Les mantras : des mots de pouvoir à la réalisation spirituelle
Publié le 18 Janvier 2017
Le journal du Yoga
Décembre 2016 N°178
D’après un article d’Erik Sablé et Alain Verdier
La pratique des mantras se retrouve dans de nombreuses philosophies et religions. Son origine remonte aux « Vedas », le recueil littéraire le plus ancien connu à ce jour. Leur puissance vient des effets vibratoires créés par chaque syllabe, prononcée de façon répétée. Ces sons ont des effets sur le corps humain, cela a été montré scientifiquement.
La transmission
En Inde, il existe des mantras pour résoudre à peu près tous les problèmes de l’existence ou presque : réussir un examen, être aimé … Mais pour être efficient, un mantra doit être transmis.
Comment se fait cette transmission ?
Pour qu’il révèle son pouvoir, le mantra doit être transmis par un maître spirituel ou du moins un yogi. La transmission est comparable à un germe qui est déposé dans la psyché du disciple ; ce dernier devra activer ce germe, le faire croître en récitant le mantra de nombreuses fois dans certaines conditions.
La vibration
Derrière les apparences sensibles, le monde est énergie, vibration. Cette vibration est créatrice de formes. Les mantras sont une approche de cette vibration d’un objet, une traduction de ce son subtil, inaudible à l’oreille profane mais que percevaient les anciens rishis et certains yogis. Un serpent par exemple n’est pas seulement la forme physique que nous percevons mais une vibration particulière ; et le son qui se rapproche le plus de cette vibration pourra agir sur le serpent, le « charmer ».
La récitation
Le pouvoir des mantras provient aussi de la puissance engendrée par leur récitation ; une « force » qui s’accumule, se condense progressivement dans l’invisible et finit par former un vortex d’énergie que les occultistes nomment un « égrégore ». Lorsque nous sommes reliés à cette « chaîne magique » nous bénéficions de ces milliers de personnes qui ont récité le mantra.
Rendre présent
En connaissant le nom véritable d’un être, c’est-à-dire le son qui se rapproche le plus de sa « vibration », on le rend présent. Il en est de même avec la divinité ; en prononçant le nom du Seigneur dans le secret, peu à peu, on s’imprègne de sa présence, on le rend manifeste et il finit par habiter au plus profond de notre être. Par exemple en récitant Om Nama Shivaya, nous rendons présent cet aspect de l’absolu représenté par le dieu Shiva, l’ascète qui foudroie l’illusion.
Cependant, comme pour les paroles de pouvoir, le mantra doit être transmis par le guru, et dans un chemin spirituel, le disciple devra le réciter longuement, patiemment, chaque jour pendant des mois, des années, pour éveiller sa force, sa puissance.
Entre écoute et récitation
Le chakra du cœur est le lieu où l’on entend le son subtil, l’anahata shabda ; c’est pour cela qu’il se nomme l’anahata chakra ; une fois installé dans ce lieu de silence, nous pouvons commencer la récitation du mantra en écoutant sa « résonance » en nous. Au cours de la pratique, il est nécessaire d’alterner des périodes de récitation du mantra avec celles d’écoute où l’on demeure attentif à « la vibration du silence ».
Ce rythme entre écoute et vibration est comme l’oiseau qui alterne les phases où il bat des ailes et celles où il plane et se laisse porter par le souffle du vent. Un jour, le disciple perçoit « la vibration subtile du mantra », d’abord dans le cœur puis elle se répand dans la totalité de l’être. Cette vibration arrache le disciple à la gravitation du monde, le pousse à l’intérieur et il se produit une rupture ; la conscience se renverse et l’esprit se retrouve complètement absorbé. L’esprit est unifié, lumineux, plongé dans un état de plénitude. C’est l’état de samadhi que le disciple expérimente un bref instant puis plus longuement ; ensuite il arrivera à le maitriser et pourra le retrouver à volonté.
Tel est l’accomplissement de la voie des mantras.
Proposé par Christiane Delabre