ABHAYA, la non-peur
Publié le 18 Septembre 2019
Le journal du yoga
Septembre 2019 N° 208
ABHAYA MUDRA, LE MUDRA QUI DISSIPE LA PEUR
Quand vous voulez arrêter quelqu’un ou montrer que vous êtes animé de bonnes intentions, peut-être levez-vous la main, la paume tournée vers l’extérieur. Vous faites Abhaya Mudra !
« Abhaya » est un mot sanskrit qui signifie « paix, protection, qui dissipe la peur ». Un mudra est un geste symbolique ou rituel qu’on fait le plus souvent avec les mains.
Abhaya Mudra est alors le « Mudra qui Dissipe la Peur ».
Extrait d'un article du Dr Jacques Vigne
La peur est mauvaise conseillère et nourrit notre anxiété : peur de manquer, d’être abandonné, de mourir …La dissiper est liberté ultime que l’on peut approcher, nous dit VIGYANANAND (Jacques Vigne), grâce à des pratiques psychocorporelles.
Comprendre l’anxiété
La ‘non-peur’ représente une qualité fondamentale du yoga.
Le point principal est d’être dans la justesse des actions, des paroles et des pensées ; si on en arrive à cela, on n’a plus rien à craindre de soi-même, et beaucoup moins à craindre aussi du monde extérieur.
La peur diffuse représente une souffrance sous-jacente bien réelle chez la plupart des personnes ; le bon côté c’est qu’elle pousse les gens à faire un travail sur eux-mêmes. D’où l’intérêt des pratiques psychocorporelles.
Quand le stress devient chronique, il se transforme en détresse, et donc en anxiété ; le stress stimule le sympathique et inhibe le parasympathique. Les pratiques psychocorporelles mènent à une augmentation du tonus parasympathique. Le hatha-yoga et la méditation sont bien sûr en bonne place dans la liste des pratiques possibles.
Quelques pratiques pour stabiliser la non-peur
La posture
Le hatha yoga représente une pratique de non-peur à l’intérieur même du corps. Ce dernier craint d’aller trop loin dans une posture et résiste mais petit à petit on l’amène à se dépasser et à aller au-delà de ses frayeurs ; progressivement ce développement de la non-peur s’étend au psychisme et à notre être spirituel.
La respiration
La petite respiration : respiration d’amplitude décroissante. Elle consiste à prendre simplement quelques centimètres cubes d’air à l’inspir et les rejeter à l’expir avec un rythme en général un peu rapide. Pratiquée régulièrement cette petite respiration a le pouvoir de déraciner le stress et ses effets ainsi que l’anxiété.
La concentration sur le hara
La peur a tendance à nous faire recroqueviller sur nous-mêmes et donc à tendre les grands droits de l’abdomen qui soutiennent la zone du hara ; la libération de la peur sera donc très liée à la capacité de détendre instant après instant ce hara.
Dé-fixation
La fixation et l’anxiété sont les deux faces de la même médaille comme la peur et le désir ; si on veut vraiment un objet on se mettra à avoir peur qu’il nous file entre les doigts ou se désagrège. Une manière de se dé-fixer est le « PAS SUR ! ». Si l’on dit « pas sûr » cela veut dire qu’on a déjà lâché l’objet, et on n’a plus peur de se le faire prendre.
« Pas sûr » est un antidote fondamental de toutes sortes de peur. Assimilons cette pratique dans notre quotidien, vivons joyeusement avec humour et amour ; effectuons ce qu’il est juste de faire avec les autres et nous-mêmes, et le fleuve de notre existence s’écoulera de belle manière.
Faire danser la peur pour la dissiper
Dans la danse indienne, une des règles est que le danseur doit regarder régulièrement les mouvements de ses mains, il effectue donc des mouvements de balayage des yeux ; cela induit un trouble de l’équilibre qui oblige le corps à lâcher toutes les tensions presque instantanément, pour retrouver un nouvel ensemble de contractions qui permettent de rééquilibrer les choses.
Ce mécanisme intérieur perçu intuitivement par la danse indienne a refait surface grâce à la méthode EMDR ; elle est d’une efficacité puissante.
La gratitude
Quand on est dans la joie, on n’a plus peur d’être abandonné et on s’éloigne ainsi d’une cause fondamentale d’anxiété.
Dissoudre la peur de l’étranger
Pourquoi avoir peur des autres ? Mâ Anandamayi voyait en tous le même Soi qu’en elle-même.
Comprendre que la non-peur sous-tend les YAMA
La non-peur est cause et conséquence des 6 observances :
Si on se sent en sécurité, on sera dans AHIMSA,
Si on n’a pas peur de dire la vérité, on pratiquera SATYA, la vérité.
Si on est sans crainte devant la solitude affective et un peu de frustration sexuelle, on pratiquera facilement le BRAHMACHARYA, la discipline sexuelle.
Si on n’a pas peur de manquer, on sera en possession du non-vol ASTEYA
Et si nous n’avons pas peur de la privation, nous déboucherons facilement sur APARIGRAHA, la non-accumulation, « la non-saisie tout autour de soi. »
Solitaire et sans peur
La solitude est un excellent entrainement à la non-peur. Quand on est bien loin des habitations humaines on doit se débrouiller beaucoup plus par soi-même ; la vraie solitude ne représente pas une peur des autres ; elle consiste à se tenir soigneusement à distance les souvenirs du passé et des soucis pour l’avenir, en d’autres termes, trouver son refuge dans l’instant présent.
Pour aller plus loin :
site : http://www.jacquesvigne.com/
Voir rubrique bibliothèque : livres en prêt du Dr Jacques Vignes
On peut citer parmi ses nombreuses publications :
- Soigner son âme (Albin Michel)
- Guérir l’anxiété (Le Relié)
- Pratique de la méditation laïque (Le Relié)
Proposé par Christiane Delabre