Le Yoga pour les seniors
Publié le 10 Mai 2011
Les carnets du yoga
N° 293 – janvier 2011
présenté par Monique Guillin
Le vieillissement a des conséquences physiopathologiques dont il faut tenir compte dans la pratique du yoga. Les dysfonctionnements apparaissent peu à peu au niveau de l'appareil ostéo-articulaire, mais ils sont aussi cardiovasculaires, métaboliques, respiratoires et hormonaux. Des postures adaptées peuvent aider à accepter l'arrivée du grand âge en évitant certains désagréments.
Les conséquences physiopathologiques du vieillissement en général
A partir de l'âge approximatif de 25 ans, l'individu commence à vieillir. Le rythme de ses cellules ralentit et ses tissus peu à peu de leur tonicité et de leur hydratation. De ce fait, les métabolismes se déroulent physiologiquement moins bien.
Des maladies de dégénérescence et des maladies contractées par diminution du pouvoir immunitaire peuvent aussi être les conséquences des erreurs fréquentes dans le comportement...
■ Sur l'appareil ostéo-articulaire apparaissent des phénomènes d'usure par surmenage et répétition de gestes, qui provoquent des micro-traumatismes répétés. C'est l'arthrose avec ses conséquences de douleur et d'impotence fonctionnelle heureusement transitoire. La diminution de sécrétion hormonale aboutit à une tendance à la décalcification et au risque de fractures ou de tassements vertébraux. Il a néanmoins été démontré que les personnes âgées qui pratiquent un exercice physique au moins trois fois par semaine se décalcifient moins rapidement que les sédentaires.
■ Sur le plan cardiovasculaire, à cause de fréquentes surcharges métaboliques, cette période se caractérise souvent par un durcissement des parois artérielles, d'où hypertension artérielle et un surmenage cardiaque. Des plaques d'athéromes peuvent se déposer sur la paroi interne de vaisseaux et cela peut favoriser une circulation insuffisante ou nulle dans certains territoire et aboutir à un infarctus (nécrose des tissus privés de vascularisation).
■ Sur le plan métabolique, il y a souvent un ralentissement des fonctions de digestion et d'assimilation : tendance à l 'embonpoint...
■ Sur le plan respiratoire, il est fréquent que les bronches soient moins élastiques. Les cartilages chondro-streno se calcifient, diminuant la souplesse de la cage thoracique, donc son volume... Cependant, la respiration consciente et amplifiée du prânâyâma retarde cette échéance.
■ Sur le plan hormonal, il y a une mise progressive en sommeil des activités des glandes endocrines avec les conséquences connues sur la vitalité et les métabolismes.
■ Un fonctionnement amoindri des émonctoires (foie, reins, ganglions lymphatiques), donc une possibilité de détoxication diminuée de l'organisme est à ajouter à ce tableau peu réjouissant.
Nous changeons physiquement et physiologiquement
mais aussi psychiquement,
ce qui nous permet de bien vivre ces mutations,
dans la mesure où nous les acceptons sereinement.
Les âges de la vie... en Occident
Tout être humain traverse psychologiquement plusieurs phases lui permettant un plein épanouissement.
Ainsi, idéalement, la petite enfance est la période de prise de contact de la réalité, des autres et du monde extérieur.
L'enfance est caractérisée par le jeu reproduisant des situations surtout imaginaires, dans une tendance à la dispersion.
Avec l'adolescence, on entre dans une phase aiguë d'opposition, de révolte à tout ce qui existe ; on souhaite refaire le monde...
Quand vient l'âge adulte, on se doit de faire face à ses responsabilités professionnelles et familiales : on va oeuvrer dans une direction donnée ; c'est l'âge de l'activité productrice...
Quand arrive le grand âge,
l'ironie parfois mordante de l'âge adulte se transforme en humour :
on ne se moque plus des autres, mais de soi-même.
On saisit mieux le caractère changeant des choses et des êtres ....
Cette phase de la vie devrait donc être plus sereine,
se déroulant dans une grande intériorité
… et en Inde
Les sociétés orientales, par tradition, avaient déjà bien défini les quatre âges de la vie, qu'il était souhaitable de respecter selon le dharma, c'est à dire l'ordre juste qui régit notre univers.
Ainsi, la phase de brhamaçarya correspond à la petite enfance et l'enfance. C'est celle de l'affirmation de la personnalité et surtout de l'étude dans tous les sens du terme, théorique et religieuse... A cet âge la pratique de yoga proposée est très dynamique.
Puis vient la phase de maître de maison, de grihasta, qui dure environ 42 ans, où s'installent une plus grande stabilité tant physique que psychique. C'est le stade de l'accomplissement familial et professionnel, de l'affirmation de soi, et d'une connaissance de plus en plus affinée... La pratique devient moins exigeante, plus intériorisée...
Antya-krama caractérise l'étape suivante correspondant à l'âge de la ménopause ou andropause... Les responsabilités sociales et familiales étant moindres, on peut consacrer plus de temps à la réflexion et à l'intériorisation. La pratique s'oriente d'avantage vers le prânâyâma et la méditation.
Une étape intermédiaire appelée vânaprasha, consistait, pendant quelques années de réflexion en se retirant parfois dans un endroit isolé pour méditer et apprendre à se détacher progressivement des choses de la vie.
Sannyâsa est la dernière étape qui signifie vivre en contact avec une force supérieure et devenir un avec elle, en se détachant des choses matérielles. Le sannyâsin n'a plus de statut social, ce qui symbolise son abandon total de toute caractéristique individuelle et signifie une totale humilité.
Conseils selon l'expérience en Yoga
- Il est conseillé d'éliminer de la pratique les postures qui mettent les articulations dans des positions extrêmes, en particulier les épaules, les genoux et les hanches,
- de faire travailler prudemment la colonne vertébrale, surtout cervicale et lombaire.
- Il est souhaitable de consacrer plus de temps au prânâyama à l'observation, et à l'assise méditative.
- Une pratique régulière reste souhaitable afin d'en obtenir les effets bénéfiques sur les appareils ostéo-musculo-articulaires, respiratoire et cardiovasculaire.