Vieux, heureux, ou les deux ?
Publié le 29 Janvier 2020
Kaizen
N° 44 - novembre 2019
D'après un article de Florence Servan-Schreiber, "auteure et professeure de bonheur"
Les conseils pour être plus heureux sont désormais à la portée de tous,
mais est-il aussi utile d’en suivre pour vivre plus longtemps,
sans confondre quantité et qualité ?
Non, l’idée n’est pas d’écouter un bombardement de conseils anti-âges, mais de s’inspirer des modes de vie des cinq Blue Zones (1), les régions du monde où l’on croise le plus de centenaires : les îles de Sardaigne (Italie), Okinawa (Japon) et Ikaria (Grèce), la péninsule de Nicoya (Costa Rica) et même une petite ville de Californie : Loma Linda.
Ces régions restées relativement enclavées pendant longtemps, ont brouillé la piste des chercheurs à la recherche des gênes miraculeux. Ils n’en ont pas trouvés.
Mais en comparant les us et autres habitudes de leurs habitants, ils y ont repéré sept points communs, non pas qui tuent, mais bien au contraire, qui entretiennent. Tout est une question de nuance.
- Les habitants des Blue Zones ne font pas particulièrement de sport. Mais ils bougent. Une activité physique d’intensité modérée fait partie de leur quotidien. La plupart des centenaires sardes ont été bergers et les Japonais ont entretenu leur jardin ou potager.
- Ils ne sont pas au régime. Mais ils mangent moins. Le « bon appétit » d’Okinawa est le Hara Hachi Bu qui consiste à poser ses baguettes lorsqu’on a atteint 80% de satiété. Une restriction calorique qui permet de maintenir l’équilibre du corps.
- Ils ne se privent pas. Mais ils sélectionnent leurs aliments : légumineuses, graines complètes et légumes de saison. En effet, ils ne mangent que très peu, voire pas du tout, de viande et poisson. Un aliment miracle ? les noix, en tout genre. Et l’alcool ? eh bien ! ils boivent, très modérément.
- Ils sont actifs. Mais ralentissent. A Nicoya, on fait la sieste, à Loma Linda, il est interdit de travailler le samedi, et à Okinawa, les petites vieilles se retrouvent à 15 heures pour se raconter les meilleurs de la journée. Prévoir des pauses est à la portée de tous. Eteindre nos téléphones, méditer et rigoler sont donc à planifier.
- Ils ne sont pas portés sur le moi. Mais sur le nous. La famille et la communauté restent au cœur de ces sociétés. La vie de couple, les liens amicaux, l’appartenance à des clubs et le volontariat agissent directement sur la qualité de notre vieillissement. Les rituels familiaux sont maintenus et les gens se retrouvent.
- Certes, ils zonent. Mais pas tout seuls. Ils sont encerclés par des gens qui vivent de la même manière. Et il est bien plus facile d’adopter des comportements lorsque tout notre entourage fait de même. A nous, donc, de reconstituer « notre village de cœur » dans notre ville, pour vieillir plus joyeusement !
- Ils ne se lèvent pas tôt, tous les matins. Mais ils savent pourquoi ils le font. A Okinawa, le sens de nos actions, la « raison d’être » s’appelle l’Ikigai. Sans avoir besoin de résoudre seul le réchauffement climatique, il suffit de se savoir utile, ou d’avoir une passion, ou un simple objectif vers lequel naviguer.
Car oui, on peut aussi s’obstiner à bien vieillir !
Présenté par Catherine Cuney et Martine Oehl
Pour aller plus loin
(1) :
- Michel Poulain, Anne Herm et Gianni Pes, « Blue Zones : aires de longévité exceptionnelles de par le monde ». Gérontologie et société. Vol. 38 (151)2016
- Dan Buettner, « Blue zones. Où viton le mieux et plus longtemps ? » - Ça m’intéresse Prisma, 2010.