Le banian : l’arbre de la connaissance suprême
Publié le 31 Juillet 2013
Plantes & Santé
N° 137 – juillet –août 2013
D’après un article de Christine Saramito
Arbre symbolique chez les hindouistes et les bouddhistes, le banian de l’Inde est l’une des plus insolites preuves de la créativité de la nature. Il nous ouvre l’accès à un ailleurs pas seulement exotique…
La Symbolique : le banian, s'éveiller
La Bhagavad - Gitâ (le chant du Divin) reprend les 18 chapitres centraux du Mahabharata, l’un des textes les plus importants de l’hindouisme. C’est un grandiose poème épique en sanskrit du IIe siècle av. J.C. Dans l’un de ses versets, la Bhagavad-Gitâ fait référence au banian :
« Le seigneur bienheureux dit : " il existe un arbre, le banian, dont les racines pointent vers le haut, et vers le bas pointent les branches ; ses feuilles sont les hymnes védiques. Qui le connaît, connaît les Védas. " » Autrement dit, les enseignements de la connaissance (véda) ultime.
Dans le même ouvrage, un moine hindou, swami Prabhupada, poursuit : « Celui qui cherche à s’échapper de l’existence matérielle doit connaître le banian en profondeur, en l’étudiant de façon analytique. Alors il pourra trancher les liens qui l’y retiennent. »
Cet arbre nous attend en Asie. Et à nos yeux d’occidentaux il pourrait apparaître comme un symbole de solidarité et d’interdépendance.
Car ce sont ses branches aériennes tombées au sol qui deviennent racines à leur tour. Dit autrement, l’un donne naissance à l’autre qui lui-même donne naissance encore. Chacun est autonome et interdépendant à la fois. Et ainsi la vie repart, sur un, puis deux puis dix voire mille nouveaux pieds, en torsions et en branches de fuite, pour une croissance folle qui peut durer plus d’un millier d’années et s’étendre sur plusieurs hectares !
Toutefois pour qu’apparaisse le tout premier de son espèce, banian de l’Inde, aussi appelé figuier du Bengale ou figuier étrangleur, ne fait pas de quartier.
Il phagocyte un autre arbre, l’enserre et grandit aux dépens de son tuteur jusqu’au moment où celui-ci meurt étouffé. Ainsi va la nature ? Transformations sans cesse ? Ce n’est sans doute pas un hasard si le banian a surgi sur des terres fertiles en poètes, en sages et surtout en grands mystiques qui prônent une sagesse venue de la connaissance de l’impermanence et des cycles de la vie. Bouddha aurait atteint l’éveil sous un banian. Et la Bhagavad-Gitâ en fait l’arbre de la connaissance suprême.
Les Sud-Américains le surnomment l’ « arbre qui marche ».
Ses grosses pattes d’éléphant savent toutefois se faire lianes pour parfois enserrer des lieux sacrés comme au Cambodge ou au Vietnam. On raconte qu’Alexandre le Grand a fait bivouaquer une armée entière à l’abri de l’un de ces spécimens. Sans aller jusque là, de très nombreux banians peuvent toutefois abriter des centaines de personnes. C’est du reste à cette faculté de généreuse hospitalité que l’arbre doit son nom. En effet, il y a des millénaires, des marchands (vaniyan en langue tamoule) de la caste des brahmanes, avaient l’habitude d’installer leur commerce itinérant sous ses arches protectrices. Et si son écorce, ses fruits et ses feuilles offrent des propriétés médicinales, méditer à l’ombre de cet arbre aurait des vertus plus essentielles encore.
Ses propriétés : doué pour soigner
En médecine ayurvédique, toutes ses parties sont largement utilisées.
Ses racines, séchées, réduites en poudre et mélangées à du lait, sont le seul aliment autorisé au début du cycle des femmes stériles. Sa sève laiteuse traite les inflammations cutanées et les verrues ; son latex, les plaies et les ulcères. En infusion, ses bourgeons sont utilisés contre la diarrhée et la dysenterie. Son fruit calme les muqueuses mais peut aussi servir de laxatif léger. Et les extrémités de ses racines aériennes aident à la prévention des soucis de gencives au point que certaines brosses à dents sont taillées dans ces racines !
Le banian est doté d’une énergie particulière
Méditer sous sa protection
En Inde, en Thaïlande ou au Sri Lanka, l’arbre sacré est planté tout près des lieux de dévotion. On vient y déposer des offrandes ou simplement prier et méditer, comme dans une cathédrale ouverte aux vents. Il invite au lâcher-prise, à déposer son mental, à faire le vide.
Se nourrir de l’énergie du ciel
En médecine ayurvédique, le cops est souvent considéré comme une sphère : au-dessus, le ciel, et de l’autre coté, une fois le cops traversé, le ciel encore ! Racines et somme sont donc intimement liés, comme pour le banian.
Etre un et apaisé
La forme du banian invite à se connecter à des dizaines de petites racines ou branches qui deviendront d’autres troncs. Il permet de sentir les interdépendances invisibles, les connexions, La compassion n’es pas loin. Le sourire de béatitude non plus. L’éveil est peut être tout proche…
Fiche signalétique : Banian de l’Inde – Ficus benghalensis
Le banian de l’inde appartient à la famille des Moracées, du genre ficus, originaire de l’Inde, du Pakistan et di sri Lanka.
Habitat : acclimaté au climat tropical, il a été importé aux Antilles mais notre climat tempéré ne lui convient pas.
Longévité : jusqu’à 1500 ans
Spécificité : peut avoir plus de 500 troncs et couvrir des centaines de mètres carrés.
Fruits : ses petites baies rouges, les figues de banian, ne sont pas comestibles par l’homme mais appréciées de certains oiseaux qui en dispersent les graines.
A ne pas confondre : avec le banian du pacifique, originaire d’Océanie et de Polynésie. Sacré lui aussi, il enchevêtre ses troncs plutôt en haut.
Proposé par Dominique BART