussi plus de temps à consacrer aux autres.
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Présenté par Christophe Gonzalez