« Le recours aux thérapies alternatives accélère la guérison »
Publié le 4 Novembre 2015
Plantes & santé
N° 161 Octobre 2015
Médecin anesthésiste depuis 20 ans, Olivier Abossolo n'a eu de cesse de s'ouvrir à la médecine intégrative. En quelques années, aromathérapie, luminothérapie, et autres thérapies douces sont entrées par la grande porte d'un centre chirurgical privé d'Avignon et font désormais pleinement partie des soins prodigués. Il nous livre ce qui l'a poussé à diversifier ses approches thérapeutiques.
Propos recueillis par Isabelle Saget
Plantes & Santé Comment avez-vous été amené à vous intéresser aux thérapies alternatives ?
Dr Olivier Abossolo Dans les années 90, après avoir débuté ma spécialisation d'anesthésiste au CHU de Liège, en Belgique, où l'on utilisait couramment l'hypnose, j'ai compris que l'on pouvait s'intéresser sérieusement à d'autres façons de soigner. Je me suis formé à la naturopathie, j'ai découvert l'aromathérapie qui est devenue l'une de mes passions, ainsi que divers soins énergétiques. Mais j'étais confronté à une opposition entretenue entre médecines conventionnelle et alternative. Cela ne me convenait pas, d'autant que j'ai très vite été convaincu que la conjugaison des deux est bénéfique non seulement pour le patient, mais aussi pour le soignant.
P.& S. Cette double approche est celle qui prévaut officiellement au centre chirurgical Montagard d'Avignon. Avez vous eu du mal de convaincre ?
Dr O. A. Quand je me suis installé à la clinique Montagard, j'avais déjà dix ans de pratique, j'ai donc proposé ma manière de travailler et petit à petit, tout le personnel de l'aide soignante au chirurgien, a constaté les effets positifs : meilleur vécu de l'opération, réveil plus agréable, moindre recours aux analgésiques.
P. & S. De quoi s'agit-il précisément ?
Dr O. A. Avant l'opération, le patient bénéficie d'une médication homéopathique à visée anxiolytique. On lui fourni aussi un stick d'huiles essentielles relaxantes qu'il peut utiliser à sa guise. On a recours à des séances d'hypnose, à de la musicothérapie afin de favoriser la détente. En postopératoire, des huiles essentielles sont diffusées dans la salle de réveil, tandis que des images apaisantes sont projetées, et on passe de la musique. Les personnes opérés sous anesthésie générale bénéficient de séances de Bol d'air Jacquier, ce qui limite les nausées, les vomissements et favorise un réveil plus rapide... Précisons qu’à chaque fois, ces « traitements » qui nous permettent d’utiliser moins de médicaments chimiques sont d’abord testés, puis validés par une étude et des données bibliographiques avant d’être mis en place.
P. & S. Ces approches sont donc systématisées ?
Dr O. A. La bonne appréciation de la Haute autorité de la santé en 2013 nous a permis de passer une nouvelle étape. Cela signifiait une validation officielle de ce type de démarche aussi bien vis-à-vis des confrères médecins que de la direction. Désormais, tous les soins réalisés avec des thérapies alternatives à la clinique Montagard font partie intégrante du dossier médical.
P. & S. Alors qu’il est surtout question de gestion financière de la santé, comment expliquer cette reconnaissance ?
Dr O. A. En fait, si ce type d’approches nécessite de faire quelques investissements (matériel adapté, produits d’aromathérapie, formation aux médecines douces…), les coûts globaux s’équilibrent rapidement. .. Par ailleurs, en remettant plus vite le patient sur pieds, ce dernier peut sortir plus rapidement de la clinique. .. et contrairement à ce que l’on pourrait penser, le travail du personnel est facilité... Si ces soins n’avaient pas été compatibles avec les contraintes médicales et budgétaires, ils n’auraient pas été validés par la direction pour être étendus aux autres cliniques du groupe.
P. & S. Pensez-vous, à l’avenir, avoir recours à d’autres thérapies alternatives de soins ?
Dr O. A. Bien sûr, car notre démarche visant à améliorer le bien-être du patient est dynamique. Par exemple, on teste actuellement pour l’opération de l’hallux valgus, des patchs d’huiles essentielles anti-inflammatoires et anti-infectieuses. Pour la chirurgie de l’épaule, on est parvenu, en utilisant l’appareil Miltaled, à réduire de 25 % la dose de morphine. Beaucoup d’évolutions sont encore possibles, il faut continuer pas à pas. Sans oublier de proposer des solutions qui sont toujours en adéquation avec l’environnement global dans lequel on évolue.
P. & S. Est-ce cela qui explique le succès de votre démarche ?
Dr O. A. La première réussite est d’avoir mis un terme à ce préjugé affirmant que tout oppose médecine conventionnelle et médecine alternative. Finalement, la nouvelle prise en charge du patient s’est mise en place de façon assez naturelle : un peu à l’image de ce que doit être la médecine intégrative. Une façon d’appréhender l’individu sous tous ses plans, pas seulement physique mais aussi mental, social, culturel, jusqu’à l’aspect spirituel.
P. & S. Votre projet reste très ambitieux…
Dr O. A. Non, pour moi il ne s’agit pas d’ambition. C’est là que réside la nouvelle médecine, celle qui doit s’orienter vers le "travailler ensemble et le respect du patient". On retrouve ainsi une médecine plus coopérative, qui ne doit pas sa légitimité à sa spécialisation.
Revue présentée par Monique Guillin