Apnées du sommeil : Rééduquer la langue
Publié le 1 Mai 2024
Alternative santé
N°122 avril 2024
D’après un article d’Elise KUNTZELMANN
Le syndrome d’apnées obstructives du sommeil est une maladie fréquente favorisant la survenue d’AVC.
Quels sont les possibilités de traitement de cette maladie ?
La rééducation oromyofaciale qui consiste, entre autres, à reconditionner musculairement la langue, figure parmi les méthodes efficaces les moins invasives.
Les faits - Lorsque les ronflements nocturnes s’apparentent à des troubles de la respiration liés à l’apnée du sommeil, les conséquences peuvent être graves car les apnées du sommeil représentent le plus gros facteur de risque cardio-vasculaire. 5 à 7% de la population est concernée par ce syndrome et théoriquement six millions de personnes devraient être traitées ; or plus des deux tiers d’entre elles ne sont pas diagnostiquées.
Pauses respiratoires suspectes
L’apnée du sommeil se caractérise par la survenue de pauses respiratoires de plus de 10 secondes pendant le sommeil. On constate une baisse du tonus de la langue, du pharynx et des muscles de la gorge. Cela induit une obstruction complète des voies aériennes supérieures et une chute d’oxygène dans le sang. Il peut y avoir un micro-réveil d’une fraction de seconde et le sommeil n’est pas réparateur ; cela entraine aussi de nombreuses modifications hormonales qui se font normalement la nuit.
La rééducation oromyofaciale, aussi appelée rééducation linguale
Catherine Thibault est orthophoniste spécialiste de la sphère orofaciale et de l’oralité et autrice d’un ouvrage dédié à la langue : « La vie privée d’un organe très discret » aux éditions l’Archipel 2024.
Avant de commencer cette rééducation elle insiste sur la nécessité de passer par la case médicale ; en effet ce n’est pas parce que l’on ronfle que l’on a forcément un syndrome d’apnée obstructive du sommeil. Catherine Thibault voit ses patients de manière régulière ; les patients ont besoin d’être accompagnés avant de pratiquer eux-mêmes des exercices au quotidien.
La ventilation naso-nasale
Le duo langue-nez est primordial dès le plus jeune âge ; il faut apprendre à bien ventiler. Respirer par le nez, nettoyer son nez, se moucher narine par narine est essentiel. Dans les pratiques à réaliser au quotidien elle recommande d’apprendre à bien respirer par le ventre.
Si on respire par le nez on est en respiration costo-abdominale qui va permettre la relaxation ;
si l’on respire par la bouche on est en thoracique supérieure ; on a besoin de cette respiration dans certaines situations mais si on est tout le temps en thoracique cela témoigne d’un certain niveau de stress.
De l’importance de la langue
La langue est composée de 17 muscles c’est une super puissance. Si la langue est plutôt basse c’est souvent le signe d’un relâchement, parfois à l’origine d’apnées. Certains exercices visent à augmenter le contrôle moteur des lèvres et de la langue et à obtenir une bonne position de la langue au repos. Le mieux aussi est de dormir sur le côté. Porter le masque facilite les choses mais de nombreuses personnes ne le supportent pas d’où cette alternative.
Autres traitements
La PPC ou ventilation nasale : l’objectif est de maintenir les voies aériennes ouvertes en soufflant de l’'air : cela passe par le port du masque la nuit.
L’orthèse d’avancée mandibulaire est un autre traitement possible : il repose sur un système qui se place dans la bouche et tracte le maxillaire inférieur vers l’avant et ouvre les voies aériennes.
Quelques préconisations avant de s’engager dans un périple médical et thérapeutique :
- Perdre du poids (pour les personnes en surpoids ou obèses).
- Ne pas consommer trop d’alcool car cela entraine une baisse du tonus musculaire et une sécheresse.
- Arrêter de fumer car le tabac favorise le ronflement et la résistance à l’écoulement de l’air.
Proposé par Christiane Delabre