La mort source de vie
Publié le 2 Décembre 2015
Les Carnets du yoga
Novembre 2015 - N° 341
D’après un article de Xavier Bianchi
Aujourd’hui de nombreux décès ont lieu à l’hôpital et malheureusement les mourants s’en vont dans une totale solitude, désemparés face à la mort.
Alors que nos sociétés occidentales modernes accordent toute leur attention à l’organisation des funérailles et de l’hommage dû au défunt, peu d’importance est donnée au moment délicat du passage vers l’au-delà.
Nous sommes en grande majorité ignorants des questions relatives à la mort parce que nous n’y avons pas été préparés.
Le Yoga peut-il nous aider à poser un autre regard sur la mort et à la voir comme source de vie ?
D’un point de vue scientifique, la mort d’un organisme biologique correspond à l’état de cessation de ses fonctions vitales principales, cardiaques, respiratoires et cérébrales.
Dans de nombreuses cultures les hommes ont ressenti la nécessité de donner un visage à la mort ; c’est rassurant de représenter la mort en la personnifiant comme ennemi responsable de ce qui terrifie l’humanité. Cela fut le cas au Moyen Age en Occident chrétien avec l’image anthropomorphe de la Grande Faucheuse (squelette vêtu d’une robe noire à capuche, tenant une faux à la main).
Dans la mythologie grecque antique la mort fut divinisée :Thanatos est le dieu de la mort.
Parfois la divinité est chargée du jugement des âmes comme Anubis au moment de la pesée du cœur dans l’Egypte antique ou comme Yama le dieu de la mort dans l’Hindouisme qui pèse les bonnes et les mauvaises actions, évaluant ainsi le Karman.
Le rôle de la sépulture
Dès l’Antiquité les peuples ont accordé une importance à la sépulture des défunts afin que les âmes ne soient pas condamnées à errer ; le tombeau est comme une seconde maison qui accueille le défunt et permet de lui rendre un culte.
Les Egyptiens ont construit des monuments funéraires mémorables : les célèbres pyramides, témoins de l’ingéniosité et du savoir-faire humain.
Ces sépultures témoignent de la volonté des puissants d’accéder à l’immortalité par la réalisation d’un monument qui laisse une trace mémorable et visible de leur passage sur terre.
Cette démesure n’a jamais été dépassée mais elle a marqué les esprits et nombreux sont les rois, les empereurs, les papes qui ont souhaité un tombeau digne de leur grandeur les glorifiant éternellement.
Cette magnificence des tombeaux témoigne de l’importance de l’égo, de son refus de disparaitre à jamais, de son attachement à son enveloppe charnelle, représentation physique de son individualité.
Aujourd’hui nos cimetières avec leurs tombes nominatives répondent au besoin de laisser une trace de notre passage sur terre et de permettre aux vivants de maintenir le contact avec leurs morts et d’honorer leur mémoire.
Dans les sociétés qui croient en la réincarnation, il est moins important de conserver le corps puisque l’âme va se réincarner dans un nouveau corps. On y retrouve plutôt la pratique de l’incinération, qui représente symboliquement un retour de la matière à la terre dans ses constituants de base, une acceptation de l’abandon de l’égo qui s’identifie principalement à son apparence physique.
Cependant la réincarnation n’est pas souhaitée puisque le but ultime est la libération du samsara, le cycle des renaissances. Toute réincarnation est le fruit d’une conduite morale et est censée permettre de s’améliorer dans sa nouvelle vie afin d’arriver un jour à la libération moksha qui correspond à la prise de conscience que l’âtman, l’âme individuelle n’est autre qu’une manifestation du brahman, l’âme universelle cosmique.
Proposé par Christiane Delabre
Pour aller plus loin
à la Bibliothèque de l'UCY vous trouverez :
KUBLER-ROSS Elisabeth "La mort est un nouveau soleil"
DESJARDINS Arnaud "Pour une mort sans peur "
SERVAN-SCHREIBER "On peut se dire au revoir plusieurs fois"