« La méditation en pleine conscience a changé ma manière de soigner »…..
Publié le 8 Janvier 2014
Les carnets du yoga
N° 322 - Décembre 2013
La journaliste Elisabeth Marshall a interrogé Jean-Gérard BLOCH.
Ce médecin rhumatologue a créé le 10 Février dernier à Strasbourg un diplôme universitaire « Médecine, méditation et neurosciences ». C’est la première fois que la méditation entre à l’université.
Cet instructeur MBSR (réduction du stress basée sur la méditation de pleine conscience) s’attache à promouvoir une autre approche de la médecine du corps-esprit.
Quel est l’objectif de ce diplôme ?
La MBSR est un programme de huit semaines qui a été formalisé par Jon Kabat-Zinn et a fait ses preuves depuis 30 ans aux USA. Ce programme se compose d’exercices et de pratique quotidienne pour apprendre à vivre en pleine conscience et retrouver son potentiel de vie, au–delà de la maladie.
Des recherches ont pu valider des résultats, notamment pour accompagner des douleurs chroniques auxquelles la médecine traditionnelle ne répond pas complètement.
Avec qui allez-vous commencer ?
Avec un groupe de 50 personnes, des professionnels en exercice, avec ou sans pratique au préalable de la méditation. Le diplôme est également ouvert aux chercheurs car une des intentions est de susciter des recherches de biologistes ou de cliniciens.
Comment allez–vous faire découvrir la méditation aux personnes
qui vont suivre le diplôme ?
Il y aura moitié pratique et moitié théorie. Nous traiterons tous les aspects de la méditation que nous apprendrons à pratiquer. Nous proposerons aux participants de vivre en deux fois une semaine une expérience personnelle de la pleine conscience.
Que cherche-t-on dans la pleine conscience ?
Porter volontairement son attention est un travail, qui va à l’encontre de la propension naturelle du cerveau à aller vers tout ce qui va vite et passe.
La pleine conscience est cette conscience qui émerge quand on porte son attention volontairement, de façon délibérée, sur ce dont on fait l’expérience, dans l’instant, sans jugement, instant après instant.
On découvre que l’esprit est bien plus qu’un cerveau qui pense ?
Avant, on pensait que le corps et l’esprit étaient séparés ; puis on a découvert qu’il y avait une influence de l’esprit sur le corps avec la découverte du stress (on peut par exemple aggraver un ulcère à l’estomac par l’anxiété).
Et on comprend aujourd’hui que ça marche dans l’autre sens, le corps influence aussi l’esprit. Au travers de la méditation, on se dirige vers un fonctionnement unifié des deux.
La méditation n’est donc pas qu’un outil de guérison ?
C’est un accompagnement de ce qu’on a à vivre, agréable ou désagréable. Dégager chaque jour 45 minutes de son temps c’est être suffisamment bienveillant avec soi pour suivre des exercices formels de méditation et aussi des exercices informels, à travers la vie courante en portant par exemple son attention sur l’expérience vécue dans l’instant présent dans le métro.
La méditation n’est pas faite pour remplacer les médicaments mais les patients disent qu’ils dorment mieux et supportent mieux leur traitement.
La façon dont ils se relient à leur maladie est modifiée et la maladie elle-même peut s’en trouver parfois modifiée.
Personnellement, qu’est-ce que cela a changé dans votre métier ?
Le patient récupère une part de pouvoir personnel et d’autonomie ; je ne le vois plus seulement comme un malade mais comme une personne à part entière corps et esprit chez qui il y a plus de choses qui fonctionnent bien qu’il y en ait qui dysfonctionnent.
Dans la méditation on s’adresse à un niveau fondamental de l’être humain où il n’y a plus médecin ou patient. On laisse tomber la blouse et les protections.
Proposé par Christiane Delabre