Walter Thirak RUTA chercheur infatigable
Publié le 22 Juin 2022
Le journal du yoga
Mai 2022 n° 238
D’après un article de Pauline Lorenceau
Walter Thirak Ruta sillonne le monde et transmet les enseignements reçus du Yogi Silencieux de Madras, Sri Sri Sri Satchidananda .
Une rencontre particulière : Comment avez-vous approché le yoga ?
Walter Ruta : J’ai renoncé à beaucoup de choses pour faire du yoga !
J’ai débuté avec Osho puis Yogi Bhajan ;
puis j’ai rencontré Sri Sri Sri Satchidananda de qui j’ai appris le yoga.
Il proposait une adhésion totale aux niyama et aux yama en incarnant une relation à ces vertus. C’était un homme de plus de 90 ans dont la présence allait bien au-delà de sa condition physique ; nous sentions sa force morale et la connexion intime avec sa vie silencieuse qu’il avait volontairement choisie.
Ne pas parler nécessite une force immense ; il était dans le renoncement.
Quand nous arrivions chez lui, il nous fallait faire un grand effort pour comprendre sans les mots. Nous pratiquions en silence puis nous restions en méditation et c’étaient les moments de connexion maximale avec lui. Il exhalait la paix ; tous ses disciples ont absorbé son énergie, ainsi que sa force physique et mentale ; il nous permettait de nous brancher à quelque chose qui venait d’au-delà de nous-même et de lui-même. Ensuite il nous a fallu pratiquer pendant des années pour que les graines finissent par germer dans les êtres. Nous n’avons pas pu intégrer tout immédiatement.
La moitié des personnes que j’ai amenées chez lui sont parties n’ayant pas pu supporter le niveau d’intensité. Il venait nous aider à progresser sur les aspects physiques du yoga qui augmentent le niveau énergétique ; il nous proposait de sentir dans notre intériorité notre résonance avec quelque chose de plus grand.
Quand il est sorti de son corps, nous nous sommes sentis orphelins mais très vite nous avons senti que nous avions eu tellement d’informations que nous y trouverions les réponses à nos questions.
Quelle est votre idée du yoga ?
Le yoga est l’entrainement qui permet d’atteindre un sommet de pratique. Nous pouvons parler du résultat visible mais ce qui est finalement plus important c’est la possibilité particulière qu’il va déclencher ; la pratique répétée crée une passerelle ou un trampoline qui nous permet de sauter ailleurs.
La beauté c’est important ?
Swamiji prenait du temps pour la beauté.
Dérouler une séance de yoga avec l’idée de l’art est indispensable ; l’art est de mettre en accord, les uns avec les autres, ce qui est petit avec le cosmos ; les relations humaines qui durent longtemps sont de l’art ; au début il y a la passion mais ensuite, pleins d’éléments doivent cohabiter pour que cela continue à fonctionner. Comme Matisse qui pose une tache rouge puis une bleue, du noir toutes ces couleurs doivent se connecter entre elles pour faire émerger le tableau.
Walter Ruta se tait lorsque la journaliste pose la dernière question et ce silence transmet une énergie, une force qui vient de loin et qui l’imprègne. Walter Ruta lui a fait toucher du doigt la présence éternelle telle que la transmettait le Yogi Silencieux de Madras.
Proposé par Christiane Delabre