Les vrais risques de la maladie de Lyme sont méconnus

Publié le 20 Avril 2016

Plantes & Santé

N°165 février 2016

Par Adeline Gadenne

Valérie Obsomer est Docteur en sciences agronomiques spécialisée dans l’analyse des risques environnementaux. Spécialiste depuis une quinzaine d’années en épidémiologie, analyse spatiale et cartographie des insectes transmetteurs de maladies (paludisme, filariose, leishmaniose viscérale et Lyme). Elle a travaillé au sein de projets internationaux pour l’université de Greenwich, la Columbia University et la Commission européenne. Elle est à l’origine de l’enquête sur la prévalence de la maladie de Lyme en Europe.

Valérie Obsomer : … quand je me suis intéressée aux tiques il y a quatre ans, j’ai constaté qu’il n’y avait pratiquement aucune information précise, par exemple sur les espèces de tiques présentes en Belgique ou en France. Selon les espèces les borrélies transmises sont différentes, ainsi que les symptômes qu’elles provoquent, plutôt arthritiques ou neurologiques, etc. face à l’augmentation de la prévalence de la maladie de Lyme, les autorités font appel à des experts, mais ces derniers, certes très pointus dans leur domaine, ne peuvent pas s’appuyer sur des chiffres réels.

VO : j’ai dénombré quatorze espèces de tiques dont deux ont un impact sur la santé humaine. On les retrouve sur tous les animaux vertébrés, mais la première mord notamment des oiseaux, ce qui entraîne une circulation à grande échelle de la maladie. La seconde se retrouve dans les terriers, mordant les hérissons dans les jardins, en ville, d’où la présence de tiques en milieu urbain. En Belgique 10% des tiques sont infectées par des borrélies, et cela monte jusqu’à 45% à certains endroits. L’augmentation des populations de tiques est signalée depuis 1990, c’est un phénomène en évolution partout en Europe.

VO : … j’ai constaté de grosses lacunes sur les données de santé car on se base sur des tests sanguins qui détectent une minorité de cas de maladie de Lyme. Un article scientifique va être publié (Pr Perronne, chef de service en infectiologie à l’hôpital universitaire Raymond Poincaré de Garches) estimant le nombre de nouveaux cas à un million par an en Europe. C’est bien plus que les chiffres officiels (85000 cas sont rapporté chaque année.

VO : … Les tiques qui à moins de 7°C sont inactives se rencontrent de plus en plus en altitude à cause du réchauffement climatique. Mais ce n’est pas la seule raison : il y a l’hypothèse des changements de type de végétation, celle des tiques devenues plus résistantes ou encore l’augmentation des populations de cervidés et de sangliers qui peuvent porter jusqu’à 1000 tiques adultes sur leur corps. Pour ma part, je pense que cette explosion du nombre de tiques est surtout liée à un déséquilibre entre les espèces hôtes : certaines espèces résistantes comme les lapins voient leur population chuter, tandis que d’autres animaux invasifs sont moins résistants et permettent aux tiques de proliférer.

Comment se protéger ?

VO : les tiques se présentent sous la forme de larves, de nymphes et d’adultes. Les premières sont peu infectées, contrairement aux autres qui contiennent beaucoup de pathogènes. Les plus mangeures sont les nymphes car elles sont infectées et tellement petites qu’on ne les voit pas. Le public ne sait pas toujours que les tiques se déplacent sur le corps avant de mordre ; elles ont en effet une préférence pour les parties chaudes et humides.

35% des morsures peuvent passer inaperçues car elles sont localisées sous les cheveux, dans le dos, sur les parties génitales… les tiques hébergent de nombreuses maladies et certaines se transmettent très vite dès la piqûre car les virus, parasites et autres bactéries responsables se trouvent dans les glandes salivaires – c’est le cas de l’encéphalite à tiques présente en Alsace – contrairement aux borrélies, souvent localisées dans leur ventre.

Le message doit changer : au lieu de dire au public qu’il faut retirer les tiques en urgence, il est essentiel de viser à réduire le nombre de morsures par l’emploi de répulsifs et il faut avoir une meilleure connaissance des zones et écosystèmes à risque, comme les espaces riches en fougères par exemple.

… les répulsifs chimiques ne sont pas une solution durable, j’ai donc réuni un groupe de travail avec lequel nous voulons tester les différents répulsifs naturels.

… 32% des personnes signalent des morsures dans leur jardin… pour vérifier si un espace vert est fortement infesté, on peut employer la technique du drapeau : il s’agit de traîner un drap sur le sol et de vérifier la présence ou non de tiques. Sur ces petites surfaces, il faut couper l’herbe, traiter les chiens, éviter de ramener des bûches ramassées en forêt… aux Pays Bas sont créées des zones sèches entre les espaces naturels et les jardins.

En forêt pour éviter les morsures de tiques, portez des vêtement couvrants, surtout au niveau des jambles. Restez sur les senties tracés. Ne vous asseyez pas directement dans l'herbe ou sur des bûches. Lors d'un pique-nique, utilisez un drap blanc pour voir se des insectes couirent dessus. 

Dans son livre Françoise Heitz propose des répulsifs à base d'huiles essentielles : comme l'association de lavande officinale ou de lavandin super et de géranium Bourbon.

Comment le corps médical a-t-il réagi aux résultats de vos recherches ?

VO : Globalement, mon étude ne les a pas enthousiasmés car elle n’établit pas de lien de cause à effet. Cependant, je collabore avec des thérapeutes afin d’étudier les traitements qui marchent le mieux. En France, les médecins de Chronimed (groupe qui travaille sur les maladies chroniques) approfondissent ces questions.

 

*Si vous avez été piqué par une tique, vous pouvez enrichir la base de données de l’enquête en répondant au questionnaire sur www.tekentiques.net

 

Proposé par Dominique Bart

A lire  absolument , un  article complet sur toutes les dérives qui empêchent de traiter cette maladie sérieusement  : http://www.alternativesante.fr/lyme/maladie-de-lyme-l-épidemie-silencieuse

Le livre : « la maladie de Lyme - Prévention, diagnostic, solutions » Françoise Heitz

produit anti-tique : à base d'huile essentielle : Aromaforest Laboratoire Pranoarôm - www.pranarom.com et Spray anti-tique : laboratoires Aries France - www.bleu-vert.fr/marques/Aries.html   et www.aries-france.com 

 

Rédigé par UCY

Publié dans #Environnement-écologie, #Santé-alimentation -

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