La patience, qualité mentale favorisant la méditation
Publié le 25 Novembre 2020
« Aujourd’hui, comme tous les jours, nous nous réveillons vides et terrifiés.
Mais, avant d’ouvrir le tiroir de notre cerveau,
écoutons la musique dans notre cœur. »
Rūmī, poète persan XIIIe siècle.
La méditation de pleine conscience, c’est exactement cela : elle apprend comment être dans une relation apaisée malgré les expériences douloureuses. L’essentiel est d’atteindre un espace en soi où l’on sait intuitivement que l’on ne fait pas un avec sa douleur. Une forme de conscience attentive à soi. Il est important de savoir que l’on peut, au réveil, se sentir vide, terrifié, déprimé, anxieux, etc. De le savoir, et de l’accepter. La méditation propose d’explorer cet état.
Certaines qualités mentales favorisent la pratique de méditation. Elles enrichissent le sol où pousseront les graines de la pleine conscience. Ces qualités ne peuvent être imposées ou dictées de l’extérieur. Elles ne pourront se cultiver que lorsque notre motivation intérieure sera assez forte pour que nous voulions mettre fin à notre état de souffrance et de confusion.
La patience représente l’une des vertus morales fondamentales. En la cultivant, on cultivera nécessairement la pleine conscience car elles sont indissociables. La patience se manifeste lorsque l’on n’est pas pressé d’arriver quelque part. Se souvenir que chaque chose advient en son temps. On ne peut hâter les saisons.
La patience est une alternative bénéfique à l’agitation de notre esprit, à l’impatience. Si l’on creuse un tant soit peu sous la surface de l’impatience, on y trouve la colère. C’est une énergie puissante qui désire violemment que les choses ou les gens soient autrement et qui en rend responsables ou coupables les autres. (et soi-même) …/…
La patience ne survient pas spontanément, il faut une longue et patiente pratique. Il ne faut pas s’imaginer que des bouffées de colère ne surviendront pas. Cette colère pourra justement être travaillée, apprivoisée de sorte que ses énergies nourriront la patience, la compassion, l’harmonie et la sagesse en nous et peut-être aussi chez les autres.
En pratiquant la méditation, nous cultivons la qualité de patience chaque fois que, nous immobilisant, nous prenons conscience du rythme de notre respiration. …/… ne laissons pas nos angoisses et notre désir d’un résultat altérer la qualité du moment présent, même quand ça fait mal. Quand il faut pousser, poussons. Quand il faut tirer, tirons. Mais nous savons aussi qu’il y a un temps pendant lequel il ne faut ni pousser, ni tirer.
A travers tout ça, nous comprenons que le moment suivant sera déterminé en grande partie par ce que nous vivons au moment présent. Cette pensée peut nous venir en aide quand nous devenons impatients pendant notre pratique de méditation ou quand nous nous sentons frustrés par notre vie.
« As-tu la patience d’attendre que la vase retombe
Et que l’eau devienne claire ?
Es-tu capable de rester inerte
Jusqu’à ce que le mouvement juste se fasse de lui-même ?
Lao-Tseu, Tao-tö-King
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Exercice :
Observer l’impatience et la colère lorsque ces sentiments nous envahissent.
Essayer de voir les choses d’un point de vue différent, comme elles se déroulent naturellement, en temps voulu. Cette tactique est particulièrement utile lorsqu’on est sous pression, ou que l’on se trouve entraîné à faire quelque chose contre son gré. Ne pas ramer à contre-courant à ce moment-là, mais écouter attentivement le murmure de la rivière. Que nous dit-elle ? Si elle ne dit rien, respirer seulement, en se laissant aller à la patience. Continuer à écouter. Si la rivière nous parle, faire ce qu’elle dit, en pleine conscience. Ensuite, faire une pause, attendre patiemment, écouter à nouveau.
Pendant la pratique de la méditation, nous sommes attentifs au rythme régulier de notre respiration. Remarquer comment souvent notre esprit nous attire ailleurs, tente de changer de cap. A ces moment-là, au lieu de nous égarer, essayons de nous asseoir patiemment avec une conscience accrue de notre souffle qui se déroule avec chaque moment ; le laisser faire sans rien imposer… observer, respirer…devenir inertes, patiemment.
« J’existe tel que je suis, ça me suffit :
Si personne n’en est conscient,
Je suis content,
Et si tous en sont conscients,
Je suis aussi content.
Un monde est conscient, de loin le plus important à mes yeux,
Le mien,
Et que se réalise mon destin aujourd’hui, dans dix mille ans ou dans dix millions d’années,
Je peux allègrement l’accepter maintenant,
Ou, avec la même allégresse,
Je peux attendre. »
Walt Whitman, Feuilles d’herbe.
Jon Kabat-Zinn,
Extrait du livre « Où tu vas, tu es »
Proposé par Dominique Bart