Rudolf Steiner, le père de l’anthroposophie
Publié le 23 Mars 2016
Plantes et santé
Février 2016 N° 165
D'après un article de Arnaud Lerch et Isabelle Saget - Extrait du Dossier "les médecines de la révélation"
Sur les chemins de la connaissance, on rencontre des figures atypiques qui prennent les vérités de leur temps à rebours pour explorer de nouveaux champs du savoir. Dans le domaine des plantes et de la santé, plusieurs francs-tireurs, par leurs révélations divines, leurs intuitions géniales ou leur sensibilité exacerbée nous ont légué non seulement une philosophie, mais aussi des protocoles de soins.
Rares sont les figures qui auront autant marqué la médecine par les plantes. Et pourtant, ces personnages occupent une place très à part dans notre histoire, leur vision du règne végétal mais aussi de l'humain étant pour le moins originale. Ils ont en commun une vision holistique et parfois ésotérique ou mystique des lois de l'univers et de la place que l'homme et la nature y occupent. Parmi eux Sainte Hildegarde de Bingen, Rudolf Steiner , Edward Bach, trois personnages dont on pourrait dire de leur connaissance du végétal qu'elle est pour le moins "inspirée". Chez Hildegarde de Bingen, "chaque semence porte en elle le germe divin". Pour Steiner, la plante est un "corps de vie", une médiatrice entre la terre et le Cosmos, entre règne minéral et animal. Quant à Edward Bach "la qualité vibratoire des fleurs vient répondre à nos déséquilibres psychologiques", car pour lui l'esprit est malade avant le corps !
Rudof Steiner
Penseur autrichien né au milieu du XIXe siècle, Rudolf Steiner est un mystique touche-à-tout qui élabore tout un système philosophique de la personne : l’anthroposophie - du grec anthropos (homme) et sophia (sagesse), elle est définie comme « un chemin de connaissance qui tend à relier le spirituel dans l’être humain au spirituel dans l’univers ».
A la fois science et philosophie ésotérique, incorporant les traditions spirituelles orientales, l’occultisme européen mais aussi la pensée alchimique de Paracelse, la perception anthroposophique du monde trouve sa traduction dans divers domaines de la vie sociale.
Sa vision de la santé découle quant à elle d’une lecture très personnelle et énergétique du corps, dans laquelle les remèdes sont issus des trois règnes de la nature : minéral, végétal et animal. Les plantes y occupent une place centrale dans le rééquilibrage tant physique que psychologique et énergétique de la personne. Le médecin anthroposophique choisira pour cette raison une plante pas uniquement en fonction de ses principes actifs, mais aussi en fonction de son caractère et du lien qu’elle entretient avec son environnement, ce qui influencera la manière dont ces principes agissent.
Cette approche dite sensible, inspirée de Goethe, prend en compte la forme des feuilles des inflorescences ou des fruits, la période de la floraison, le climat et la terre dans laquelle elle s’épanouit. Ces caractéristiques trouveront des correspondances avec le corps humain et les problématiques de santé qu’il peut rencontrer.
Les corps de la médecine anthroposophique
Pour Steiner, inspiré aussi bien des médecines orientales que de Paracelse, médecin suisse du XVIe siècle, l’homme n’est pas seulement composé du corps comme le corps éthérique (sorte d’aura énergétique dont la taille serait fonction des forces vitales des individus), le corps astral/émotionnel (porteur de nos affects, se régénérant la nuit au contact de l’énergie des planètes et des astres) ou bien spirituel. Le corps est également décrit par lui comme trois systèmes qui s’interpénètrent : les systèmes neurosensoriel (cerveau et système nerveux, siège de la pensée), rythmique (cœur et poumons, sièges du sentiment) et métabolique (les membres et la reproduction, sièges de la volonté). Chacun de ces « corps » peut et doit être rééquilibré.
Héritages
Peu de personnes auront marqué leur temps et seront passées à la postérité dans des secteurs aussi divers :
dans le domaine de la pédagogie, avec les fameuses écoles Steiner-Waldorf (près de 900 dans le monde aujourd’hui),
mais également dans l’agriculture avec l’invention de biodynamie, dont il pose les fondements dès 1924.
Côté médecine, en 1921 naît la premère clinique antroposophique, à Arlesheim, en Suisse (autrefois applée la Lukas Klinil), ainsi que les laboratoires Weleda pour fabriquer et distribuer des médicaments antrophosophiques. Aujourd'hui enseignée à l’université (Allemagne, Suisse, Royaume-Uni), cette médecine est exercée dans nombre de cliniques et ses remèdes sont inscrits dans la législation de près d’une dizaine de pays européens.
Pour aller plus loin :
www.apma.fr : Association de patients de médecine anthroposophique (APMA) portail ressource, documentation, livres, annuaire de médecins.
A lire : « l’homme et les plantes médicinales » 3 volumes. Wilhelm Pelikan.
Proposé par Dominique Bart