Yoga dans un camp de réfugiés

Publié le 12 Avril 2023

Le journal du yoga

242 –   octobre 2022

  1. Rubrique « société »

Pharmacienne hospitalière, professeure de Yoga et Yoga-thérapeute, Mounia Moalla s'est engagée depuis longtemps dans des actions humanitaires, dans le domaine de l'éducation des enfants ou de la santé.

Avec Lifting Hands International, une ONG américaine, elle s'est récemment portée bénévole pour intervenir en tant que YogaThérapeute auprès des réfugiés Yézidis ayant subi un traumatisme psychologique profond.

« Originaires de la ville de Sinjar dans le nord de l'Irak, les Yazidis ont subi un génocide de grande ampleur en août 2014 perpétré par l'organisation de l'état islamique (Daech), qui a entraîné la mort et la disparition de milliers de personnes, ainsi que la captivité de plusieurs milliers de femmes et de jeunes filles dont nombre d'entre elles sont encore portées disparues.

Elles ont parcouru des milliers de kilomètres dans des conditions incroyablement difficiles avant d'arriver au camp Serres dans le nord de la Grèce, qui accueille plus de 1 200 réfugiés Yézidis.

Ma maîtrise de la langue arabe m'a permis de gagner plus rapidement leur confiance. Il a parfois fallu plusieurs jours avant d'accepter de participer à une discipline « le yoga », qui leur était encore aujourd'hui complètement étrangère. Plusieurs séances se sont déroulées à l'intérieur de la tente consacrée aux activités manuelles des femmes, afin de leur apporter le yoga au plus près d'elles. En même temps, se poursuivaient certaines activités (tricot, crochet), ce qui a permis aux femmes qui participaient aux séances de rester dans leur environnement habituel rassurant, et aux autres de découvrir de loin d'abord le Yoga, avant de venir par elles-mêmes le pratiquer par la suite.

 

Retrouver un espace de paix

Mes séances étaient organisées en privilégiant à chaque  fois les postures d'ouverture (bhujangasana, tadasana avec ouverture des bras) d'enracinement (vrkasana, sukhasana), de confiance en soi comme virabhansasana, et de sécurité (balasana, paschimottasana. ..) et en évitant toutes les postures susceptibles de déclencher un souvenir de traumatisme comme la torture ou le viol (marjaryasana, ananda balasana ….)

Les exercices de respiration permettent de retrouver cet espace de paix à l'intérieur de soi, et de savoir qu'il est possible d'y retrouver refuge à chaque fois qu'on en ressent le besoin. Ceux avec rétention du souffle ou les respirations rapides (kapalabathi, bastrika) sont à bannir ici, car ils peuvent déclencher le souvenir d'un traumatisme. Un des exercices à privilégier est la respiration diaphragmatique, parfois très longue à mettre en place chez les personnes traumatisées. 

L'émotion de l'abandon

Durant ces deux semaines, il a été émouvant de voir le nombre croissant au quotidien de personnes de tout âge venant découvrir le Yoga par curiosité d'abord, prudentes et sur leurs gardes durant les premières minutes de la séance pour enfin se laisser aller, surtout durant la relaxation…. Et très gratifiant de les voir revenir ensuite et refaire les postures avec moi avec plus de conscience de leur corps et plus d'assurance.

Cette mission m'a permis de confirmer que le Yoga a toute sa place auprès des populations déplacées et des traumatisés de guerre, malgré les conditions extrêmes d'un camp de réfugiés, et aussi que ses principes et ses valeurs ne connaissent ni frontières ni différences. »

 

Proposé par Catherine Cuney et Annie Bianchi

 

Pour aller plus loin :

Contact : Mounia Moalla à Issoudun - https://fr.moonyogatherapy.com/

Convaincue de l'impact du yoga sur la santé, j'ai été diplômée en Yoga thérapie de l'Institut de Yoga Thérapie à Paris , dirigé par le Dr Lionel COUDRON, ainsi que du centre international Siddhi Yoga à Rishikesh en Inde comme professeure de Yoga certifiée, en ayant comme projet d'intégrer la YogaThérapie dans le milieu hospitalier.

 

 

Rédigé par UCY

Publié dans #YOGA

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