Zen, l’autre rive

Publié le 10 Février 2010

Sources

N° 12 - Août/septembre/octobre 2009

 

Silvia Ostertag, Rin-un-Roshi, fut accompagnée au début de son cheminement spirituel par Karlfried Graf Dürkheim, puis par Wiligis Jäger, Koun Roshi. Avec son mari, Albrecht Ostertag, elle dirige en Bavière la Bildungsstätte Seeg, centre de méditation et de pratiques artistiques et thérapeutiques. Elle a été autorisée par l'Ecole Sambo Kyodan à enseigner le Zen.

Elle commente ici un mantra de la Prajnaparamita, la Perfection de la sagesse.

 

ZEN, Mot magique ! 

«Gate gate paragate parasamgate bodhi svaha. »  

Ce sutra classique, est récité dans les monastères zen ainsi que dans les centres zen européens où il est souvent repris durant les sesshin pendant lesquelles on pratique zazen du matin au soir.

            « Parti, parti, parti vers l'autre rive, parvenu à l'autre rive, oh sagesse, oh oui. »

Oh oui. Qu'il serait beau d'être arrivé là-bas. Parvenu à l'autre rive.

Qu'est-ce que c'est l'autre rive ?

Là-bas, sur l'autre rive, peut-être fait-il toujours beau ?

Peut-être l'air y est-il meilleur ?

Là-bas, peut-être les jours sont-ils plus longs, assez pour ne pas être pris dans le stress quotidien ?

Et les nuits, sont-elles assez longues pour dormir suffisamment ?

...

Chacun se fait une image de l'autre rive, image inconsciente et souvent grossière, superficielle.

« Parti, parti. » Echapper à l'insupportable étroitesse de tous les jours. Echapper à l'absurdité des situations sans solutions. Echapper à soi-même. Echapper.

Parole sacrée, parole remplie de l'expérience de l'humain. Parole d'une force particulière, parole qui rappelle l'expérience dont elle est remplie, qui éveille une intuition, un pressentiment, à condition de ne pas le couvrir par l'habituelle illusion.

Ce mantra ne parle pas d'un miracle, mais d'un chemin. Il parle de quelqu'un qui est parti. Qui ne rêve pas d'être parti. Il a quitté quelque chose et il est en chemin. Il a quitté ses habitudes narcotisantes, il a cessé de se nourrir d'illusions, et il est en chemin vers l'éveil, en chemin avec son exercice...

Cet exercice, c'est l'exercice de l'attention...

 « Alors quittons toutes les actions extérieures et mettons-nous dans une position qui permet l'attention droite et concentrée : Yeux ni grands ouverts, ni fermés. Rien ne bouge. Si, la respiration. » Quand rien d'autre ne bouge, c'est le contenu le plus frappant : ce va-et-vient de la respiration. Pénétrer au fond de ce qui touche l'attention. ..

 On peut alors tomber dans des pièges, celui de la déception car le résultat ne s'installe ni de la façon espérée ni au moment attendu. Un autre est la manie de perfectionner l'acte sur lequel se pose l'attention au lieu de continuer avec patience à regarder le va-et-vient de la respiration.

...

On est seul sur ce chemin, en effet. On ne peut pas copier... il faut savoir demander conseil.

Le Zazen est la base de l'exercice zen qui se poursuit tout au long de la journée. En portant attention à chaque situation, sur chacun de nos pas...

...

Même si, au début de la pratique, on n'en est pas conscient, lorsqu'on travaille sur soi-même, on ne pratique pas pour soi-même. Grâce à chaque pas réalisé dans la pratique, on se rapproche de l'expérience qui éveille à un amour compatissant, motivation cachée derrière le souci pour soi-même.

...

Le mot « svaha » est une exclamation d'affirmation. « Oh oui, c'est ainsi ! » Qu'est-ce qui est ainsi ? Ce moment unique. Quel qu'il soit, il est l'expression de la dimension qui n'a ni nom, ni forme, ni temps. Ce moment.

 

 

 Par Monique Guillin

 

Rédigé par UCY

Publié dans #Spiritualité-philosophie

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