Le yoga, une sagesse pour aujourd’hui

Les carnets de yoga

 octobre 2017 - N°360

 Ysé Tardan-Masquelier

Liban 15/05/17 – Conférence à l’Université Saint-Joseph

Comment définir la sagesse ?

Les réponses données par ceux que l’on reconnait comme « sages » partent toujours d’une même exigence :

- changer sa manière de penser, de vivre son rapport à l’autre

et se libérer de la souffrance.

On trouve des définitions similaires chez les bouddhistes et les grecs. Chez les anciens, la philosophie comme sagesse pratique est une manière de vivre. Ce mode de vie s’appuie sur des exercices spirituels qui transforment la perception du monde.

Chez les sages indiens, contemporains des grecs, on retrouve ce mode de vie par des exercices spirituels pour se libérer de la souffrance exprimée. Ces exercices spirituels sont aussi physiques. L’attention du souffle, la concentration, la méditation, l’attention des pensées sont des exercices spirituels qui ouvrent le chemin de la sagesse. Tout cela montre qu’une sagesse est loin d’être abstraite et est d’abord une manière d’être et de vivre. C’est ‘être’ dans chaque instant présent dans sa vie.

Le yoga, une sagesse ?

A l’époque où apparaît le texte fondateur du yoga, les Yoga-Sûtras, un mouvement de structuration des connaissances libératrices s’organisent et distinguent des visions concurrentes et complémentaires. Leur but, c’est la libération définitive de l’ignorance métaphysique de la méconnaissance par l’être humain de sa véritable nature et de son destin spirituel.

Un résumé très bref des Yoga-sûtras permet d’en rendre compte :

• Le premier chapitre montre que la voie royale est de conduire, en déjouant les pièges de la souffrance, vers un être rassemblé, recueilli. L’homme n’est pas heureux quand il est en proie à mille perturbations. Les Yoga-sûtras proposent de modifier l’esprit par une pratique intense du non attachement. La méditation sur tout objet est un exercice spirituel qui fait obstacle à la souffrance. Quand tous les mouvements de la pensée cessent, l’esprit ressemble au plus pur cristal.

• Le chapitre suivant des Yoga-sûtras propose de passer à la pratique spirituelle en expliquant la démarche. Les deux thèmes de ce chapitre proposent une analyse approfondie de la souffrance humaine puis par l’énumération des cinq étapes grâce à laquelle on prend conscience de ses afflictions. Le yogi qui suit la voie de Patanjali fait un choix radical, avec lequel certaines habitudes sont incompatibles. Il doit donc les changer.

• Le troisième chapitre traite des états supérieurs de la conscience. Au lieu de se disperser, la conscience travaille sur un seul point. Telle est la réponse du yoga pour laquelle la souffrance résulte de l’agitation incessante de l’esprit.

• Le dernier chapitre présente la place, la signification de l’état final qui est littéralement « isolement, solitude, émancipation ». Discerner l’ordre de l’essentiel et celui de l’accidentel de l’Esprit pur et celui de la psyché ordinaire est le remède suprême.

Le yoga, une sagesse pour aujourd’hui ?

En 1986, les formateurs de la FNEY (Fédération Nationale des Enseignants de Yoga) ont tenté de donner une définition contemporaine du yoga. Elle peut se résumer ainsi :

- Le yoga est une démarche globale et expérimentale qui s’appuie sur un ensemble de techniques spécifiques et qui se réfère à la tradition de l’Inde.

- Le yoga tel que nous l’enseignons n’est pas la sagesse, mais une préparation à la sagesse. Il est ouvert à toute forme de spiritualité et de religion.

…

- L’un des effets les plus sensibles de la sagesse est l’élargissement de la conscience. Son caractère expérimental a été décrit comme un travail sur soi à la méditation corporelle se référant à une tradition et à son éthique.

La fonction essentielle d’une sagesse, c’est de revisiter non seulement la compréhension, mais l’existence de celui qui la pratique.

Proposé par Christophe Gonzalez