Quand le Maitre est là….

Publié le 17 Février 2021

Sources, pour une vie reliée

N°50 – Nov, Déc, Janv. 20.21

 

Dossier Maître et disciple, expériences d’une relation transformante

Extrait de l’article de Alain Chevillat

 

Le Maître est là, mais je ne le sais pas.

Je n’ai jamais cherché de Maître et je n’y ai même jamais pensé. C’est lui qui est venu me trouver. J’avais beaucoup cherché, dans les livres, et surtout dans les voyages. J’avais cherché un art de vivre juste, car celui qui m’entourait ne me plaisait pas. C’était petit, c’était pauvre, c’était faux. Il me fallait autre chose.

Rétrospectivement, je vois qu’à ce moment j’étais mûr, bien que paumé, et le Maître l’a vu, et est venu, et venu me chercher. C’est étonnant, car je ne le connaissais pas, je n’avais jamais entendu parler de lui. Mais il a tiré tous les fils, manipulé toutes les situations, jusqu’à ce qu’un jour je me présente devant lui.

C’est inouï, c’est impossible, c’est irrationnel, et pourtant il en a été ainsi. Un jour, j’ai acheté un livre, qui, chaque fois que j’en lisais trois lignes, me mettait en méditation. Cela s’est reproduit trois ou quatre fois, et c’était tellement extraordinaire qu’en reposant le livre, je décidai de partir pour l’Inde. Pour voir cela de mes yeux.

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Après deux heures de route, notre taxi s’arrête devant une grille en fer forgé. « C’est là », me dit-il. Je regardai intensément, et une chose inouïe se produisit. Mon mental s’arrêta, une paix impensable m’envahit. Je restai bouche bée, et une phrase monta dans ma poitrine : « Ca y est, c’est là, j’ai trouvé. » c’était une certitude absolue. Comment était-ce possible ? J’étais encore sur la route. Je n’avais rien vu, je ne connaissais rien ; mais, pourtant, c’était évident : « Ca y est, c’est là. J’ai trouvé. Je reconnaissais ».

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Sans que je n’y comprenne rien, ma vie était en train de changer. « Ca y est, c’est là. J’ai trouvé. ». C’était le grand tournant de ma vie. Et je dois dire que cinquante ans plus tard, cela est toujours vrai, et je n’ai plus jamais cherché, car ce jour-là j’avais trouvé. Je n’étais plus rebelle, j’étais en paix. Un an plus tard, quand j’ai quitté l’ashram pour rentrer en France, « Je n’étais plus de ce monde, j’étais seulement dans ce monde. » Le Maitre avait fait la première partie de son œuvre avec moi. Il m’avait amené près de lui et avait fait que je l’aime plus que tout, et que j’étais prêt à apprendre auprès de lui.

 

Le Maitre est là, et mène le jeu de l’intérieur

Dans un premier temps, j’ai passé 4 mois dans l’ashram, immergé dans la routine quotidienne : méditation, chants, sevas. (services), le Maître était présent, visible à plusieurs moments de la journée, notamment dans les temps de darshan, où on restait assis, immobile et en silence, dans sa présence ; mais on lui parlait très peu, et lui ne nous parlait guère davantage. Qu’y avait-il à dire ? Mais la connexion était très forte, et c’était très vivant à l’intérieur.

Mon initiation eu lieu un matin, pendant la méditation. Elle arriva à un moment où je commençais à avoir des doutes, et elle y répondit. Ce fut éblouissant. « Je » disparut, me fondant dans le tout, en dehors de l’espace et du temps, dans la conscience pure. J’eus la réponse à toutes les questions que je m’étais toujours posées, sur moi, sur la vie, sur le monde. Cet état de grâce disparut peu à peu. Mais j’en suis ressorti un homme nouveau.

M’étant exprimé à mon Maître, la veille sur mes doutes, il venait d’y répondre à distance, en silence, par l’expérience. Ce monde fonctionnait d’une façon si spéciale ! On était bien loin de l’université.

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Le Maître sait tout de nous, même s’il ne nous dit rien,

et le moment venu fait ce qu’il y a à faire pour notre évolution.

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Le Maître est là, et mène le jeu ouvertement

Il vient un moment où le Maître choisit d’agir directement et physiquement sur nous pour nous faire changer. Il y a en nous des habitudes mentales et comportementales nocives très profondément ancrées, et il faut des actions fortes pour les déraciner ; ce sont les épreuves que le Maître place sur notre chemin de façon répétée. J’aurais d’innombrables histoires à raconter à ce sujet.

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de ces histoires on peut retenir l’enseignement très fort pour tous ceux qui ont pu le vivre :

« Tu as droit à l’action mais non pas à ses fruits », c’est la phrase d’or du yoga, et le Maître nous poussait à l’appliquer. Ou comme le disait Swami Vivekananda : « Il faut œuvrer avec un engagement total, dans un détachement total ». Le Maitre nous entraînait à l’engagement et au détachement. Quelle merveilleuse école ! Mais il faut beaucoup d’amour, pour le Maître et pour la voie, pour accepter et ne pas se rebeller.

 

Le Maître est plein de compassion

Le Maître peut se montrer dur et exigeant, mais sa compassion peut se manifester aussi par le soin qu’il prend de ses disciples.

 

Le Maître est là, à l’intérieur

Ma destinée n’était pas de passer ma vie auprès du Maître, et un jour elle me fit comprendre que je devais reprendre une activité professionnelle en France. Ce fut très dur, mais je devais le faire. Je ne pus le faire que parce que je sentais le Maître toujours en moi. Ses photos étaient partout autour de moi, et sa présence vivante constamment dans mon cœur. J’étais vraiment avec elle.

On dit souvent que le Maître « protège », et je l’ai constaté de nombreuses fois.

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Le Maître est là, il n’abandonne pas mais protège ses disciples. Cela fait trente ans que je vis loin de mon Maître, mais il est toujours avec moi, Je le sens au-dedans, je le perçois au dehors ; mais là, il y a un piège : il ne faut pas s’appuyer sur lui, s’imaginer qu’il va résoudre les problèmes. Il faut se donner à fond, déployer toute son énergie, et s’il le veut, il nous aidera.

 

On connait l’histoire du colibri, chère à Pierre Rabhi, mais peu connaissent la deuxième partie de l’histoire.

« Un jour, la forêt prit feu et tous les habitants furent pris de panique. Que faire ? Seul un petit colibri se mit au travail et dans son bec alla chercher une goutte d’eau qu’il lâcha sur la forêt en feu, et il renouvela l’opération plusieurs fois. Un tatou l’observait et finit par lui dire : « Hé, colibri, tu te fatigues pour rien. Tu n’éteindras jamais l’incendie de cette façon. » Le colibri lui répondit ! « Je ne sais pas, mais je fais ma part. »

L’histoire ne s’arrête pas là. Dans le ciel, les dieux observaient les efforts du colibri avec la plus grande compassion ; après quelque temps, l’un d’eux dit : « et si on l’aidait ? » c’était la bonne idée. Et le dieu des éléments, du vent et des orages envoya une grosse pluie sur la forêt en feu et éteignit l’incendie.

La grande question est : « qui a éteint l’incendie ? ». C’est le colibri qui, par sa détermination et son engagement a su attirer la grâce des dieux.

C’est partout ainsi. Il y a nos efforts et il y a la grâce. Etre avec le Maître, c’est être avec la grâce. Et l’homme ne peut rien faire si Dieu ne le veut pas, si le Maître ne le veut pas.

Le Maître est là…

Que ce soit avant qu’on le connaisse, mais après que lui nous ait repéré, que ce soit en sa présence physique à vivre les épreuves qu’il nous envoie, ou les douceurs qu’il nous accorde, que ce soit après que physiquement on l’ait quitté mais qu’on ne l’oublie jamais…

Quand le Maître est là… c’est une autre vie qui donne toujours plus de joie et de conscience, une paix inimaginable, et la vraie liberté.

 

Proposé par Dominique Bart

 

Pour aller plus loin :

Alain Chevillat est l’auteur de « Réconcilier sagesse et société », Ed. Jouvence et « Les semeurs du Vivant », Ed. Terre du Ciel/Sources

www.acielouvert.org

Disponible en prêt à la Bibliothèque de l'UCY (être adhérent) : l'article complet de ce numéro 50 et tous les anciens numéros de la revue Sources, ainsi que le livre « les semeurs du vivant »

 

 

 

Rédigé par UCY

Publié dans #Spiritualité-philosophie

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