Comment pratiquer un rituel dans la pratique yogique ?
Publié le 19 Juillet 2023
- journal du yoga
247 – mars 2023
Question à Eric Baret
Les notions de sacré et de profane
viennent de l'esprit moderne.
D'un point de vue traditionnel, tout est sacré.
Quels que soient l’activité, la guerre ou le yoga, l'agriculture, la danse, la musique, l'art de la construction des temples ou celui d'arranger une maison, de la façon de s'alimenter, toutes les activités sont encadrées par des connaissances rituelles, qui permettent une grande précision dans leur accomplissement.
Le rituel n'est alors que l'intelligence de l'action, sans détour idéologique ou sentimental. L'action sans acteur devient le cœur de l'expression. Dans le yoga, allégorie de la vie, l'offrande du corps, l'inversion du haut et du bas, l'accomplissement intime de l'acte respiratoire, l'accent sur la résorption de la perception dans la nuit du non manifesté puis le jaillissement du monde à l'inspiration, le déploiement du souffle à la rétention positive, sont vécus comme la célébration de la Conscience.
Le repos après l'expiration est le symbole ultime de la Conscience.
Cette extrême attention aux modalités physiques, respiratoires se transposera dans une présence intense aux expressions psychiques. La liberté de l'émotion telle que célébrée par Abhinavagupta deviendra le cœur de ce jeu. L'apparition, déploiement et résorption de l'énergie se vivra comme le jeu des yoginis chantant la Conscience une. Le banquet de la vie où les yoginis s'unissent à Shiva est l'ultime rituel, tel que le décrit la tradition cachemirienne.
Déjà dans ses hymnes, Shankara considérait l'expression de la vie comme célébration de l'un sans second. Abhinavagupta et le shivaïsme du Cachemire développeront poétiquement cette danse de la vie, où le monde est vécu comme le souffle du soi. Tel est le rituel interne où sacré et profane de dissolvent dans l'intensité de l'instant.
Proposé par Catherine Cuney et Annie Bianchi