Découvrir la pensée d’Arne Næss, père de « l’écologie profonde »

Publié le 8 Mai 2019

Qu'est-ce que l'écologie profonde par opposition à l'écologie superficielle ?

 

Arne Næss décrivait l'écologie superficielle comme étant une écologie pansement. Les mesures mises en place par les gouvernements occidentaux ne visent qu'à réparer les problèmes existant plutôt qu'à repérer leurs sources. Les mesures visant à réduire la pollution ou le volume de déchets ont pour seul but d'améliorer le confort de vie des pays du nord.

A contrario, l'écologie profonde est une façon de reconsidérer la place de l'Homme dans la nature, laquelle n'est plus envisagée comme une ressource mais comme un grand tout dont nous faisons partie, au même titre que les autres êtres vivants. Cela suppose d'agir à la fois localement et à l'échelle planétaire.

Arne Næss a donc forgé le concept d'écosophie, qui est la façon de penser philosophiquement les problématiques écologiques. Chacun de nous est ainsi invité à développer sa propre écosophie en harmonie avec son style de vie. Même si une lecture poétique de son œuvre donne une image un peu naïve des solutions proposées. La philosophie étant toujours en mouvement, il ne considérait pas la sienne comme la solution idéale, mais comme une simple pierre à l'édifice.

Pour vivre de façon économe, il a construit un refuge en 1938, à 25 ans, et il s'y retirait dès qu'il pouvait. Il y a vécu une douzaine d'années au total, sa résidence principale étant restée Oslo. Il déplorait que la mesure de l'état de santé d'un pays soit son PNB, donc son niveau de vie, alors que la poursuite de la qualité de vie serait bien plus profitable.

Arne Næss disait que l'extinction des espèces et la dégradation de l'environnement sont à un stade trop avancé pour qu'on parvienne à changer les choses en quelques dizaines d'années. Même chose d'un point de vue économique et idéologique, si l'on considère l'avancement du capitalisme et de l'ultra libéralisme. Mais il avait bon espoir que la machine s'enclenche pour éviter la grande catastrophe. Ce qui est affolant, c'est qu'il disait déjà cela il y a vingt ou trente ans. C’était une figure rafraîchissante dans la façon de penser l'écologie. Il est important qu'il soit enfin connu du plus grand nombre.  Eric Delhaye

 

 

  • Présentation du livre par son éditeur :
  • « Un Sami (qu’on appelle à tort un Lapon) est arrêté au bord d’une rivière. Il refuse de partir. Au policier qui lui demande pourquoi il s’entête, il répond : “Ce lieu fait partie de moi.” »

    La philosophie de Næss n’est en rien un « panthéisme » ou un « réenchantement » de la nature. Elle invite à faire de nouveau pleinement l’expérience du monde. Elle invite à nous restaurer en réactivant nos liens aux lieux que nous aimons. À comprendre pourquoi nous pouvons nous fier aux sentiments qui nous lient aux êtres, aux choses et aux lieux — car ces relations, loin d’être des suppléments d’âme, constituent la texture du monde. Elle invite à nous réaliser, à devenir plus joyeux et plus généreux, à travers un processus élargi d’identification aux autres et à la nature.

 La réhabilitation de cette expérience spontanée est une condition indispensable non seulement à la réalisation de soi, mais également à la résolution de la crise écologique et à une nouvelle donne Nord-Sud. Næss montre comment nos relations à la nature engagent l’intime et le politique dans un même acte indissociable.

Par-delà sa simplicité apparente et parfois malicieuse, Næss pose de redoutables problèmes d’exégèse — dont une partie est ici levée par Stéphane Dunand dans son essai inédit. Un ouvrage qui rassemble les meilleurs textes de Næss, pour découvrir sa pensée ou approfondir son étude.

  • Arne Næss (1912-2009), alpiniste, résistant, fondateur du mouvement mondial de « l’écologie profonde », est l’un des grands philosophes du XXe siècle.
  • Stéphane Dunand, montagnard, vit sur les Voirons (Haute-Savoie). Professeur agrégé de philosophie, titulaire d’un doctorat sur la réalité des couleurs, il fréquente la philosophie de Næss depuis la fin des années 1990.

  • La Réalisation de soi. Spinoza, le bouddhisme et l’écologie profonde, de Arne Næss, suivi de L’Expérience du monde, de Stéphane Dunand, éditions Wild Project, mars 2017, 312 p., 22 €.

 

Proposé par Dominique Bart

 

Rédigé par UCY

Publié dans #Environnement-écologie

Repost0
Commenter cet article