L’écoféminisme est un nouvel humanisme

Publié le 14 Avril 2021

KAISEN

Mars avril 2021   N°55

D’après une interview de Jeanne Burgart Goutal

 

Jeanne Burgart Goutal enseigne la philosophie et le yoga. Dans son ouvrage « Être écoféministe » elle montre que les écoféministes du monde entier sont reliées par la lutte contre toute forme d’oppression et l’idéal d’un monde plus juste, où chaque être vivrait dans un environnement social et naturel sain, connecté à ses émotions.

Être écoféministe est-ce l’addition d’un engagement écologiste et d’un engagement féministe ?

Le point commun de toutes les luttes et de toutes les pensées écoféministes, c’est de se placer à l’articulation de l’écologie et du féminisme ; l’écoféminisme élargit l’horizon du féminisme. L’écoféminisme est un nouvel humanisme.

 

Sur quels combats se mobilisent les écoféministes ?

En Europe elles se mobilisent contre le nucléaire, contre les problèmes de santé liés à l’environnement, pour la sécurité alimentaire.

Ailleurs dans le monde, des collectifs de femmes s’opposent à l’extractivisme minier, à l’artificialisation de l’agriculture, au brevetage des semences et du vivant.

De manière plus diffuse en Occident, des femmes impulsent des mouvements de décroissance, de retour à la terre.

 

A quoi ressemblerait une société écoféministe ?

L’horizon écoféministe ce sont des petites communautés mixtes, autogérées, autosuffisantes qui mettraient l’accent sur l’égalité entre femmes et hommes et la préservation de la nature.

Pour commencer à bousculer la société actuelle la militante américaine écoféministe Starhawk propose de remplacer la structure pyramidale (de l’état, entreprise ...) qui hiérarchise, par un cercle.

 

Quelles idées réjouissantes apporte l’écoféminisme ?

Plein de jeunes femmes commencent à s’intéresser aux plantes, à la nature, aux savoirs traditionnels.

Elles se rendent moins dépendantes du système industriel et deviennent plus autonomes concernant leur santé, leur alimentation. Ces femmes proposent aussi de cesser de penser le monde en termes de dualités : corps/esprit, intellect /émotion…..

Pour elles la spiritualité, l’intuition ne sont pas les ennemis de la rationalité, de l’objectivité ni de la maitrise technique.

 

Quelles sont les limites du mouvement ?

Les idéaux sont radicaux, révolutionnaires et le mouvement veut lutter contre toutes les formes d’oppression imbriquées ; le passage à la pratique est donc compliqué.

Autre limite : les membres des collectifs écoféministes européens sont majoritairement blanches, diplômées et issues de classes moyennes ou supérieures. Mais au moins elles font connaitre les luttes environnementales menées par des femmes de quartiers populaires ou ruraux, de pays du Sud, pour sortir du récit dominant, dont les héros restent souvent des hommes blancs.

 

Les hommes ont-ils leur place dans ce mouvement ?

Concrètement dans les collectifs écoféministes les hommes sont rares ; pourtant le rôle des hommes est essentiel. Les écoféministes les invitent à renouer avec leur sensibilité, leur corps avec des possibilités d’être que le patriarcat a étouffées : prendre soin des autres et du foyer, câliner leurs enfants, être doux et aimants.

Ce que les hommes ont à y gagner, c’est la satisfaction de vivre dans un monde plus juste.

 

Proposé par Christiane Delabre

 

Pour aller plus loin :

Jeanne Burgart Goutal, qu'est-ce que l'écoféminisme ? https://www.franceculture.fr/emissions/les-chemins-de-la-philosophie/les-chemins-de-la-philosophie-emission-du-vendredi-18-septembre-2020

Rédigé par UCY

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