Swami Satyananda, yoga pour l’humanité
Publié le 29 Mars 2017
Le journal du yoga
Mars 2017 N °181
D’après un article de J. Lorenz et P. Lorenceau avec Jean-Louis et Francis Gianfermi
Initié par Swami Sivananda, il est le Maitre contemporain (1923-2009)
qui a opéré la renaissance du yoga en Occident
et construit le pont entre spiritualité et science.
Pour lui, le but du yoga, c’est la méditation.
La lignée des Saraswati
Le jeune Satyananda est un élève précoce et brillant. Chercheur invétéré, il rencontre en 1943 Swami Sivananda Sarasvati auprès de qui il restera 12 ans, jusqu’à ce que son guru lui donne une mission : « répandez le yoga de porte en porte et de rivage en rivage ». C’est ce qu’il fera avec succès jusqu’en 1988.
Son rôle : il démystifie et décomplexe le yoga : il décrit précisément, simplement et complétement des pratiques qui restaient secrètes et confuses.
Les techniques sont accessibles à tous et s’adressent à tous les âges de la vie.
Ce qu’il laisse : plus de 300 livres, 400 CD, et des ashrams situés aux quatre coins du monde qui représentent son enseignement.
Ce fut un précurseur et un visionnaire
Dans les années 70, il offre aux filles la possibilité d’être moines ; il a donné aux femmes le droit de faire du yoga car il croyait que la femme est plus spirituelle que l’homme dans sa nature. Il leur a aussi donné le sannyas alors que c’était interdit.
La pratique
Si pour lui le but du yoga c’est la méditation, on ne peut pas entrer dans la méditation sans entraîner le corps. Le hatha-yoga est un préliminaire de premier ordre qui inclut asanas, pranayama et nettoyages (nez, langue, intestin …). Avoir un corps en bonne santé est important, et mène le mental vers plus de clarté. Mais dire que le yoga n’est que physique n’a pas de sens pour Satyananda, le yoga forme un tout, dont le but est de se connecter à l’universel.
Prendre contact avec la source qui est en nous.
Le moyen de vivre pleinement c’est de prendre contact avec la source qui est en nous : le Soi des yogis.
Il y a plusieurs chemins et plusieurs sortes de yoga pour y accéder mais l’important est la progressivité, aller à petits pas. Le yoga propose des étapes par lesquelles il faut passer et il vous guide petit à petit depuis l’endroit où vous êtes. Si vous suivez la méthode avec discipline vous arriverez à l’Atman.
Yoga et science
Swami Satyananda a bien compris que la seule religion de l’Occident était la science et qu’il fallait que le yoga soit exposé de manière précise et méthodique pour passer le barrage d’une pensée qui a besoin de tout prouver. Cette précision scientifique dans la description des techniques nous la retrouvons aussi chez Krishnamacharya et encore B.K.S. Iyengar.
Deux exemples de techniques de méditation remises au point par Satyananda.
Le yoga nidra : il a décrit un protocole d’accès clair pour reposer le cerveau et accéder à la transcendance, accessible à tous, en suivant les états qui commencent par la rotation de la conscience dans les parties du corps. Micheline Flak dit : « les 9 étapes de la technique mènent à un état de repos inouï du cerveau ».
Antar Mauna : « silence intérieur » qui nous permet de voir le fonctionnement de notre mental et de le comprendre. Elle se subdivise en plusieurs étapes : l’alternance d’une prise de conscience des « bruits » extérieurs puis intérieurs, nous permet de développer d’abord la qualité de témoin.
Vient ensuite l’étape de la création et dissolution des pensées en la conscience du vide suivie de l’état de méditation spontanée.
Réconcilier l’intérieur et l’extérieur, réduire la dualité à laquelle nous sommes tous confrontés, à une unité qui nous permette de faire face aux aléas de la vie, c’est le fondement du yoga selon Satyananda.
Swami Niranjan poursuit et développe aujourd’hui l’œuvre du maitre. Il a fondé une université de yoga. Récemment, le 4 février 2017 le gouvernement indien lui a décerné le Padma Bhushan, une des plus hautes distinctions civiles indiennes, en reconnaissance du travail accompli par la lignée pour faire renaitre la culture yogique et l’offrir à tous.
Proposé par Christiane Delabre