Comment les plantes nous apaisent
Publié le 11 Novembre 2015
Ca m'intéresse " Le Guide santé par les plantes "
HS 2014 - N° 26
Neuf français sur dix estiment que le contact des plantes est bon pour leur équilibre quotidien (Ipsos - Unep 2010.) Pas étonnant : de plus en plus d'études confirment leurs bienfaits sur l'esprit.
- Moins 68% d'adrénaline urinaire, plus 6% au moins de protéines anticancer : c'est l'effet mesuré par le Pr Qinn Li, de la Nippon Medical School à Tokyo, après trois jours de marche en forêt. Des résultats qui perdurent sept à trente jours et qui ne sont pas observé en ville... quels pouvoirs ont les plantes que le béton n'a pas ?
… une « green guérilla » c’est quoi ?
La « guérilla verte » ou « jardinière » est une forme d’action politique née à New-York dans les années 1970. Liz Christy, la fondatrice, et ses amis décident de lancer leurs « bombes » de graines pardessus les palissades des terrains vagues pour ramener de la nature en ville et créer des jardins partagés. Par extension, tous les lieux ou surfaces nues peuvent ainsi être ensemencés.
Elles font baisser le stress
En 2007, un chercheur japonais a fait marcher des hommes en forêt et d’autres en milieu urbain. Après la promenade, le taux de cortisol salivaire – hormone du stress – était moins élevé chez les premiers. Pour Marc Berman, du Rotman Research Institute de Toronto, cette diminution est due à l’attention involontaire. Ne pas se cogner aux passants, regarder avant de traverser, se faufiler entre les voitures… En ville, notre esprit est sans cesse en alerte, c’est l’attention volontaire. En forêt, l’esprit se fixe sur les odeurs, l’air frais, le chant des oiseaux, il n’est accaparé par rien d’important et peut donc se reposer. Et ça marche aussi en intérieur : l’université de Washington a ainsi montré que des personnes stressées voyaient leur pression artérielle diminuer de 4 % en entrant dans une pièce remplie de plantes.
… un « tree hugger » c’est quoi ?
Littéralement, « enlaceur d’arbre ». L’expression est née dans les années 1970, des paysannes illettrées du Rajasthan (Inde) empêchent les bûcherons d’abattre leurs forêts en étreignant arbres. Aux Etats-Unis, le mouvement hippie reprend cette pratique et l’assimile à une démarche de méditation et de bien-être.
Elles augmentent la concentration
Des scientifiques norvégiens ont étudié la capacité de mémorisation de deux groupes de participants, en 2011. Les premiers se trouvaient dans une pièce fleurie, les autres dans une salle vide. Assis devant leur ordinateur, tous devaient mémoriser le dernier mot des phrases qui défilaient sous leurs yeux puis les réécrire dans l’ordre. Au dernier essai, le taux de rappel était de 72% pour les participants de la pièce fleurie et de 64% pour les autres. « La présence de plantes crée non seulement un environnement reposant pour l’esprit, ce qui favorise l’attention, mais aussi stimulant », justifie Sébastien Meineri, maitre de conférences en psychologie sociale à l’université Bretagne-Sud. En témoigne cette étude japonaise de 2004. Des étudiants à qui l’on présentait des adjectifs devaient trouver un maximum de mots associés. Au final, ceux assis dans une pièce avec des plantes en ont donné plus que ceux qui se trouvaient dans une pièce vide. Dans le même esprit, une étude de l’université de Washington a montré que s’entourer de plantes vertes au bureau augmentait sa concentration et sa productivité de 12%.
… un « shinrin-yoku » ? c’est quoi ?
Ce terme – inventé par le ministère de l’Agriculture japonais en 1982 – désigne un « bain de forêt », c’est-à-dire le fait de s’y promener, en prêtant attention à ce qui nous entoure (odeurs, bruits, chants des oiseaux, etc.). Cette activité fait l’objet d’études. Parmi ses bienfaits : une baisse du cortisol, de la pression sanguine et un regain d’immunité.
Elles favorisent les relations sociales
Deux professeurs de psychologie sociale, Sébastien Meineri et Nicolas Guéguen, ont demandé à des hommes de faire de l’auto-stop avec ou sans bouquet de fleurs. Résultat : 12,1% d’arrêt pour les hommes à bouquet contre … 4,1% pour les autres. Les fleurs jouent de leur connotation romantique, mais pas seulement. En 2009, une enquête menée auprès de 10 000 Hollandais a montré que plus il y avait de verdure dans leur environnement, plus ils recevaient de visites. Coïncidence ? « Aucune étude ne prouve le lien de cause à effet, admet Sébastien Meineri. Mais regardez le nombre de gens qui se rassemblent dans les parcs pour déjeuner ! La présence de plantes crée un environnement attractif, les espaces verts sont des lieux de rencontres qui favorisent mixité sociale, générationnelle et culturelle. »
... Vivre dans un logement ayant une vue sur un espace vert ferait économiser 340 € de dépenses de santé par personne et par an. (Selon une étude britannique réalisée en 2011).
Proposé par Dominique Bart
Pour aller plus loin :
A lire… Pourquoi la nature nous fait du bien, de Nicolas Guéguen et Sébastien Meineri, éd. Dunod. Des patients restent moins longtemps à l’hôpital et consomment moins d’analgésiques quand leur fenêtre donne sur des arbres plutôt que sur un mur… Cent études bluffantes à découvrir.