SOURCES- janvier-février-mars 2009

Publié le 27 Août 2009

N° 10

Janvier, Février, Mars

2009

par Dominique Bart

 


« En définitive, nous n’avons qu’un seul devoir moral, c’est de préserver de larges plages de paix à l’intérieur de nous-mêmes, une paix de plus en plus grande, et d’en faire profiter les autres. Et plus nous possédons de paix en nous-mêmes, plus il y en aura dans ce monde agité. »

Etty Hillesum

 

 

Editorial

Et maintenant - Quel est l’essentiel dans nos vies ? « A force de sacrifier l’essentiel pour l’argent, on finit par oublier l’urgence de l’essentiel » Edgar Morin.


----
 


                                 Pourquoi jugeons-nous qu’une action est banale ?

 

-----
Joie de contempler la créativité de l’esprit


Mais si c’étaient les obstacles à vaincre qui permettaient à la conscience de grandir ! Si nous n’étions créés que pour ce défi ! …Le jeune s’interroge : « Au bout du chemin qu’aurons-nous fait de nous ? », « Qui suis-je ? », « Quel sens à mon existence ? »,  « Comment choisir la vie ? ». C’est d’être confronté à des obstacles qui va lui permettre de s’accomplir, c’est de se reconnaître responsable de lui-même et des autres qui va lui donner l’occasion de se réaliser. Stan Rougier cite Christiane Singer : « il n’existe qu’un seul crime, c’est de désespérer du monde », « seule survivra la radicale folie de l’amour », « une voix vous appelle : serais-tu d’accord pour prendre soin d’un petit espace de ce monde ? »

 

-----
L’œil de la nuque

J.Y. Leloup : Le regard ordinaire est la plupart du temps frontal, …un autre regard est possible, il ne part pas des yeux, ou du front, mais de derrière la tête, …c’est un regard en coupe qui accueille, il ne vise rien, il acquiesce, …il ne voit pas des ‘choses’ mais un champ d’énergie ou de lumière dans lequel des lignes, des formes, des densités apparaissent… il ne veut rien, …il laisse planer l’oiseau dans son vol, il ne cherche pas à le saisir… L’œil de la nuque place le regard humain dans son ouverture maximale, il le replace dans l’Ouvert…        Retrouver la souplesse de la nuque, c’est retrouver la capacité de regarder dans les quatre directions, mais aussi de regarder la hauteur et la profondeur de tout ce qui vit et respire…

------ 

Regard sur la vie

« Ne laissons pas mourir le feu »

Sœur Emmanuelle : « l’homme doit marcher les yeux dirigés vers l’avant. Tout ce qui est en arrière, c’est fini. C’est mort, ce sont des feuilles mortes. Je veux vivre, je ne veux pas rester sur un passé de douleur et de pleurs, je veux être celle qui partout où elle passe a dans le regard, sur son visage, la petite étincelle que Dieu a déposée dans son cœur. »

 

---- 
Reportage


 
L’Eco site d’Avallon 


La création en 1979 du Centre bouddhiste de Karma Ling a réanimé sur ce territoire savoyard un lieu qui depuis le Moyen Age est dédié à la vie spirituelle.

C’est en 1173 que fut fondée la chartreuse de St Hugues d’Avallon, cette mémoire chrétienne du lieu donne à l’Institut une tonalité toute particulière. C’est le lieu de rencontre de toutes celles et ceux qui aspirent à la quête spirituelle… Avallon est l’île mythique de la légende Arthurienne, un aspect de la dimension universelle de la quête d’absolu qui fait écho à la voie du Bodhisattva, le chevalier d’éveil du bouddhisme. Le domaine d’Avallon qui abrite désormais l’Institut Karma Ling se situe à la confluence de deux filiations : l’une dont fait partie la quête du Graal et l’autre avec les grands maîtres du Tibet.

 

Le Soleil du Bouddha

Visite de l’Institut Karma Ling avec Lama Lhundroup.

Entretien avec lama Denys Rinpoché

Supérieur de la congrégation bouddhiste Rimay, principal héritier spirituel occidental de Kalou Rinpoché. Il promeut une vision d’unité dans la diversité de toutes les traditions spirituelles authentiques. Très sensibilisé à la gravité de l’enjeu écologique, il se fait le relais d’une écologie holistique, réunissant écologie extérieure et intérieure : « la relation au monde est fondée sur la bonté du cœur et l’intelligence de l’interdépendance. »

 

Entretien avec lama Lhundroup - De la civilisation chinoise au Dharma !

 « La voie du Dharma est fondamentalement une quête d’harmonie, où se retrouvent l’écologie intérieure en soi et l’écologie extérieure dans l’environnement » : Le Dharma ne peut pas se vivre en se repliant sur soi, au contraire, la voie nous porte vers le monde. « Il s’agit de se rencontrer, de coopérer, d’œuvrer en réseau, de se mailler, de construire une trame, un mycélium global avec les personnes de bonne volonté de la société civile, éthique et spirituelle. » Lama Denys.


-----
La vraie vie :

Se relier au Vivant


Philippe-Yacine Demaison : Il suffit de regarder l’état du monde social et économique, le désarroi et la confusion intérieure des personnes, la dégradation de la biosphère, pour mesurer à quel point nous avons besoin de reconsidérer notre relation au Vivant. Notre société moderne est terriblement mortifère. Elle va jusqu’à manipuler les gènes de la vie afin de modifier les schémas fondamentaux de la création. Parvenus à ce stade, nous pouvons constater que le lien de conscience et de reconnaissance intime qui unit l’homme au Vivant –à l’énergie originelle de l’existence -s’est considérablement affaibli : « Pour favoriser cette relation au Vivant, d’abord la louange, interpellons le Vivant avec sincérité par la prière, le chant, la danse, l’invocation, le silence – debout, assis, couché – toujours et partout. Et rappelons-nous une chose essentielle : l‘homme est un pont entre le Ciel et la Terre, Sa noblesse est dans l’amour qu’il incarne. Dans et par le Don. »

« A l’intérieur du cosmos, au sein de l’univers se trouve un trésor. Il se cache à l’intérieur du corps humain. »

maître zen Ummon

------

« C’est Dieu qui joue tous les rôles »

Rencontre avec Ramesh Balsekar 


C’est en 1978 alors qu’il vient de prendre sa retraite de directeur de la Bank of India que Ramesh Balsekar rencontra son guru, Shri Nisargadatta Maharaj, un maître de l’advaîta védanta, dont il deviendra le successeur. Voici l’écho d’un satsang, un embarquement sur la planète advaita, celle de la non-dualité, où dans leur radicalité sans concession, les réponses de Ramesh renvoient chacun à son être essentiel, à sa manière d’être au monde : Qu’est-ce que l’illumination ? C’est l’acceptation totale du concept que tout ce qui survient arrive en accord avec la loi cosmique… ce que l’illumination m’a apporté c’est ce que j’appelle la paix de l’esprit. Qu’est-ce que ‘je’ dois faire pour que l’acceptation intellectuelle que ‘je’ n’est pas l’agissant devienne totale ? …Rien….

 


------

Mourir guéri ?


René-Claude Baud : Jésuite, professeur, devenu soignant de nuit  pendant vingt ans à l’association Albatros, évoque ce qui l’a éveillé au cours de son cheminement spirituel : « cette rencontre avec les malades, les mourants livrés à leur angoisse. Par eux, c’est  l’entrée dans une relation réelle, dans une réalité humaine et spirituelle où l’intime de l’homme ne craint en vérité plus de se donner à voir. » C’est le début pour lui d’une croissance intérieure qui, dit-il, s’est faite à son insu, hors des artifices de la religiosité, par le retour aux racines de la solidarité. Il nous donne quatre repères dans l’acquisition d’une santé spirituelle, sur la façon de traiter notre corps physique, psychologique et spirituel :

 « Il y a d’abord la générosité de la nature… puis il y a la découverte de la merveille du corps… un troisième élément c’est d’accepter de prendre de l’âge… un autre point est de prendre de la distance par rapport à la médecine… le dernier point, je l’appellerai la vigilance à nourrir notre être intérieur. »

 « Mourir guéri ? Guéri de Quoi ? Guéri de ce qui m’empêche d’être présent à la Présence. »

www.albatros69.org

 

 

 

 

 



 Parce que nous avons l’impression que notre vie est toujours inachevée. Notre attention est alors projetée sur le futur. Un futur qui seul pourrait nous donner un sentiment de plénitude et peut-être même le bonheur. Bonheur illusoire parce qu’il est toujours pour… après ! Jacques Castermane cite Montaigne « il n’est de bonheur qu’au présent » … Pourquoi ce moment pendant lequel j’inspire et lave une assiette serait-il moins important qu’un autre moment de ma vie ? Au réel, à ce qui est, nous préférons souvent nos idées, nos rêves, nos fantasmes… La richesse du moment présent empêche le glissement dans la banalité, mais qu’elle est la richesse du moment présent ? Pierre Hadot, philosophe écrit dans « la philosophie comme manière de vivre » : « cette richesse c’est celle que nous lui donnons, que nous devons lui donner, grâce à une transformation de notre rapport au temps »

Rédigé par Denis Brossier

Publié dans #Spiritualité-philosophie

Repost0
Commenter cet article