La notion de tapas dans le yoga de Patanjali

Publié le 6 Juillet 2016

 

Le journal du yoga

N°173 – juin 2016

Par Elisabeth Alixant

Dans le yoga-sutras, Patanjali indique la notion de tapas à deux reprises. Comme élément du kriya-yoga, tapas atténue les kleshas – schémas de comportement comparables aux instincts – qui constituent des obstacles à l’évolution. Tapas est aussi l’un des cinq niyamas, les règles de la vie personnelle, remparts pour baliser notre recherche de développement.

Shri O.P. Tiwari de Kaivalyadhama, nous éclaire sur cette notion :

Tapas – injustement traduit, en Inde comme en Occident, par austérité – ne fait pas rêver à priori. On l’associe à des pratiques masochistes : rester sur une jambe pendant des années ou s’allonger sur des clous. Il s’agit d’une mauvaise compréhension du yoga. Comment peut-on atteindre le bonheur en se torturant soi-même ? Etymologiquement, tapas signifie mettre des choses dans le feu. Jadis, on purifiait l’or en le mettant dans le feu. De même, le corps doit passer à travers une discipline pour être purifié.

 

Simplicité avant tout

Pour le kriya-yoga, tapas signifie une pratique simple, une vie simple de contentement, basée sur les besoins, une vie pour celui qui a compris comment vivre à partir de ses besoins et non de ses désirs.

Tapas est une pratique qui apporte la simplicité et nous rend naturels. Nous avons perdu cet état naturel, notre nature réelle ; tapas nous guide vers un état de contentement où nous sommes pleinement satisfaits. Le nombre des besoins est limité, celui des désirs ne connaît pas de limite. Un désir donne naissance à un autre désir, on peut les créer en permanence et ainsi ne jamais les combler, et cela devient une source d’insatisfaction ; essayez de vivre simplement, au sens original des épicuriens. Quand vous possédez plus que vos besoins, la confusion s’installe.

Si la simplicité vient de l’intérieur, sans être imposée, elle apporte le contentement. Quand nos choix sont basés sur les besoins, il n’y a pas de problèmes. Quand nos besoins deviennent simples, nous nous comprenons plus facilement. Patanjali utilise également la notion de tapas quand il aborde les niyamas – des règles relatives à soi-même et qui vont nous aider à évoluer. On retrouve les trois constituants du kriya-yoga dans les niyamas à un niveau comportemental. Dans le kriya-yoga, nous nous plaçons à un niveau plus spirituel. Leur pratique dans la vie quotidienne permet de créer une attitude de confiance en soi.

 

Travail et action

Quand samtosha – le contentement – est installé, votre comportement, vos pratiques deviennent des tapas. Tapas, appliqué à votre vie personnel, signifie une vie de travail, pas forcément une vie facile.

Mais ne soyez pas fatalistes. Ne croyez pas que tout est joué et que, par conséquence, il n’y a rien à faire : ce serait la voie de la paresse. L’action est nécessaire ; les efforts doivent être sincères plutôt que sérieux, car le sérieux relève de l’ego. Dans ce contexte vos efforts sincères sont appelés tapas. Croyez en ce que vous faites, ayez confiance. Ne prenez pas l’attitude malheureuse de quelqu’un qui ne sait pas s’il va réussir. Prenez plaisir à votre travail et votre effort ; au niveau spirituel ; ce même terme tapas correspond à toutes activités qui amènent à l’éveil intérieur.

 

« Pranayam paran tapa »,

le pranayama est considéré comme le meilleur des tapas.

Pratiquez, alors vous constaterez que quelque chose change en vous.

* Extrait de Manusmriti, les Lois de Manu (2.-83)

ekaksharam param brahma pranayamah param tapah.

 

Pour aller plus loin :

- Livre disponible à la bibliothèque de l’UCY : «  le yoga, Art de Vivre et Science de l’expérience » - Enseignement de Shri O.P.Tiwari, Ed du Vendredi 4 chemin de Plenessu 39330 Pagnoz – www.leseditionsduvendredi.com

- Site Kayvalyadhama France : www.kdham.org

 

 

Proposé par Dominique Bart

Rédigé par UCY

Publié dans #YOGA

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