Le soin des maisons
Publié le 20 Novembre 2024
- journal du yoga
253 – novembre décembre 2023
Rencontre avec Laurent Montels, par Pauline Lorenceau
Les lieux de vie sont le reflet de notre relation au monde. Se connecter à l'habitat, pour celui qui exerce le Vastu Shastra, demande une hypersensibilité à l’espace, aux ondes, à l'énergie du lieu, à son histoire, un discernement subtil et une complète disponibilité que l'on acquiert notamment par la pratique du yoga et de la méditation.
Accepter de ne rien comprendre pour faire entrer la lumière.
JDY - Qu’est-ce que le vastu shastra ?
Laurent Montels - Le Vastu Shastra est la science indienne de l’habitat et pense l'énergie de la maison. C'est une discipline qui vient de la tradition védique de l'Athardaveda. A l'origine, elle est dédiée à la construction des lieux sacrés. Au 19è et 20è siècles, elle a suscité un regain d'intérêt avec des écrits plus contemporains et plus accessibles.
Aujourd'hui nous pouvons parler de trois Vastu :
Le Vastu Sapatia qui est une déclinaison de la forme la plus originelle et qui est avant tout une science de construction du bâtiment reliée à l'architecture, en se préoccupant davantage de l'énergie que de ses aspects techniques.
Le deuxième Vastu est plus populaire et se rapproche de Jyotish, l'astrologie védique. Il est consulté pour savoir quel est le moment opportun pour entrer dans sa maison.
Et un troisième Vastu, une déclinaison thérapeutique, qui propose de donner une orientation vastu à un bâtiment qui ne l'est pas, de la guérir de certaines malformations liées à la construction, de l'harmoniser.
JDY Qui vous a transmis cet art ?
L.M. Mon maître faisait partie de la famille Podar, immensément riche qui est à l'origine de l'installation de Sri Aurobindo à Pondichéry. Il a été « l'enfant » de l'ashram. Très tôt Mère lui a dit qu'il serait architecte et qu'elle lui apprendrait le Vastu Shastra. Elle l'a énormément influencé dans une approche plus moderne d'un vastu curatif. J'ai appris à la traditionnelle pendant 11 ans, en étant ses petites mains. Je posais beaucoup de questions auxquelles il répondait rarement !
JDY Nous sommes dans le symbole ?
L.M. La symbolique d'une maison est très forte. Nous parlons de chez soi, c'est la structure où nous nous ressourçons, où nous nous protégeons. En vastu nous parlons de la troisième peau (après notre épiderme et les vêtements).
Il y a une réalité derrière le Vastu, mais le résultat s'appréhende de façon subjective. Lors d'une consultation Vastu, on part d'un état initial où l'énergie ne vibre pas, c'est lourd et on a l'impression que le lieu est mort. Au bout de deux à trois heures, on sent dans son corps que le lieu s'est réveillé.
JDY Comment se passe une consultation ?
L.M. Une consultation Vastu se préoccupe de trois aspects pour le bâtiment : la géobiologie, le structurel de l'habitat et sa mémoire.
Dans le sous-sol, il y a un réseau tellurique, magnétique terrestre que vous pouvez observer avec la boussole. Il s'organise comme un maillage cardinal en surface du globe, un peu comme un filet de pêche, orienté nord-sud, est-ouest. A la jonction des lignes, nous trouvons des nœuds « Hartmann »* qui peuvent être plus ou moins puissants et donc perturbants.
La deuxième préoccupation du Vastu porte sur les questions structurelles : comment est le terrain, comment la maison y est plantée, ses proportions, son orientation, l'organisation interne…
Et enfin la mémoire du lieu, est-ce qu’on y médite ? On en augmente sa vibration. Mais les conflits, la violence vont le tirer vers le bas... Les maisons nous influencent mais nous aussi ! C’est à double sens.
Proposé par Catherine Cuney et Annie Bianchi
A lire :
« Le Vastu Shastra, un art traditionnel indien pour être bien chez soi », de Laurent et Lydie Montels. Ed. Dervy. 2023 ; 120p.