Trouver sa juste voix à l’École Française de Yoga

Publié le 29 Septembre 2021

Les carnets du yoga

Mai 2021 – n° 397

D’après la rubrique  « Vu d’ici» - Françoise Cappelle

L'apprentissage de la voix est entré à l'EFY de Paris.

Aux « Ateliers sur la voix », les futurs enseignants de yoga découvrent que leur parole est une musique, et leur voix leur principal outil de relation aux autres.

Du premier cri de la naissance jusqu'à la parole du professeur de yoga, c'est toute notre image sonore qui résonne au monde. La voix, indispensable instrument dans la relation de transmission, n'était jusqu'alors pas envisagée dans le parcours pédagogique de l'enseignement du yoga.

Dès la rentrée  2020-2021, Catherine Le Gallais directrice de l'EFY de Paris, ouvre les « Ateliers sur la Voix ». Proposés aux élèves de quatrième année, ils s'inscrivent pour elle « comme apport de connaissance de soi indispensable à la formation d'un enseignement de yoga. Cette consolidation pédagogique offre un confort supplémentaire aux élèves pour cette dernière année d'école. »

Ce cocon expérimental sur la voix est confié à Béatrice Gaucet, soprane renommée, professeure de chant et de technique vocale passionnée*.  Sa connivence de longue date avec la FNEY repose sur un partage des valeurs où l'expression de l'être est au cœur de l'enseignement. Cette pédagogue de la voix chantée et parlée s'enthousiasme : « Les yogis ont cette qualité d'écouter leur corps, leur souffle, et d'essayer de percevoir les ressentis à l'intérieur d'eux-mêmes. C'est un acquis précieux et rare. »

Que ce passe-t-il Rue Aubriot durant les sept heures consacrées au travail sur la voix ? On l'aura compris, il ne s'agit pas de préparer le concours Eloquentia. « Il ne s'agit pas non plus de chanter, mais d'une formation sur la voix parlée. N'oublions pas que la parole, c'est déjà de la musique », s'émerveille Béatrice Gaucet. « J'invite les élèves à s'écouter pour arriver à comprendre comment fonctionne leur instrument voix, c'est-à-dire leur corps, avec une conscience de l'espace à l’intérieur et à l'extérieur de soi ».

Épaules contractées par le stress, cervicales bloquées, mâchoires plus ou moins libres....Les empêcheurs du parler clair sont nombreux. « Pour parler, il faut organiser son corps de manière à ce qu'il permette au mieux l'épanouissement de la voix », explique-t-elle.

Son programme d'apprentissage de la voix commence par trois heures et demie dans le vif du corps, avec les consignes affûtées de la pédagogue : l'ajustement de la posture debout, relation verticale dans l'espace en 3D, est fondamentale. Puis on ose la plongée vertigineuse dans le larynx, sa physiologie et le travail respiratoire pour amener l'air en flux constant entre les cordes vocales.

Le deuxième volet de son enseignement propose de faire étape dans l'appareil phonatoire : dans ce fabuleux terrain de découverte, on explore les multiples jeux de l'articulation des sons avant de devenir parole. Afin d'identifier ce qui entrave la parole de chaque élève, Béatrice Gaucet écoute attentivement un texte lu par chacun. « Par ce constat, j'essaie de l’accompagner sur le geste à faire concernant l'articulation de ce texte parlé. La parole est un moyen unique de nous entendre nous-même, d'explorer et d’explorer ce que nous sommes. Si la phonation n'est pas précise, vous perdez plus de 50 % du message que vous transmettez ».

Dans ce cursus de formation, la quatrième année est encore une année d'exploration. C'est aussi une année de passage. « Les ateliers sur la voix ont toute leur place à ce moment-là de la scolarité car c'est une année de transition vers l'expérience. Il faut que les élèves se sentent suffisamment légitimés et confortés dans leur nouveau rôle de professeur », estime Catherine Le Gallais qui intervient auprès des élèves pour la préparation de leur mémoire de fin d'études. « Le contenu de ce que la voix porte pour guider les élèves sur le tapis a déjà été travaillé avec leurs formateurs en vue de tests pédagogiques de troisième année. Durant cette quatrième année marquée par la rédaction du mémoire, la voix se met au service de l'écrit le jour de la soutenance. »

« La voix c'est notre image sonore, souligne Béatrice Gaucet aux élèves. Elle est notre premier outil de relation avec les autres. »

Prendre la parole et faire porter sa voix participera pleinement à ce rite de passage d'élève à enseignant.

* Lire d'entretien avec Béatrice Gaucet publié dans ce numéro des Carnets du Yoga, Interview p.6

Proposé par Catherine Cuney et Annie Bianchi

 

 

Rédigé par UCY

Publié dans #YOGA

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