Le dieu Shiva
Publié le 29 Août 2018
Les Carnet du yoga
N° 365 - Mars 2018
Textuellement - rubrique de Liliane Cattalano
Extrait de : A la rencontre des Dieux de l'Inde...
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C’est sous le nom de Rudra, le Hurleur, que Shiva apparaît dans les hymnes védiques. Il est associé au feu, Agni, à l’éclair, à la destruction. Il est aussi le chef des Rudras qui se déplacent en bande, semant la tempête et la destruction.
Dans la Trimûrti hindoue, à Shiva est associée la fonction de destruction, à Vishnu la préservation et à Brahmâ la création.
Pourquoi ce dieu destructeur est-il l’objet d’une telle vénération ?
Shiva est aussi nommé Pashupati, le Maître des animaux, plus précisément des animaux attachés, et par extension des âmes liées. Il protège les êtres qui n’ont pas encore recouvré leur liberté, et en particulier les humains qui, en proie à Mâyâ l’illusion, se croient limités et séparés. Le grand dieu (Mahâdeva) met sa puissance au service de la libération de chaque âme incarnée afin qu’au-delà des fausses identifications, elle se reconnaisse comme étant le Soi (âtman), le Divin même.
C’est donc par une compassion infinie pour les êtres que ce dieu intervient de façon apparemment violente : seule une transformation radicale leur permettra d’échapper à la loi du karman et au cycle incessant des réincarnations.
Cette double manifestation du dieu, compatissant et intransigeant, se décline dans la litanie de ses noms : Shiva, le Bienveillant - Shankara, le Bienfaisant - Shambhu, le Bénéfique – contrastent avec Bhairava, le Redoutable – Hara, le Ravisseur – Rudra, le Hurleur. Mais il est aussi Maheshvara, le Grand Seigneur -Tryambaka, le dieu au trois yeux - Nilakantha, à la gorge bleue, et Natarâja, le roi des danseurs :
La statuaire et l’iconographie aiment le représenter exécutant sa danse Tandava, entouré d’un cercle de flammes et piétinant le petit démon de l’ignorance, l’oubli de notre essence divine.
En tant que Mahâkâla il rythme les grands cycles du Temps avec son tambour (damaru), la fin de sa danse signifiant la dissolution de toute la manifestation.
Le dieu Shiva et l’Alchimiste qui par son ascèse transforme l’ombre en lumière, le poison en nectar d’immortalité. Il est Mahâyogin, le Grand Yogin, absorbé en méditation pendant des éons* au sommet du Mont Kailash dans l’Himalaya.
L’intensité de sa méditation est telle que les neiges fondent et que la planète toute entière se réchauffe dangereusement – l’ascèse se dit tapas en sanskrit, de tap : chauffer.
Entendant la plainte de la Terre, tous les deux décident d’agir.
Ils supplient la Grande Déesse de descendre sur Terre pour tenter de détourner Shiva de sa méditation ; elle finit par accepter et s’incarne sous le nom de Pârvatî, la fille de la Montagne.
Le dieu Brahmâ convainc Kâma, le dieu du désir amoureux, de décocher une de ses flèches fleuries dans le cœur de Shiva afin qu’il ouvre les yeux, voie Pârvatî et en tombe amoureux. Mais la flèche n’atteint pas Shiva qui de son troisième œil émet un rayon de feu qui consume la flèche… et le dieu Kâma.
Shiva reprend sa méditation. La situation est grave, non seulement la température continue de s’élever mais sans désir sexuel, toutes les races sont maintenant condamnées !
La déesse renvoie tous les dieux et s’installe en méditation à côté de Shiva. C’est une yoginî accomplie, et bientôt Shiva ressent la puissance de cette autre méditation auprès de lui. Il ouvre les yeux, découvre Parvatî… et en tombe éperdument amoureux.
La puissance extraordinaire de Shiva est alors mise au service de jeux amoureux d’une intensité à nulle autre pareille. La Terre est sauvée !
La relation du Principe masculin allié au Principe Féminin est au cœur de la ferveur shivaïte. La forme la plus absolue du dieu Shiva est le lingam, en forme de phallus dressé, le plus souvent inséré dans le yoni, l’organe sexuel féminin. Cette représentation divine est omniprésente dans les temples dédiés à Shiva, partout en Inde et particulièrement à Varanasi, la ville de Shiva. Elle symbolise le UN qui embrasse le deux, la non-dualité qui dépasse et englobe toutes les oppositions qui façonnent ce monde de dualité.
proposé par Dominique Bart
nota -
L'éon est l'intervalle de temps géochronologique correspondant à la plus grande subdivision chronostratigraphique de l'échelle des temps géologiques, l'éonothème.