Une nouvelle génération de végétariens !
Publié le 9 Mars 2016
PLANTES & SANTE
N°165 - février 2016
D’après un article de Claire Lecoeuvre dans la rubrique « on en parle »
Plusieurs écoles proposent désormais aux enfants des menus végétariens. De nouvelles pratiques qui pourraient bien permettre au végétarisme de gagner du terrain, loin des préjugés sur les carences qu’il serait susceptible d’entrainer. Une politique vertueuse qui commence à faire des émules.
L’alimentation saine progresse ! Éliminer la viande de ses repas n’est désormais plus considéré comme une hérésie nutritionnelle. Y compris dans la restauration collective, tenue pourtant de respecter une certaine orthodoxie alimentaire. Aujourd’hui, plusieurs cantines scolaires proposent des menus végétariens aux enfants. Une ouverture importante puisque la restauration scolaire, de la maternelle au lycée, représente un milliard de repas servis chaque année.
« La restauration scolaire était déjà 100% bio dans la ville de St Etienne, l’équipe municipale voulait aller plus loin avec les menus végétariens et la lutte contre gaspillage alimentaire. On constate que de nouvelles habitudes se développent chez les familles. La collectivité permet d’offrir une continuité à ces pratiques. De plus, on sait que manger de la viande tous les jours, avec l’agro-industrie et les pollutions que cela génère, n’est pas bon », note Samy Kefi-Jérôme, élu en charge de l’éducation et de la petite enfance.
Une révolution en marche
« Dans la région, où l’on mange beaucoup de viande, c’est déjà une révolution. Les familles ne font plus de la viande une panacée. D’autant que beaucoup d’enfants ne la mangeaient pas. Celle-ci était gaspillée », analyse Clarisse Johnson-Le Loher, adjointe à la mairie de Pau en charge de l’éducation. Du côté des parents d’élèves, le projet a donc été plutôt bien accueilli. « Il faut sortir du discours qui affirme que pour être en bonne santé, il manger beaucoup de viande. L’association céréales-légumineuses, élaborée par nos nutritionnistes, convient ».
Le député Yves Jégo a déposé un projet de loi demandant l’instauration d’une alternative végétarienne dans les cantines scolaires. Pour ce dernier, il s’agit aussi de répondre aux français qui « refusent par éthique de consommer viande ou poisson » et d’anticiper les problèmes écologiques liés à l’élevage.
Sur le plan national, depuis l’été 2015, les choses ont bougé. Les fiches techniques du GEM-RCN intègrent désormais le plat protidique végétarien dans la même catégorie que les plats avec viande, poisson et œuf. Le menu végétarien est constitué d’une association de céréales et de protéagineux tels que les haricots rouges et le maïs, le boulgour et les pois chiches ou encore le riz et les lentilles. « Il est maintenant acté que le menu végétarien n’entraine pas de carences, explique Carole Vaussenat, diététicienneet membre de l’association de professionnels de santé pour une alimentation responsable (Apsares).
Les recommandations se font par type de produits. La viande est donc remplacée par un substitut protéinique : des œufs, du soja, des légumes secs… », explique Fabrice Poinat, responsable restauration scolaire de St Etienne. Selon les nouvelles recommandations le plat végétarien reste limité à trois fois maximum sur vingt repas. Ces évolutions restent un premier pas en faveur du végétarisme. Eduquer les enfants en premier lieu favorise ce changement d’habitude et estompe dans les consciences l’importance de la viande. C’est aussi l’idée des responsables du projet : « Le but est que cela se propage, mais sans injonction. Les enfants sont la cause de 45% des achats des familles. Ils donnent même des prescriptions sur les économies d’énergie, estime Samy Kefi-Jérôme. Il y a quinze ans, le végétarisme n’était pas imaginable, mais les visions évoluent et notre initiative donne à réfléchir. »
Ainsi se diffusent chez nos enfants de nouvelles habitudes alimentaires plus saines et plus écologiques. Un espoir de plus pour demain.
proposé par Dominique Bart