La lenteur peut-elle être bénéfique ?
Publié le 6 Juin 2018
JOURNAL DU YOGA
N°194 - JUIN 2018
d'après un article de Julien Lorenz : Babakar Khane, Ascension vers son idéal
Babakar Khane, dit aussi Yogi Khane, est un disciple de Paramahansa Yogananda, l’auteur de la fameuse « Autobiographie d’un yogi ». Il a créé une synthèse entre trois grandes formes de yoga : le raja yoga indien, le yoga pharaonique, et le yoga taoïste chinois. Il enseigne et forme des professeurs partout dans le monde.
La caractéristique du yoga égyptien c’est la verticalité, elle symbolise l’ascension de l’homme vers son idéal, c’est la dimension de l’être humain qui s’est arraché à la position couchée de l’animal et qui se redresse pour diriger sa conscience vers le créateur.
L’air qui tout à la fois, sépare et unit le ciel et la terre, est lié à la verticalité. Le prâna permet de s’élever spirituellement. Cette idée d’élévation se retrouve dans la marche égyptienne et dans la série des mouvements préparatoires à cette posture :
- les bras sont progressivement levés en chandelier vers le ciel selon un cheminement qui évoque la phase ascendante du cycle solaire.
- Puis ils redescendent comme le fait le soleil dans la deuxième phase de son cycle diurne.
- Nous associons à ce cycle des bras, un mouvement limité de la marche et synchronisé avec la respiration : chaque inspire, le pied monte ; à chaque expire, il descend. Bras et jambes sont ainsi sollicités simultanément comme c’est le cas dans la locomotion des quadrupèdes.
Le mouvement est une activité vitale pour l’appareil locomoteur de l’homme comme pour celui des autres espèces animales. Mais ici, nous marchons à la fois sur la terre et dans le ciel ; après, vient le temps de l’immobilité et du recueillement dans la tenue de la posture.
La posture des bras en chandelier était très importante en Egypte ancienne. Comme d’autres postures du yoga égyptien, elle servait de support idéographique pour la représentation d’une notion très importante : la notion de KA, ou double énergétique. Il est tout à fait fascinant de voir que les anciens égyptiens utilisaient une posture qui permet précisément de se recharger énergétiquement pour représenter l’idée de corps énergétique. On retrouve cette attitude dans beaucoup d’autres traditions. Le grand bhakti-yogi indien Chaitanya Mahaprabhy (1486-1533) est fréquemment représenté les bras levés, dans le jardin du temple de Wat-Po à Bangkok, on peut voir une superbe statue de yoga assis avec les bras en chandelier. Le Bouddha est parfois représenté ainsi.
La lenteur peut-elle être bénéfique. Absolument, elle permet de préserver les articulations, les ligaments, les tendons. On peut soigner beaucoup de traumatismes en procédant lentement.
- Si l’on a mal au cou, il faut tourner très lentement la tête à droite, Puis à gauche.
- Si une personne ayant une douleur au genou monte très lentement les escaliers, elle commencera par transpirer, puis elle se sentira beaucoup mieux. La lenteur induit une contraction du corps et de l’esprit, provoque une augmentation de la chaleur corporelle et une disparition des tensions douloureuses.
- Plus on vieillit, plus la lenteur des mouvements rajeunit et donne de la force. Lorsque l’on a un traumatisme, il y a des nœuds. Le mouvement lent les dénoue. Dans la lenteur, les cellules ont le temps de se réparer.
On vit plus longtemps quand on respire lentement. C’est le cas de l’arbre, de l’éléphant, de la tortue. Ceux qui respirent vite ne subsistent pas longtemps.
La lenteur est aussi une des voies vers le bonheur et la spiritualité.
Le cerveau apprécie les mouvements lents. Pour ralentir, comme d’ailleurs pour aller vite, on doit être très attentif. La lenteur est un chemin naturel vers la méditation. Que ce soit par l’intermédiaire d’un ralentissement du souffle ou du mouvement, la lenteur élève. Quand on demandait à Ramana Maharshi comment stabiliser le mental, il préconisait la respiration lente.
La lenteur fait partie de mes séances. Petit à petit j’amène les participants à la lenteur et à la méditation. Je commence par les nourrir de mouvements rapides … mais en yoga, les postures ne sont rien sans la synchronisation avec la respiration et la maîtrise du souffle.
Proposé par Dominique Bart
Pour aller plus loin :
Vous pouvez lire l'intégralité de l'article sur le journal du yoga disponible à la bibliothèque de l'UCY
site de Yogi Babaca khane : http://iiy-yogikhane.ch/home.html