Kapalabathi : mise en garde
Publié le 22 Juin 2016
Le journal du yoga
N° 173 - Juin 2016
Chronique santé : Dr Lionel Coudron
L'engouement de la pratique du yoga conduit, comme dans tous les domaines, à des excès. Dans certains pays, comme l'Inde, des shows à la télévision enseignent toutes sortes d'exercices, des plus complexes aux plus dangereux.
Même si les accidents sont peu nombreux, ils existent et sont toujours inadmissibles. La pratique de Kapalabathi en est un bon exemple. Comme le dit la Hatha Yoga Pradipika chapitre II, verset 15,
« De même qu’un lion, un éléphant ou un tigre
ne sont domptés que progressivement, de même le souffle
doit être contrôlé par degrés lentement.
Le Pranayama correctement exécuté détruit toutes les maladies. »
Il est donc exclu de pratiquer Kapalabathi, comme tout autre exercice, n’importe comment à partir d’une séance vue à la télévision. Cela vous fera peut-être sourire, mais il n’est pas rare de voir les débutants commencer par des séquences de 1000 respirations au rythme de 2 par secondes. Du coup, cette pratique vous expose à des crises d’’épilepsie, infarctus, poussées hypertensives, hernies abdominales inguinales, crurales, « descentes d’organes », céphalées. Loin de vous faire du bien, vous constatez en quelques jours une aggravation de vos problèmes, comme l’a constaté un médecin de l’Institut de cardiologie de l’Asie (AHI). En 2008, dans cet institut situé à Mumbai, 31 cas de crise cardiaque avaient été directement corrélés à la pratique de Kapalabathi.
Cette pratique démesurée est la conséquence de croyances erronées colportées par le « star system », comme le fait que Kapalabathi peut tout guérir… De plus, un grand nombre de ces personnes ne pratiquent aucun exercice physique dans le même temps et ne s’installent pas dans une posture correcte !
Pour pratiquer ces exercices, il faut les apprivoiser et pour cela passer par une véritable rééducation respiratoire, puis avoir une bonne posture et un entraînement progressif.
Pour éviter les problèmes, pratiquez sous la direction d’un enseignant qui pratique lui-même l’exercice et pourra vous guider.
Nous vous conseillons de commencer par des exercices de redressement du buste, puis d’amélioration de l’amplitude par les pratiques associant respiration et mouvement lentement. Enfin, vérifiez, en prenant votre pouls, que votre fréquence cardiaque reste basse et que vous ne suffoquez jamais.
Respectez les contre-indications : si vous souffrez de maladie athéromateuse (angine de poitrine, plaques d’athéromes sur les artères) ou d’épilepsie, ne pratiquez pas cet exercice.
En revanche, lorsque vous serez prêt, vous pourrez pratiquer ce Krya avec succès, (Nota : en définitive Kapalabathi serait classé dans les Krya et non pas dans les pranayama) même en cas de panique ou d’anxiété, de manière à apprivoiser les hyperventilations, mais aussi dans le diabète ou les troubles de la tension artérielle.
Proposé par Dominique Bart
Pour aller plus loin : www.yogatime.fr – www.idyt.com