Qu'est-ce que la conscience de soi ?
Publié le 15 Mai 2024
- journal du yoga
- 254 – janvier février 2024
Question à Eric Baret : la recherche de la conscience de soi aujourd'hui ?
La conscience de soi symbolise l'écoute de ses propres mécanismes. La seule vraie rencontre que nous faisons est celle de la perception de notre fonctionnement.
Souvent la recherche spirituelle qui semble allécher tant de nos contemporains, est un ajustement de cette prise de conscience.
Au lieu de découvrir notre potentiel psychologique ou physiologique, nous nous réfugions dans des accumulations de données de seconde main. Nous discutons intensément de dualité et non-dualité, de voies progressives ou directes, de l'utilité ou de l'inutilité de l'action, de la réalité ou non du monde extérieur.
La profondeur de la vie n'est pas donnée dans l'étude d'une tradition, quelle qu'en soit sa qualité, mais dans l'humble observation de ses propres limites.
S'ouvrir à la tristesse, la honte, le désir, la joie, la jalousie, le remords, l'attente, la stratégie, ou quels qu'en soient les dynamismes qui nous habitent, est la vraie connaissance de soi.
Seule cette abdication au réel sans imaginaire de changement permet une saisie de nos complexités. Nos restrictions ne sont pas des encombrements à éliminer mais à écouter, à aimer car nous ne pouvons pas être différents de ce que nous sommes. Cette découverte, cette acceptation est la seule porte vers ce qui nous dépasse.
Le combat contre ce qui est vu comme encombrement doit être remplacé par une soumission à ses propres limites. Là, une vision globale émousse les plus problématiques de nos comportements. L'intégration de ces mécanismes amène une tranquillisation du mental.
Cet espace d'acceptation est la seule vraie porte sur le pressentiment spirituel qui ne peut fleurir dans un psychisme en guerre avec lui-même ou les autres. Cette découverte est difficile pour l’ego qui ne connaît que l'affirmation comme moyen de survie.
Cette grâce s'actualise pourtant tous les soirs dans le sommeil profond où nous abdiquons tous nos problèmes pour ne rien être. Le pressentiment de cet espace est finalement l'origine de l'impulsion à la méditation qui s'incarne dans notre état de veille. Se connaître soi-même pourrait être vraiment se laisser disparaître dans cette plénitude. Pour laisser ce lâcher-prise s'accomplir, l'intimité et l'acceptation de nos mécanismes sont la seule porte.
Proposé par Catherine Cuney et Annie Bianchi
Pour aller plus loin : Eric Baret -www.bhairava.info