La rencontre d'un guru est-elle nécessaire ?

Publié le 27 Décembre 2023

 

  1. Journal du yoga

N° 252 – septembre octobre 2023

 

Question à Eric Baret

Peut-on espérer de nos jours rencontrer, un maître spirituel, un guru, maître de sagesse, qui soit authentique ?

 

En Inde traditionnelle

le guru est celui qui s'est libéré de l'image de lui-même. Et lorsqu’une personne est intéressée par la même résonance, qu’elle se rend compte que l’image d’elle-même la rend malheureuse, elle va voir quelqu'un qui a l'expérience de cette libération : le guru.

Dans le mot guru en sanskrit, on entend la notion de poids. Celui qui va recevoir son enseignement va l’entendre comme important. La culture indienne est basée sur ces transmissions orales « d’enseignant à enseigné », et il n'y a pas d'amateur dans les arts traditionnels, parce que ce sont des passionnés qui vont vers un maître de musique, de chant, de sculpture

Un Guru a deux rôles. Il enseigne les éléments qui facilitent l'expansion de l'élève, et si celui-ci a la capacité de vivre ce qu'il est essentiellement, à ce moment-là très précis, le guru par sa présence va participer au lâcher-prise de l'élève.

L'image traditionnelle compare l'élève à une allumette non enflammée et le guru à l'allumette enflammée.

Lors de la mise en contact il va s’enflammer. C'est une résonance qui se fait, bien qu'elle soit décrite symboliquement comme une transmission. Ce passage d'une allumette non enflammée à celle qui est enflammée est le sens profond de la notion de guru.

 

En Occident

Cela concerne très peu de monde, parce qu’on a pris les éléments externes, les vrais gurus sont tellement humbles qu'ils ne sont pas connus et sont généralement invisibles. La relation de Maître Eckhart avec Toller et Suso, ou celle de Mohyiddin Ibn Arabi à Abd-El-Karim Lel-Jili forment cette même résonance.

La recherche d'un guru est une simplification de la recherche de soi-même.

Nous projetons sur un guru ce que nous projetions sur un homme, sur une femme, sur une voiture, sur un savoir, la santé, l'alimentation... Et quand il y a une projection, il y a automatiquement une déception et au moment venu nous allons quitter le guru parce qu'il n'a pas tenu ses engagements, qui n'étaient que des projections de ses élèves. Il y a aussi ceux qui se prennent pour des gurus, qui se croient libres et sages, là nous rentrons alors dans le bêtisier moderne. Finalement ces gens-là n'attirent que des personnes qui ont le même imaginaire de réalisation personnelle.

Ce qui est important pour l'être humain, c'est découvrir son silence intérieur et pas de découvrir un guru. Maharaj ou Jean Klein ont été écoutés par des tas de gens, très peu ont finalement découvert ce qui était essentiel.

La recherche du guru est une image qui doit être remplacée par la recherche de soi-même qui est une écoute de nos fonctionnements, nos limites qui nous empêchent d'être vraiment disponibles.

Chacun a cette absolue évidence d'être, et c'est ce à quoi correspond cette certitude qu'il faut chercher. Le feu intérieur se place naturellement vers le « qui suis-je ? » qui quitte sa formulation sémantique et devient une pulsation d'énergie sans nécessité d'objectivation.

Celui qui vit cette intensité n'a plus besoin de guru extérieur, mais d'abdiquer tout à cette résonance. Dans cette humilité le véritable guru se rencontre qui n'est autre que la Conscience.

 

Proposé par Catherine Cuney et Annie Bianchi

Rédigé par UCY

Publié dans #Spiritualité-philosophie

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