Les Upanishad védiques : introduction aux textes

Publié le 24 Février 2021

 

Les Carnets du Yoga

n° 390 - octobre 2020

 

   Article d' Alexandre Astier

Cette présentation ouvre une série d'articles consacrés aux Upanishad védiques : Quelle est leur place dans le Veda ? En quoi ces textes marquent-ils l'apparition de l'intériorité dans le brahmanisme ? Dans quelles mesures les spéculations sur le corps et le souffle dans ces textes préfigurent-elles de préoccupations centrales pour le yoga ? Enfin, comment comprendre les premières mentions du yoga dans ces textes.

 

Les plus anciennes Upanishad sont à l'origine de la plus grande partie des spéculations philosophiques et religieuse de l’hindouisme. Ces textes exaltent la connaissance comme moyen de libération. A partir du XIX° siècle, elles ont aussi beaucoup intéressé certains occidentaux, qui les ont considérés comme des textes fondamentaux de la spiritualité mondiale.

 

Les Upanishad sont des textes poétiques et inspirés : elles ne présentent donc pas une pensée organisée, ni encore moins un système philosophique ; mais elles comportent des interrogations fondamentales qui juxtaposent différents éléments en valorisant l'intuition, le mouvement de la parole, l'échange. Les Upanishad utilisent davantage l'intuition que la logique rationnelle : elles manient volontiers le paradoxe et la fragmentation. Leur lecture est parfois déroutante, mais leur richesse réside justement dans cette façon insolite et poétique de faire avancer la connaissance, et dans un questionnement profond, toujours renouvelé, entre évocations poétiques et fulgurances spirituelles.

 

Les savants du XIX° siècle ont repris et diffusé une étymologie traditionnelle du mot « upanishad » en l'analysant comme étant formé de la racine verbale sad-, « s'asseoir », « être assis », avec deux préverbes : upa-, « près de »,  et ni-, « en bas ». Le sens du mot upanishad serait donc « s'asseoir en bas, près de », c'est à dire s'asseoir près de (aux pieds) de son maître pour en recevoir un enseignement spirituel. Cependant, plusieurs spécialistes au XX° siècle ont montré que le sens du mot upanishad, qui apparaît dans les Brâhmana (les textes qui précèdent les Upanishad dans le corpus védique), ne correspond pas vraiment à cette analyse. Le sens premier d'upanishad est « approcher », c'est-à-dire « être ou mettre en relation, confronter, instaurer une correspondance ». Ainsi le mot upanishad désigne, dans les textes les plus anciens, une connexion, une équivalence ou une corrélation secrète, entre des éléments situés sur des plans différents, notamment entre la personne humaine et le cosmos. On pourrait comprendre le sens du mot upanishad comme « ce qui nous relie », ou « la réalité sous-jacente » de la vie.

 

Les Upanishad védiques forment un groupe de douze à quinze textes, considérés comme marquant la fin du corpus du Veda : elles forment pour cela le Vedanta, « la fin (anta) du Veda », au sens des derniers éléments entrés dans l'ensemble et aussi d'accomplissement ou de but ultime de ce vaste corpus. Elles ont été composées à l'oral entre le VII° et le III° siècle avant notre ère dans un milieu de brahmanes ouverts aux recherches spirituelles des ascètes.

 

Ces Upanishad sont considérées védiques car essentiellement elles sont attestées comme telles par le grand philosophe et mystique Shankara (VIII° siècle) qui les a, pour la plupart, commentées et prises comme base de son idéologie de la non-dualité (advaïta-vedânta).

 

Les plus anciennes, composées avant le Buddha (mort vers 400 avant notre ère) sont entre autres la Brîhadâranyaka-Upanishad, la Chândogya-Upanishad, l'Aitareya-Upanishad et la Kauchîtaki-Upanishad.

 

Après la clôture du corpus védique, d'autres textes ont continué de s'appeler Upanishad et d'être rédigés jusqu'à l'époque contemporaine : il en existe près de 250. Par exemple, les Upanishad du yoga sont des textes composés entre le XVI° et le XVIII° siècle à partir des notions du hatha-yoga. Il existe aussi, pour prendre un autre exemple, une upanishad en tamoul sur l'enseignement de Râmana Mahârshi (mort en 1950).

 

                                                                                     Proposé par Monique Guillin

Pour aller plus loin, 3 livres :

- Les Upanishad, textes traduits du sanskrit, présentés et anotés par Alyette Degrâces,Paris, Fayard, 2014

- Les maîtres des Upanishad : la sagesse qui libère, Tardan-Masquelier Ysé, Paris, Seuil, (coll. Points Sagesses), 2014

- Une traversée des Upanishad, Scheuer Jacques, Paris, Les deux

Rédigé par UCY

Publié dans #Spiritualité-philosophie

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