La prière du cœur
Publié le 3 Février 2021
Le Journal du Yoga
Janvier 2021 n°223
D’après un article de Laurent Jouvet
La prière du cœur ou prière de Jésus ou prière perpétuelle est née dans la tradition hésychaste (tradition spirituelle monastique basée sur l’hésychia, le silence et la paix intérieure) dans les déserts du Moyen-Orient.
Elle est pratiquée activement encore aujourd’hui dans le monde orthodoxe et dans les monastères d’Occident. Qu’elle soit invocation ou intention, récitation de mantra, méditation, cette recherche de l’unité avec le divin n’est-elle pas le propre à l’homme ?
Quelles sont ses origines ?
La tradition hésychaste* est d’abord une spiritualité de moine, d’ermite se consacrant entièrement à l’union avec Dieu. Au cours des siècles des rassemblements d’ermites ont été à l’origine des monastères. Ce courant très dépouillé, pratiquant la prière du cœur, s’est ensuite dispersé dans l’Occident et l’Orient chrétien et surtout en Grèce et en Russie.
La prière du cœur a connu un succès populaire sans doute à cause de sa très grande simplicité et de l’absence d’un appareil conceptuel théologique compliqué.
Les textes
Un résumé de l’enseignement des premiers moines a été compilé dans « la philocalie des pères neptiques »*², elle contient des informations essentielles sur cette spiritualité. L’ouvrage « Récits d’un pèlerin russe » (1880, anonyme) a marqué l’histoire de la prière du cœur.,
Son but
Cette tradition vise un état de calme et de silence intérieur, un état libéré des passions, état tout entier tourné vers la présence de Jésus dans l’âme grâce à la prière du cœur. Le but ultime est la divinisation de l’homme, l’union à Dieu.
La prière sans distraction produit dans l’âme la pensée constante de Dieu, la répétition du nom de Dieu, le souvenir de Dieu qui sont considérés comme la présence de Dieu au fond du cœur. Dieu agit alors directement dans le priant et le transforme.
La pratique
La pratique est simple mais pas magique. Elle demande une attention de tous les instants et une persévérance sur le long terme.
Répétition et respiration
Sur l’inspiration prononcer « Seigneur Jésus »
et sur l’expiration formuler la demande « prends pitié de moi » ;
pour garder l’attention sur la prière, le moine s’aide d’une sorte de chapelet ; à chaque inspiration il égrène un nœud ou une perle du chapelet ce qui fixe l’attention corporelle.
Quels sont les fruits d’une pratique juste ?
Une évidence de la présence de Dieu dans la confiance au-delà des sens.
Une grande joie paisible
Une grande reconnaissance qui s’exprime souvent par des larmes de joie
Un immense amour pour Dieu, les autres hommes, la création, une liberté dégagée des conventions.
Proposé par Christiane Delabre
Notes sur l’auteur : Après un parcours monastique, Laurent Jouvet pratique et enseigne le silence intérieur comme porte ouverte sur la Source intérieure. Il enseigne dans différents monastères et institutions en Europe, au-delà de tout dogme et de toute rigidité.
Vous trouverez sur son site tous ses écrits : http://jouvet.org/wordpress-3/
* L'hésychasme (du grec ancien « immobilité, repos, calme, silence ») est une pratique spirituelle mystique enracinée dans la tradition de l'Église orthodoxe.
*² La Philocalie des Pères neptiques ou Grande Philocalie grecque est une anthologie de textes écrits entre le IVᵉ et le XVᵉ siècles par des maîtres spirituels de l'orthodoxie, relevant de l'hésychasme.