Les livres qui ont changé ma vie

Publié le 1 Juillet 2020

 

Sources pour une vie reliée

N°45 -  Avril - mai - juin 2019

 

 « Peu de livres changent une vie. Quand ils la changent,

c’est pour toujours, des portes s’ouvrent que l’on ne soupçonnait pas,

on entre et on ne reviendra plus en arrière ». Christian Bobin

 

Propos recueilli par Nathalie Calmé

 

Joshin Bachoux Sensei

Après sa découverte du zen Joshin Sensei a passé plusieurs années au japon dans un temple dirigé par Maître Moriyam. Après avoir reçu l’ordination monastique en 1986, et le Sceau de la Transmission en 1990, elle est revenue en France pour y enseigner la Voie du Bouddha.

Adolescente, entre quatorze et dix-sept ans, j’ai beaucoup, beaucoup lu, sans doute pour échapper à des situations familiales difficiles. Deux livres ont laissé des traces et ont été formateurs.

On m’avait offert le premier, paru dans la belle collection terre Humaine, dont j’ai dévoré ensuite tous les livres : « Louons maintenant les grands hommes », de l’écrivain américain James Agee, avec photographies de Walker Evans. Ce livre a été une révélation car il décrit la vie des fermiers du sud des Etats-Unis, dans les années quarante, ces « petits Blancs » pauvres, au bord de la misère, dont ils nous montrent les corps, la détresse, avec poésie et respect. Le contraste entre le récit, les photos et le titre m’a impressionnée et fait envisager un monde où la grandeur ne serait pas là où on me l’avait appris, dans l’argent ou la réussite sociale. Dans ma famille, un peu bourgeoise, les grands hommes étaient les riches et les puissants. J’ai été impressionnée car ce livre me montrait le monde sous un autre éclairage ces hommes et ces femmes dépenaillés, dans dans la misère, étaient considérés comme de « grands hommes ».

Le second ouvrage est un livre de Krishnamurti, dont je ne me rappelle pas le titre. Mais j’ai l’impression de connaître encore ce livre par cœur : chaque page commençait par une description très douce du lieu, champ ou village, du moment, lever ou coucher du soleil, puis une personne se présentait devant lui, parlait de sa vie, de ses problèmes et Krishnamurti répondait avec des phrases simples. Mais ce qui en est resté pour moi, ce sont des textes de douceur et de paix, curieusement aussi pleins de silence.

Ces textes me présentaient une autre approche du monde. C’était aussi le contrepoids d’un monde de compétition ; l’image qui m’en reste est un accueil ouvert, tranquille qu’offrait Krishnamurti. Les gens s’asseyaient près de lui et, par osmose, devenaient tranquilles. Cela m’avait frappé, car je venais d’un milieu familial assez agité, et l’idée que l’on puisse s’asseoir et s’apaiser était quelque chose qui ne pouvait même pas exister dans ma vie. Ce livre plein de silence a changé mon regard sur le monde et les personnes. Il s’est passé beaucoup d’années avant que je revienne vers le silence et la paix présents dans cet ouvrage.

Dans votre livre « Tout ce qui compte à cet instant », vous nous invitez à un voyage vers notre jardin intérieur à travers des évocations poétiques de la nature. On perçoit des similitudes avec le livre de Krishnamurti…

Sans doute parce qu’il m’a beaucoup marqué ! Dans les articles que j’écris pour le magazine La Vie, je le vois réapparaître… il est resté une source d’inspiration. L’adolescence est un âge où l’on se forme. Je me souviens d’un vers de Rimbaud, dans les Illuminations, que j’aimais beaucoup :

« j’ai tendu des cordes de clocher à clocher ; des guirlandes de fenêtre à fenêtre ; des chaines d’or d’étoile à étoile, et je danse. » , tout ce qui était légèreté provoquait en moi une émotion, et cela me reste aujourd’hui.

 

Proposé par Dominique Bart

 

pour aller plus loin :

https://www.larbredeleveil.org/lademeuresanslimites/

 

 

Rédigé par UCY

Publié dans #Spiritualité-philosophie

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