Testament spirituel de Pablo Picasso
Publié le 12 Novembre 2010
Extraits - proposé par Marcelle Semon
Pablo Picasso à son ami Giovanni Papini...
En 1952 paraissait un ouvrage de Giovanni Papini
«Libro Nero »
qui relatait les propos du peintre :
" Dans les arts, le peuple ne cherche plus ni consolation, ni exaltations. Mais les raffinés, les riches, les oisifs, les distillateurs de quintessence cherchent le nouveau, l'extraordinaire, l'original, l'extravaguant, le scandaleux. Et moi, depuis le Cubisme et au delà, j'ai contenté ces messieurs et ces critiques, avec toutes les multiples bizarreries qui me sont venus en tête, et moins ils les comprenaient, et plus ils les admiraient. A force de m'amuser avec tous ces jeux, à toutes ces fariboles, à tous ces casse-têtes, rébus et arabesques, je suis devenu célèbre et très rapidement. Et la célébrité signifie pour un peintre, ventes gains, fortune, richesse......
Lorsque j'étais jeune, comme tous les jeunes, j'ai eu la religion de l'art, du grand art ; mais avec les années, je me suis aperçu que l'art, comme on le concevait jusqu'à la fin du 19ème siècle, est désormais fini, moribond, condamné et que la prétendue activité artistique avec toute son abondance n'est que la manifestation multiforme de son agonie.......
Aujourd'hui, comme vous le savez, je suis célèbre et je suis riche, mais quand je suis seul à seul avec moi-même, je n'ai pas le courage de me considèrer comme un artiste dans le sens grand et antique du mot. Ce fut de grands peintres que Giotto, Le Titien, Rembrandt et Goya. Je suis seulement un amuseur public qui a compris son temps et épuisé le mieux qu'il a pu l'imbécilité, la vanité, la cupidité, de ses contemporains. C'est une amère confession que la mienne, mas elle a le mérite d'être sincère".
Texte cité dans « L’aventure du XX° siècle » tome 2,
Editions du Chêne 2000, page 108.