Le potager bio, je m’y mets !
Publié le 16 Juillet 2014
Revue Esprit yoga
N°7 – mai –juin 2012
D’après un article de Carole Signes
« Si tu veux être heureux toute ta vie fais-toi jardinier »
enseigne un proverbe chinois.
Le regain d’intérêt pour les potagers, « maison » est bien réel, porté par l’envie de manger plus sain. Voici donc quelques conseils pour cultiver un jardin sans pesticides, ni produits chimiques.
« Le bio, c’est un choix, un choix de vie ! » c’est en tout cas celui de Jean Bouisseren, un ancien agriculteur reconverti voilà plusieurs années à la culture biologique pour, dit-il, « manger sans crainte les raisins que je produisais et offrir cette même possibilité à tout le monde ».
Le goût pour une alimentation saine n’a jamais fait autant recette qu’aujourd’hui. ; marqués par les incidents sanitaires et les doutes qui pèsent sur l’innocuité des cultures OGM, les consommateurs se tournent vers l’agriculture biologique, mais aussi vers les producteurs locaux.
Les filières courtes – qui rapprochent les lieux de production des populations –répondent aux impératifs de traçabilité des aliments et contribuent à la réduction des émissions de gaz à effet de serre (les fruits et les légumes ne parcourant plus des centaines de kilomètres en bateau, en camion ou en avion avant d’atterrir dans les assiettes).
Du simple plant de basilic s’épanouissant sur un balcon au véritable potager, l’autoproduction prend des dimensions plurielles. Avec toujours les mêmes aspirations : le désir de manger sain et d’échapper autant que possible à la nourriture de l’agrobusiness.
« Le public est en demande de ce retour aux sources, à la terre. Cultiver ses fruits et ses légumes permet aussi une valorisation de soi », avance Carine Haag, membre de « Jardilien », un jardin solidaire basé dans les Bouches du Rhône.
Pour Jean Bouisseren, son responsable de production, le contexte de crise n’est pas non plus étranger au phénomène : « depuis un an, nous sommes de plus en plus sollicités pour des adhésions ». Ce type de structure a donc le vent en poupe : ici et là fleurissent aujourd’hui jardins ouvriers, potagers communautaires… certaines municipalités encouragent le mouvement et font sortir de terre des jardins familiaux.
On passe à la pratique ?
Première étape indispensable à la réalisation d’un potager : préparer la terre, l’aérer sans toutefois la retourner, ce qui pourrait détruire toute vie souterraine.
Avec quels outils ?
Tout dépend en fait de la surface du potager. Pour une surface de 200 m², permettant de répondre aux besoins d’une famille moyenne, nul besoin d’acquérir du matériel de professionnel. Bêche, binette et grelinette feront l’affaire. Une bonne terre est l’une des clés de la réussite d’un jardin bio. Pour cela, d’autres pratiques vont se révéler indispensables.
« Biologiques veut dire vivant », explique Jean Bouisseren. Ainsi, il va falloir encourager l’activité du sol en apportant de la matière organique qui sera ensuite décomposé par les vers de terre, les araignées et autres insectes. Des déchets hautement nutritifs pour les plantations… engrais verts ou compost remplissent cet office.
Il est possible de fabriquer soi-même le compost en observant une règle d’or : respecter le bon dosage, mélanger en quantité égales les matières brunes (feuilles mortes, copeaux…) et les matières vertes (pelures de légumes, gazon…) pour conserver un rapport carbone/azote parfait. Une fois les déchets mi en tas dans un coin ombragé du jardin, il reste à humidifier le tout et à l’aérer de façon régulière en le remuant avec une fourche.
D’autres pratiques complémentaires permettront de maintenir la fertilité du sol.
Le paillage, par exemple, consiste à déposer herbes et paille sur la terre sans toutefois recouvrir les plantations. Ce geste présente plus d’un intérêt : il préserve la vie au sol, réduit la repousse des mauvaises herbes, attenu l’échauffement du sol en été, prévient le gel en hiver…
Ne sous-estimez pas non plus l’importance des rotations, l’un des fondements de l’agriculture biologique.
Le principe ?
D’une année sur l’autre, ne plantez pas les mêmes légumes au même endroit. Cela permet aux maladies de ne pas s’installer durablement. Par exemple, le mildiou de la tomate va peu à peu disparaître si vous prenez soins de cultiver d’autres légumes sur la parcelle infestée pendant quelques années. Lorsque vous reviendrez à la culture des tomates, les plants n’auront plus à souffrir de cette maladie, la terre ayant été nettoyée. Par ailleurs, chaque espèce puisant des éléments différents pour s’épanouir, la rotation permet aussi de ne pas appauvrir trop rapidement le sol.
Parasites et maladies : les solutions
Autre impératif : opérer un choix judicieux dans les plantations. Car selon le sol et la météo, certaines espèces sont logiquement vouées à pousser mieux que d’autres ; « Inutile de s’essayer à l’endive en Provence ! L’aubergine ou tout autre légume nécessitant un climat doux ne s’épanouira pas dans le nord de la France.
Notre témoin bienveillant insiste sur un point méconnu des apprentis jardiniers : l’association bénéfique entre les espèces.
« Un grand classique ce mariage heureux est celui du poireau et de la carotte. La teigne du premier et la mouche de la seconde sont spontanément éliminées grâce au voisinage des deux légumes. Autre compagnonnage intéressant, déjà pratiqué par les Incas : le haricot grimpant, le maïs en guise de tuteur et la courge, trois légumes qui s’épanouissent en véritable symbiose. »
Prodiguer à la terre tout ce dont elle a besoin ne suffit pas à garantir la santé des cultures. Les maladies et les parasites viennent trop souvent jouer les troubles fêtes. Il faut alors se montrer réactif ou, mieux encore, anticiper ! Pour ce faire, le jardinier bio a plus d’un tour dans son sac. « Dans un petit potager, on ne rencontre pas de gros problèmes, si ce n’est les tracas inévitables, nous rassure Jean Bouisseren. IL est ainsi difficile de faire pousser des courgettes sans se heurter à l’oïdium. Dans cas précis, il suffit de réaliser un soufrage tous les treize jours, une solution moins contraignante que les décoctions de prêle, à appliquer tous les trois ou quatre jours. »
La nature ne vous laisse pas démuni non plus face aux parasites.
Les pucerons trouveront un adversaire de taille avec la macrolophus, une race de coccinelles particulièrement redoutable. La botanique apporte aussi des réponses. Les plantes à odeur répulsive telles que le basilic ou encore l’œillet d’Inde permettent d’éloigner les insectes et les pucerons. Enfin, il est possible de jouer sur l’hygrométrie pour combattre l’araignée jaune qui prospère dans les terrains trop secs. L’humidité attire les araignées rouge qui mangent les jaunes et ne sont pas néfastes pour les plantations.
Avec un peu d’expérience nourrie par des échanges fructueux avec d’autres jardiniers amateurs, vous saurez trouver une réponse appropriée à tous les problèmes. Mieux protégés des maladies et de parasites, vos fruits et légumes prospéreront et au fil des saisons et le rendement de vos plantations augmentera tout naturellement.
Proposé par Dominique Bart
Pour aller plus loin :
A lire : Manger local, par Lionel Astruc et Cécile Cros, aux éditions Actes Sud