Cultiver et méditer au jardin mandala

Publié le 11 Juin 2012

Plantes & Santé

N°124 – mai 2012

Présenté par Dominique Bart

 

Extrait de l’article de Christine Saramito

 Le mandala support sacré de méditation gagne les jardins ! jardins fleuri, potager ou médicinal, lieu éphémère en pleine nature ou soumis au seul cycle des saisons, le mandala toujours en quête d’harmonie, enseigne au jardinier l’ouverture authentique à sa nature et à la nature réunifiées.

images-articles-0847-r.preview.JPGJardin biointensif en forme de cercle (Mandala) avec un coupe vent comestible de haricot. Au centre, nous retrouvons un point d'eau invitant la faune à participer à la protection des plantes. http://www.serresdeclara.org

 Etre ou faire ? cultiver la nature ou cultiver « sa » nature ? Faire ou laisser faire ?…

A ces questions, les nouveaux jardiniers en quête de sens et d’équilibre répondent de  plus en plus souvent « jardin mandala ».

Comme tout jardin, il suppose attention et travail. Mais à en croire les amateurs éclairés, sa puissance et ses enseignements sont décuplés par sa forme ronde, symbole microscopique et macroscopique du vivant, de la cellule au système solaire. Une forme ronde qui inspire depuis la nuit des temps l’architecture des lieux sacrés. Et qui s’offre naturellement en de nombreuses espèces. Mandala ? le mot vient du sanskrit, la langue sacrée des brahmanes hindous… Difficile à traduire dans sa subtilité, il signifie cercle, point, unité.


C’est dans les années 90, que Marc Grollimund, paysagiste français s’intéresse à la culture du vivant et aux enseignements sacrés. « Tout commence à Hongkong, dit-il, quand je rencontre des moines tibétains en exil. J’ose leur soumettre mes réflexions sur l’évolution du vivant et leur demande si je peux imaginer des jardins ou des potagers en forme de mandala. Ils acquiescent avec enthousiasme, comme si c’était une évidence. Et au fil des années ils n’ont pu que sourire avec bienveillance, ni jardiniers, ni botanistes, ils savaient déjà tout de ce que je me mettais à constater !… »

 

Marc Grollimund s’est donc inspiré des règles bouddhiques tout en cherchant à « s’adresser à chacun quel que soit son chemin », et tout en transgressant l’idée d’ « impermance ». En effet  quand les moines méditent en travaillant leur mandala, le plus souvent avec du sable, leur travail est systématiquement voué à la destruction – alors que dire de faire un jardin et donc d’enraciner ?


 Respect des éléments

La transgression n’est qu’apparente. « les cycles des saisons, de ce qui sans cesse évolue et qui doit donc être relativisé, sont palpables. L’important c’est l’attention et surtout la présence à soi et à l’instant », évoque-t-il dans ses ateliers.

 

Autre clé : le respect des principes d’équilibre autour de ce qui constitue le vivant aux yeux des Orientaux : les quatre directions et les quatre (ou cinq) éléments, lesquels vont se combiner. Tout mandala se constitue autour d’un noyau central représentant l’éther et se subdivise en quatre directions – indépendantes des points cardinaux – chacune correspondant à un élément : le nord avec l’eau, l’est avec l’air, le sud avec le feu, et l’ouest avec la terre. Chacun a une traduction bien plus ample que celle qu’un simple mot suppose et réfère par exemple selon la médecine chinoise à des organes précis…

Traduit en termes botanique, cela signifie qu’il faut placer dans le cercle des espèces bien spécifiques. « Toute plante, comme chaque être humains, porte en lui les quatre éléments, mais il y a toujours une dominante. L’idée ici est d’exploiter cette qualité principale pour renforcer l’énergie de cette direction spécifique. »

 Ainsi, les plantes d’eau comme les concombres ou salades se placent au nord/eau, les feuilles découpées ou plantes à tiges creuses à l’est/air, les plantes à racines profondes au sud/feu… Les allées de passage constituent l’autre lien entre les enseignements spirituels et le jardin mandala, parce qu’il constitue un support symbolique de « communication-permanente entre l’interne et l’externe ».

Enfin le lien entre la terre et le ciel est sacré. On placera donc au centre du cercle une sculpture en bois, un totem, ou encore un petit point d’eau, « miroir du ciel ». « A moins de privilégier des espèces quasi parfaites, autrement dit qui possèdent les vertus des quatre éléments comme le lys, la rose, ou les achillées. » explique  Marc Grollimund, qui ne s’étonne pas que ces merveilles d’harmonie s’invitent souvent d’elles-mêmes au centre sans qu’on ne les y ait conviées…

  

Une vitalité renforcée

Une fois le tracé pensé, et le « choix technique botanique combiné à un lâcher-prise intuitif » bien engagé, reste à attendre que le mandala… enseigne !

Première leçon : la créativité et la générosité de la terre mère. « j’ai travaillé sur des terres réputées impossibles, sans eau, parfois de sable ou d’argile, soumises au grand vent, avec des nœuds telluriques ou des failles… mais toujours le mandala donne des résultats, même si quelques essais ou erreurs sont parfois nécessaires », affirme Marc Grollimund, « l’onde forme procure une grande vitalité aux plantes : elles se reproduisent mieux, se protègent mieux. Les plantes soigent l’home, la terre et se soignent entre elles de façon bien plus intense qu’ailleurs ! » confirme Hervé Viloteau de la Ferme Sainte Marthe qui coanime des ateliers de jardins-mandala.

Mais il y a plus, dans un jardin mandala, le jardinier se verra sollicité à un niveau profond. A condition toutefois qu’il présuppose que rien n’arrive par hasard « et que le vivant sait, nous parle et nous enseigne ».

 

Le dessin du tracé questionne souvent les débutants. Par exemple dans un groupe, chacun est invité à penser de son côté, et on constate que « dans 80% des cas il y a similitudes entre les dessins imaginés », comme si ce mandala précis n’attendait que d’être découvert ! Le geste juste est sollicité, grâce à lui, on aboutit parfois à des miracles.

 

Choisir un lieu

Le choix du lieu fait partie du processus initiatique enclenché par un jardin mandala. Veut-on frôler son mandala tous les jours ? Veut-on faire revivre une « terre de désespoir » et se laisser surprendre ? Commencer par un mandala surtout minéral et laisser l’évolution se faire ? Globalement les géobiologues confirment : l’onde de forme du mandala change les vibrations. « les baguettes réagissent comme dans les lieux sacrés, bref si vous pensez qu’il vous faut un changement vibratoire pour cause de voisinage pollué (pesticides, ligne à haute tension…), pourquoi ne pas essayer le « mandala de ressourcement ». « Le mandala est un support de travail pour retrouver le centre, vers soi mais aussi vers l’extérieur. »

 

Carl Jung, psychanalyste et père de la théorie de l’inconscient collectif, a introduit le mandala en thérapie en en faisant dessiner à ses patients. Passionné de psychologie des profondeurs, d’anthropologie et de théologie, grand voyageur, il a expérimenté sur lui-même les effets du mandala : « chaque matin, je dessinais une petite figure circulaire, qui semblait correspondre à mon état intérieur du moment. Je n’ai découvert que petit à petit ce qu’était réellement le mandala : le Soi, l’intégrité de la personnalité, laquelle, quand tout va bien, est harmonieuse. » Le cercle étant le symbole de la vie (naissance, maturité, mort et renaissance), le travail sur des cercles est désormais courant dans diverses approches holistiques en quête de créativité ou de recentrage.

 

Mandalas éphémères et vibratoires

Les interaction avec le vivant ne sont pas inconnues des jardiniers dont on dit souvent qu’ils cultivent aussi leur âme. Toutefois, l’onde de forme du mandala décuple les interactions et les bénéfices. Le concept commence à faire florès, des lieux publics comme le centre expérimental du Parc d’art vivant à Turin, ailleurs se multiplie des stages ou des journées « mandala éphémère » fleuri ou potager, voire gourmand !

Le choix des couleurs aura sont effet car « la couleur a aussi un taux vibratoire différent », Elisabeth Le Berre ; « s’approprier le bien-être par les plantes », est le leitmotiv d’Isabelle Henry : « handicapés, malades, enfants agités, le cercle est toujours bénéfique, il intensifie les changements vibratoires, l’harmonisation des deux hémisphères du cerveau, l’unification des contraires. »

Si les plantes aident à créer de beaux mandalas, « l’essentiel est ailleurs, dans l’interaction et les enseignements sur la et sa nature :

« Traiter les gens comme s’ils étaient ce qu’ils devraient être et vous les aiderez à devenir ce qu’ils peuvent être ». Goethe

le jardin mandala s’y emploie, sans tourner en rond…

 

Extrait d' article à lire dans la revue plante & santé disponible à la Bibliothèque de l’UCY.

 

A lire : « Mandalas : retrouver l’unité du monde – Fabrice Midal – Ed. du Seuil.

 Stages :

-    www.marcgrollimum.jimdo.com 

-         www.intelligenceverte.org

-          www.jardinercreatif.fr

-          www.lejardinducreateur.fr

 


 

Rédigé par UCY

Publié dans #Environnement-écologie

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