Les saisons du corps – extraits des conférences de Christiane Singer

Publié le 11 Novembre 2020

Les Carnets du Yoga

Juillet 1995 – n° 171

Article de Françoise Blévot

 Il faut écouter Christiane Singer, la regarder, se laisser porter par sa parole comme elle nous dit de nous laisser aller dans le courant de la vie…

J’ai donc « lancer ma ligne », au fil des phrases, pour en remonter quelques-unes parmi les plus marquantes, et les livrer telles quelles, sans chercher à « faire un résumé ».

 

«Ce n’est pas la vie qui fait mal, c’est de ne pas se laisser porter par son flux. Tant que nous nous laissons porter par la confiance, il n’y a pas de souffrance… La souffrance commence là où je me bats, là où je nage contre le courant.»

«Mettre un bâton dans la roue du temps comme cette comtesse hongroise qui, pour ne pas vieillir, se baignait dans le sang d’enfants enlevés par ses serviteurs. Cette horreur se prolonge sur les étagères de nos salles de bains… Il faut savoir à quoi je participe.

A quelle industrie mortelle j’apporte mon soutien ?»

 

« La vie est l’art de la métamorphose.

  • Cette femme que vous avez devant vous a déjà enterré un enfant, l’enfant qu’elle a été, une enfant joyeuse.
  • Puis une adolescente embarrassée dans ses jambes, pour qui ce n’était plus le bonheur du début.
  • Puis c’est une jeune femme qui a enterré une jeune mère, qui a enterré une femme mûre, qui a enterré une femme féconde…
  • Je suis alors entrée dans une seconde fécondité, et j’enterrerai la femme mûrissante que je suis en devenant la vieille femme qui est en moi, puis la très vieille femme, puis la morte, celle qui fera le passage.

 

A chaque fois que j’ai quitté un espace, j’ai reçu le cadeau d’entrer dans un autre, malgré la souffrance qu’il y a toujours à quitter les terres connues. D’un pays à l’autre, il y a le passage par la mort… Puis l’entrée dans un nouvel espace de richesses … La vie comme école de métamorphose.»

 

«Les vieilles personnes sont là pour nous refléter l’immortalité dont elles sont si proches. Le vieux qui regarde la télévision au lieu de contempler le fleuve qui coule ou l’horizon sur la mer ne peut plus nous la transmettre… Ne jamais oublier d’où je viens et où je vais, sinon c’est l’incompréhension totale du sens de mon passage sur terre.»

«La vie donne ainsi maintes fois l’occasion d’apprendre à mourir. Cet apprentissage nous est offert dans chaque respiration… Dans chaque expir, je restitue toute cette richesse qui m’a été donnée dans l’inspir, j’accueille et je Te rends ce que Tu m’as donnéAvant de m’endormir je restitue le jour que j’ai reçu et j’entre dans ma petite mort de la nuit. Sachons partir sans laisser de traces, que ce soit pour quelques heures, ou pour toujours, sans « retenir », sans laisser de ficelles accrochées derrière soi…»

 

« Le plus grand travail que nous puissions faire sur cette terre, c’est d’effacer les traces de nos souffrances avant de partir,

de ces biographies si torturées qui sont les nôtres, faire de l’ordre, réconcilier toute cette part de nous-même, aller vers ce qui a souffert en nous, le regarder encore une fois, faire œuvre de délivrance pour que ce que j’ai été sur cette terre soit au moins une enclave libérée.

C’est une drôle de tâche… ! Etre ce lieu où les griffes de la souffrance ne peuvent plus s’accrocher. » « Les traditions ne sont pas des choses qui nous sont imposées de l’extérieur ; ce sont des images, des métaphores qui reflètent nos nostalgies les plus profondes, qui entrent tout de suite en résonnance.

 

Dans la tradition védique, il y a les trois fois sept ans de la jeunesse, puis les six fois sept ans que l’on doit à la société. A 63 ans, l’homme se défait de ses habits, il se dépouille pour aller à la rencontre de Dieu. C’est le grand sommet.

Dans la tradition hassidique, tout est d’égale dignité : il y a quatre manières d’appréhender le monde, qui sont autant d’étapes. Manquer l’une d’elles est suicidaire.

 

  • Première étape, l’enfance. Absorber le monde tel qu’il est, vivre sa fraicheur, sa présence immédiate.
  • Deuxième étape, le monde entier va être pris dans la parole, le concept. L’appréhension discursive des choses et du monde…Le danger est de s’y perdre.
  • Troisième étape où tout ce que j’ai appris va être marqué dans ma chair, les entrailles, « à vif ». L’épreuve du feu… La jubilation de l’amour … et ses désastres.
  • Quatrième étape, l’ange réapparaît. L’ange qui farde l’enfant dans le ventre de la mère, comme dit le Tamud, accompagne maintenant le vieillard. Tout ce qui m’a écartelé va être réunifié. Il n’y a pas de vie sans oubli, il va falloir tout réapprendre.

Tout se réunifiera au moyeu du cœur. C’est la réconciliation finale. Tout ce que j’ai cru séparé n’est qu’un. Nous avons à reconquérir après avoir traîné le long de cette existence comme des mendiants recouverts de poussière, grandissant de défaite en défaite… »

«Je suis le divin un instant séparé…»

 

Proposé par Catherine Cuney et Martine Oehl

Rédigé par UCY

Publié dans #Spiritualité-philosophie

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