J’ai parkinson, mais je ne suis pas parkinsonienne
Publié le 11 Décembre 2019
Alternative Santé
L’expérience de la médecine naturelle
Mai 2019 N°68
D’après un entretien et un témoignage recueillis par Jean-Baptiste Talmont
Claire Garnier a appris à l’âge de 55 ans qu’elle était atteinte de la maladie de Parkinson. Révoltée à l’idée de devenir dépendante et de perdre sa précieuse liberté, elle s’est battue pour ne pas laisser la maladie l’entraver. Aujourd’hui âgée de 72 ans, elle témoigne de son chemin quasi initiatique, dans son livre « sur la route de Parkinson ».
Aujourd’hui je vais très bien, je me sens très apaisée et très tranquille. En fait, je me sens comme jamais je n’ai été dans ma vie. Ce chemin m’a permis de guérir, mais pas seulement de la maladie de Parkinson, je me suis aperçue en luttant contre la maladie que je vivais à côté de ma vie. Je vivais « par cœur » : je récitais mon rôle de mère, d’épouse, de cadre. Il fallait que fasse comme.../...
J’ai été marquée par une enfance et une adolescence sous le joug d’une belle-mère maltraitante et d’un pays déchiré par la guerre d’indépendance d’Algérie.
Lors d’une psychothérapie j’ai pris conscience de cette trouille terrible qui m’accompagnait et que j’avais occultée tout comme les coups donnés par ma belle-mère quand j’étais enfants, je me créais des histoires pour repousser tous ces climats épouvantables. J’ai pris alors conscience qu’il était essentiel de s’occuper de soi-même avant de s’occuper des autres, il faut entendre le conseil "aime-ton prochain comme toi-même" comme «aime-toi d’abord, et tu pourras alors aimer les autres ». Car comment aimer l’autre si on ne sait pas s’aimer ? J’ai aussi découvert que l’on pouvait réellement pardonner, même si ça scandalisait l’entourage.
Ce récit montre que même face à une adversité terrible, la vie n’est jamais fichue. Par rapport à la maladie, je me bagarre contre ceux qui m’étiquettent « parkinsonienne ». Je ne supporte pas ça. Comme si la maladie me déterminait, me définissait, me fixait dans ce statut social ! Pour guérir la première étape est de refuser cela coûte que coûte. Dans les groupes de paroles que j’anime au sein de l’association France Parkinson, je rappelle à tous les patients que même s’ils sont malades, ils ne sont pas la maladie ! Parce que c’est baisser les bras, voir entrer dans une sorte de zone de confort … je veux qu’il prenne la mesure de la beauté de ce qui n’est pas malade en eux, cette part qui est d’autant plus en vie qu’elle n’est pas atteinte et peut faire des choses. Je me bats pour un changement de regard, pour ne pas être étiquetée.
Mon combat est une révolte contre la dépendance, car être privé de liberté me ramenait à l’enfant enfermée dans une chambre et privée des possibilités de faire ce qu’elle voulait. J’avais dû arracher ma liberté de mouvements et d’action à ma belle-mère et à 55 ans il me paraissait inconcevable de reperdre cette liberté si précieuse. J’ai refusé que mon propre corps m’interdise d’en profiter.
Je crois que la maladie de Parkinson est apparue dans un but dans ma vie : réparer mon existence ; m’apprendre ce que c’est que vivre. Parce qu’une fois encore, avant, je ne vivais pas. Je ne regrette rien, j’ai 72 ans et je porte un regard profondément bienveillant sur ma vie.
J’ai connu deux grands déclics durant mon parcours. Le premier, c’est avec le décodage biologique. Lors de mon premier stage, j’ai entendu des voix d’enfants, je me suis levée d’un bond et j’ai fui en courant. Sur le moment, je ne comprenais pas ce qui m’arrivait ; maintenant, je sais que j’étais redevenue l’enfant que j’ai été, enfermée dans sa chambre quand ses petites sœurs étaient en train de jouer dans le jardin. Je n’avais pas le droit de les rejoindre, ni d’ouvrir la fenêtre, j’ai compris l’impact de mon enfance dans ma vie et dans ma maladie de Parkinson. Le lendemain de cette prise de conscience, j’ai pu danser !
Le deuxième déclic a eu lieu avec la méthode de libération des cuirasses (MLC). J’ai eu une grande émotion, je retrouvais ma mère et je l’implorais de ne pas partir ! Quand l’animatrice m’a rejointe, je lui ai dit : tu ne partiras que quand je te le dirai ! … bien sûr, je m’adressais à ma mère.
Actuellement je suis une méthode de régénération somatopsychique. Il s’agit d’un nettoyage des cellules. C’est un protocole de soins en huit séances, très intéressant. Tout en pratiquant ces méthodes alternatives, je n’ai jamais cessé les protocoles allopathiques de fond. J’ai toujours pris les soins alternatifs en complément.
Le décodage biologique est une sorte d’enquête sur la maladie, sur son sens, en l’occurrence j’ai découvert que pour moi « bouger était un danger ». Cela a changer mon regard sur la maladie, j’ai accepté qu’elle soit une conséquence de traumatismes de mon existence à résoudre. Ma belle-mère me séquestrait, m’humiliait, me frappait. Si je bougeais – même un tout petit mouvement – quand elle me l’interdisait, cela pouvait justifier des coups. Il est aussi vrai que dans l’Algérie en guerre, avec des bombes au quotidien et des cadavres dans les rues, bouger pouvait signifier risquer sa vie… avec le décodage, j’ai réalisé au chez moi, bouger était égale à insécurité et danger. Et là on est au cœur même de la maladie de Parkinson qui entrave les mouvements.
J’ai continué à avancer avec d’autres techniques pour apaiser ma peur. Thérapies par la parole et analytiques, PNL, thérapies par les mouvements comme la Biodanza. Ce qui m’a apporté le plus de bonheur c’est la libération des cuirasses, le décodage biologique.
Je ne me suis pas abandonnée dans les mains de la médecine, je me suis bagarrée avec l’aide des médecins et des thérapeutes. Il ne faut pas se laisser aller, penser que la médecine fait tout le travail… j’échange beaucoup avec des malades, je n’essaie pas de faire taire les symptômes de tremblement pour ne plus ressentir ! Je ne prends rien en cas de crise pour ma part, je laisse faire.
Depuis cinq ans j’anime un groupe de paroles avec l’association France Parkinson, je tente de déjouer les certitudes, je me bats contre ceux qui sont certains que depuis qu’ils ont la maladie, ils ne peuvent plus rien faire. Je leur demande ce qu’ils font depuis qu’ils ont la maladie, et qu’ils ne faisaient pas avant ; et tous trouvent quelque chose… dans ce groupe, j’ai envie que chacun découvre le potentiel qui est en lui pour faire régresser les symptômes. Je dis toujours aux personnes atteintes de Parkinson qu’elles sont plus grandes et plus fortes que leur maladie.
Proposé par Dominique Bart
Pour aller plus loin :
Livre : « sur la route de Parkinson » par Claire Garnier
Site : https://www.franceparkinson.fr/