Écologie intérieure

Publié le 25 Juillet 2024

KAISEN

n° 36 - janvier, février 2018

Par Gilles Farçet, écrivain

 

Qu'est-ce au juste l'écologie intérieure, sinon une perspective par laquelle je me vois non plus comme centre de l'univers, à la fois possesseur de ce monde et séparé de lui, mais comme une partie d’un Tout dont je ne saurais être jamais séparé, dans une radicale interdépendance ?

Le fondement de l'écologie intérieure, n'est pas, comme on pourrait le croire, le rapport à l'univers, mais le rapport à soi-même en tant que partie de cet univers.

Petite illustration à travers la vie d'un groupe :

Après avoir fonctionné quatre années durant sous la conduite souple, mais très rigoureuse, de deux animateurs chevronnés, un groupe de parole prend fin pour que d'autres participants puissent en profiter. Il est cependant proposé aux personnes y ayant pris part depuis le début de continuer à se rencontrer, mais sans les animateurs. Voilà donc le groupe devenu, de fait, autogéré.

Au moment de recueillir les témoignages à l'issue du premier week-end dans cette configuration, les animateurs étaient un peu inquiets, même s'ils avaient fait le pari que les années de travail écoulées auraient amené les participants à l'autonomie, ce qui est après tout le but de cette forme d'éducation.

Miracle, tout s'était très bien passé, en dépit de quelques tensions passagères et vite traversées.

Miracle ? Non. Comme l'exprima une participante ayant fait toute sa carrière dans le management : « Tous les bouquins spécialisés tournent autour de la question sans jamais arriver à la cerner, et pour cause :

Le fonctionnement d'un groupe autogéré ne repose pas sur la question dudit groupe, mais sur la gestion de soi-même par chaque participant. »

Pendant les quatre années de fonctionnement du groupe géré par les animateurs, l'accent n'était pas mis sur le groupe, mais sur chacun. Il n'y avait pas de « retours », hormis ceux faits par les deux animateurs. Chaque participant s'exposait au sein du groupe sans que ce dernier soit invité à intervenir autrement que par son accueil. En procédant ainsi, les participants semblaient bien avoir appris l'autogestion. ...d'eux-mêmes ! Laquelle garantit ensuite celle du groupe.

Pour cela, une seule approche : avoir l'intention spirituelle, autrement dit écologique, de participer à un Tout qui nous dépasse.

Quand je me manifeste, est-ce parce que j'ai besoin de prouver quelque chose, par peur que l’autre occupe le terrain et ne me laisse pas de place, pour tenter de prendre le pouvoir ?

Est-ce que j'interviens en tant qu'ego en compétition avec d'autres ego, ou en tant que personne en lien avec un ensemble dont je fais partie et dans l'intention de servir cet ensemble – y compris moi-même ?

Il n'y a de groupe autogéré que composé de participants qui s'autogèrent dans l'intention de contribuer au Tout, qui est plus que la somme des parties. Cela ne s'apprend pas dans les manuels de management ou des formations au groupe,

mais par un travail rigoureux, pour lequel le groupe est un puissant outil et un révélateur qui se fait dans l'intime de la personne.

Sans ce travail de remise en place de l'ego, à la racine de la démarche dite spirituelle, toute démarche écologique risque fort d’en rester au stade de vœu pieux.

 

 

Proposé par Catherine Cuney et Annie Bianchi

Rédigé par UCY

Publié dans #Spiritualité-philosophie

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